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Le triomphe de la propagande télévisuelle (II et fin)
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 09 - 2011

Al-Jazeera, la chaîne d'information qatarie qui s'est imposée en 15 ans dans le monde arabe comme une source originale d'information, s'est soudainement engagée dans une vaste opération d'intoxication visant à renverser les régimes libyen et syrien par tous les moyens. Ce revirement, démontre Thierry Meyssan, n'est pas le fruit de la conjoncture, mais a été préparé de longue date par des personnalités qui ont su cacher leurs intérêts personnels au grand public. Révélations…
A la fois professionnellement compétent et politiquement sûr, M. Khanfar s'attacha à donner une couleur idéologique à Al-Jazeera. Tout en donnant la parole à Mohamed Hassanein Heikel, l'ancien porte-parole de Nasser, il fit de cheikh Yusuf al-Qaradawi – qui avait été déchu de sa nationalité égyptienne par Nasser – le «conseiller spirituel» de la chaîne. Le virage de 2011 C'est avec les révolutions en Afrique du Nord et dans la péninsule arabique que Wadah Khanfar a brutalement modifié la ligne éditoriale de sa rédaction. Le Groupe a joué un rôle central dans l'accréditation du mythe du «printemps arabe» : les peuples, avides de vivre à l'occidentale, se seraient soulevés pour renverser des dictateurs et adopter des démocraties parlementaires. Rien ne distinguerait les événements de Tunisie et d'Egypte, de ceux de Libye et de Syrie. Quant aux mouvements du Yémen et de Bahreïn, ils n'intéresseraient pas les téléspectateurs. En réalité, les Anglo-Saxons se sont efforcés de surfer sur des révoltes populaires pour rejouer le vieil air du «printemps arabe» qu'ils avaient organisé dans les années 1920 pour s'emparer des anciennes provinces ottomanes et y installer des démocraties parlementaires fantoches sous contrôle mandataire. Al-Jazeera a donc accompagné les révoltes tunisienne et égyptienne pour écarter la tentation révolutionnaire et légitimer de nouveaux gouvernements favorables aux Etats-Unis et à Israël. En Egypte, il s'est même agi d'une véritable récupération au profit d'une seule composante de la contestation : les Frères musulmans, représentés par le prêcheur star de la chaîne… cheikh Yusuf al-Qaradawi. Indignés par cette nouvelle ligne éditoriale et par le recours de plus en plus fréquent au mensonge, certains journalistes comme Ghassan Ben Jedo claquent la porte. Qui tire les ficelles de l'info ? Quoi qu'il en soit, il faut attendre l'épisode libyen pour que les masques tombent. En effet, le patron de JTrack et mentor de Wadah Kanfhar n'est autre que Mahmoud Jibril (le J de «JTrack», c'est Jibril). Ce manager aimable, brillant et creux avait été conseillé à Mouammar Kadhafi par ses nouveaux amis états-uniens pour piloter l'ouverture économique de la Libye après la normalisation de ses relations diplomatiques. Sous le contrôle de Saif el-Islam Kadhafi, il avait été nommé à la fois ministre du Plan et directeur de l'Autorité de développement, devenant de facto le numéro 2 du gouvernement, et ayant autorité sur les autres ministres. Il mena au pas de charge la dérégulation de cette économie socialiste et la privatisation de ses entreprises publiques. A travers l'activité de formation de JTrack, Mahmoud Jibril avait noué des relations personnelles avec presque tous les dirigeants arabes et d'Asie du Sud-Est. Il disposait de bureaux à Bahreïn et à Singapour. M. Jibril avait aussi créé des sociétés de négoce, dont une chargée du commerce du bois de Malaisie et d'Australie avec son ami français Bernard-Henri Lévy. Mahmoud Jibril avait suivi ses premières études universitaires au Caire. Il y avait fait la connaissance de la fille d'un des ministres de Nasser et l'avait épousée. Il avait poursuivi ses études aux Etats-Unis, où il avait adopté les thèses libertariennes qu'il essaya d'introduire dans l'idéologie anarchiste de Kadhafi. Surtout, M. Jibril avait rejoint la confrérie des Frères musulmans en Libye. C'est à ce titre qu'il avait placé les frères Wadah Kanfhar et Yusuf al-Qaradawi à Al-Jazeera. Durant le premier semestre 2011, la chaîne qatarie est devenue l'instrument privilégié de la propagande pro-occidentale : elle a nié autant que possible l'aspect anti-impérialiste et anti-sioniste des révolutions arabes et a choisi dans chaque pays les protagonistes qu'elle soutenait et ceux qu'elle conspuait. Sans surprise, elle a soutenu le roi de Bahreïn – un élève de Mahmoud Jibril – qui faisait tirer sur la foule, tandis que cheikh al-Qaradawi appelait à l'antenne au Jihad contre Khadafi et El-Assad, accusés mensongèrement de massacrer leur propre peuple. M. Jibril étant devenu le Premier ministre du gouvernement rebelle libyen, le sommet de la mauvaise foi aura été atteint avec la construction dans des studios à Doha de répliques de la Place verte et de Bab el-Azizia où furent tournées de fausses images de l'entrée des «rebelles» pro-Us dans Tripoli. Que n'ai-je lu comme insultes lorsque j'ai annoncé cette manipulation dans les colonnes de Voltairenet.org ! Pourtant Al-Jazeera et Sky News diffusèrent ces fausses images le second jour de la bataille de Tripoli, semant le désarroi parmi la population libyenne. Ce ne fut en réalité que trois jours plus tard que les «rebelles» presque exclusivement les Misrata entrèrent dans Tripoli dévastée par les bombardements de l'Otan. Il en va de même avec l'annonce par Al-Jazeera de l'arrestation de Seif el-Islam Kadhafi et de la confirmation de cette capture par le procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno-Ocampo. Je fus le premier, sur les ondes de Russia Today, à démentir cette intoxication. Et là encore, je fus l'objet de quolibets dans certains journaux jusqu'à ce que Seif el-Islam vienne réveiller en personne les journalistes enfermés au Rixos et les conduise sur la vraie place Bal el-Azizia. Interrogé sur ces mensonges par le canal arabe de France24, le président du Conseil national de transition (CNT), Mustafa Abdel Jalil, revendiqua une ruse de guerre et se réjouit d'avoir ainsi accéléré la chute de la Jamahiriya. Quel avenir pour Al-Jazeera ? Le détournement d'Al-Jazeera en instrument de propagande pour la recolonisation de la Libye ne s'est pas fait à l'insu de l'émir de Qatar, mais sous sa houlette. C'est le Conseil de coopération du Golfe qui, le premier, a appelé une intervention armée en Libye. Le Qatar a été le premier membre arabe du Groupe de contact. Il a acheminé des armes pour les «rebelle » libyens, puis a envoyé son armée au sol, notamment lors de la bataille de Tripoli. En échange, il a obtenu le privilège de contrôler tout le commerce des hydrocarbures effectué au nom du Conseil national de transition. Il est encore trop tôt pour savoir si la démission de Wadah Khanfar marque la fin de sa mission au Qatar, ou si elle annonce une volonté de la chaîne de retrouver la crédibilité qu'elle avait mis 15 ans à gagner et 6 mois à perdre.

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