Elle était artiste et s'adonnait à plusieurs formes d'art. Chanteuse dans les deux langues populaires, comédienne dans les deux langues à la radio nationale, actrice aussi. Sans omettre qu'elle fut une des choristes des deux chorales féminines de la Radio nationale (la Chaîne I et la Chaîne II). Farida El Djazaïria a eu un riche parcours artistique depuis son jeune âge jusqu'à la fin de sa carrière, et quelle fin. Une fin dans le dénuement total, sans soutien, sans rente ni aucune autre ressource. Elle a rendu l'âme chez elle, toute seule, le 24 août 2011, et a été enterrée au cimetière d'El Kettar. Farida El Djazaïria portait bien son pseudonyme De son vrai nom Louanas Tassadit, elle est née au coeur de la Casbah d'Alger au mois de mai 1934. Elle était, cependant, originaire du village Ihaddaden, à Bordj Menaïel. Présente sur tous les fronts, Farida El Djazaïria, dont la carrière a été hautement appréciée par son large public, a tout donné à cet art qu'elle pratiquait avec passion. Malheureusement, elle n'a rien eu en contrepartie. Lorsqu'elle a décidé d'embrasser une carrière artistique, il n'était pas permis à une femme de faire de la scène. Mais Farida ainsi que d'autres artistes convaincues, comme elle l'était, ont bravé les interdits pour s'illustrer comme des bijoux parmi la gent masculine. Cette artiste a été réellement polyvalente, car il ne manquait aucune corde à son arc. Cette grande dame a touché à tout, et ce, durant une période très difficile, à savoir la colonisation française. D'ailleurs, elle a enregistré un duo avec le célèbre artiste Arab Ouzelague. Après le recouvrement de l'indépendance, Farida a continué dans cette voie, tout en répondant aux différentes sollicitations pour les galas d'animation ou pour les tournées à travers le pays. D'ailleurs, c'est au cours de l'une de ces tournées, en 1970, qu'elle fera la connaissance du grand chef d'orchestre, le virtuose du violon Amari Maâmar. De leur union naîtra une fille En dépit de ses obligations familiales, Farida a continué à travailler au cachet jusqu'au jour où elle n'a plus rien pu donner. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, après la perte de son époux, son unique fille décède en France. Elle se retrouve alors toute seule, privée de l'affection des siens. Mais armée de courage et de dignité, elle continue à faire face à cette vie difficile. Elle s'en ira dans le dénuement le plus total. Pourtant, elle possède des enregistrements dans les deux langues à la discothèque de la Radio nationale et, logiquement, l'Office des droits d'auteurs doit se pencher sur ces cas d'artistes sans statut. Heureusement que la fierté de ces artistes dépasse de loin leurs statuts inexistants.