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Notre histoire n'a pas de tarbouche
Publié dans La Nouvelle République le 13 - 01 - 2012

Tout le monde vous a applaudi lorsqu'ils vous ont vu, au forum de Davos, vous élever contre l'incorrigible Shimon Perez, pour prendre la défense de la Palestine et de son peuple assiégé et banni.
Tout le monde tire un grand chapeau à la Turquie qui devient une puissance économique émergente et influente, et partage avec vous ce sentiment de dignité retrouvée, après des siècles de décadence. Je respecte vos convictions, vos calculs, voire même votre tendance à exploiter la naïveté de beaucoup des nôtres, séduits par vos positions, plus populistes - faut-il dire- que politiques. Ils ont vu en vous Mohammed le Conquérant et tous les grands de la Sublime Porte qui défoncèrent un jour les murs de Vienne et firent traîner l'arrogante Europe dans la boue, et vu en vous leur rêve perdu. Ils ont vu en vous tout cela, mais moi j'ai vu en vous plus que cela. J'ai vu un homme décidé à se venger de l'histoire qui a fait de la Turquie l'homme malade, et dont l'héritage fut partagé par les puissances d'Orient et d'Occident ; du califat, il ne restait plus que le souvenir, et la Turquie fut réduite à la suppression de l'alphabet arabe qui était, d'après Atatürk, la raison de la régression, et à la recherche du plus court accès à la cuisine européenne, pour ne plus se contenter du rôle de gardien du front Est. J'ai vu en vous un homme pragmatique, se présentant aux Turcs comme l'homme de l'honneur retrouvé, initié aux jeux de la politique, mais ne mesurant pas apparemment les risques de jouer à l'histoire. Il a investi dans tout ce qui a trait à la mémoire, à commencer par ses tentatives de circonscrire le conflit avec les Arméniens qui ont payé le prix du complot contre l'Empire en 1915, et s'est beaucoup rapproché de la Syrie pour tenter d'effacer le souvenir d'Iskenderun, pillée et ravagée. Il monta des passerelles avec l'Irak pour accentuer l'isolement des Kurdes, tendit la main à l'Iran pour former une force régionale influente dans une région constamment sous haute tension, et exprima son indignation envers l'Arabie Saoudite suite à la démolition de la citadelle ottomane à La Mecque, dans le cadre de l'aménagement du pourtour de la Kaaba. Il trouvera dans l'incident de Davos et dans l'écho que cela eut provoqué dans la rue arabe et islamique, l'opportunité pour essayer de mettre tout le monde sous sa houlette ; il fera du raid contre le bateau Liberty un prétexte pour exiger le pardon à Israël et geler ses relations stratégiques avec une entité dont des sources historiques ont démontré l'implication, à travers les juifs de Donma, dans le démantèlement de l'empire de ses ancêtres. La vérité est qu'il y a comme un sentiment de culpabilité envers la Palestine engloutie par les Anglais par un moment de mégarde des Turcs dont ils étaient les protecteurs, lesquels avaient laissé les juifs s'y installer et fonder leur Etat qui fera de la Turquie son plus puissant allié de la région… J'ai vu en vous un homme donnant l'impression aux Arabes et aux Musulmans que son amour pour El-Qods n'a d'égal que celui de Saladin (…) Or, ses calculs semblent trop complexes pour être déchiffrés par un simple Agha du temps ottoman, fût-il de la trempe d'un Aboudjerra Soltani. J'ai vu un homme jouer dans la cour des grands et tous les petits s'aligner devant sa porte. J'ai vu un homme s'entêter à être européen malgré ses détracteurs, parce qu'il voit dans le détroit du Bosphore la limite entre deux Turquie, dont la plus grande partie se trouve en Asie, et seulement une petite en Europe. Alors, il ne suffit pas d'être plus laïc ou d'avoir une plus grande capacité économique ou d'adopter une politique plus européenne ; mais il fallait autoriser l'installation d'une base pour boucliers anti-missiles, après le niet polonais et tchèque, et dont le commandement échappera à vos experts (…) à savoir pour protéger qui contre qui ? Peut-être pour protéger Israël contre les missiles iraniens en cas de guerre, que d'aucuns voient venir… Beaucoup de ceux qui se réjouissent du modèle turc en politique et en économie, ferment les yeux sur la transformation de la Turquie en base d'aviation, de missiles et de carburants des Etats-Unis et de ses alliés… Mais ils sont comme envoûtés par le discours séduisant d'un politique au charisme propre aux gens d'Istanbul. J'ai vu en lui un homme ne s'enhardissant pas à utiliser l'histoire d'autrui pour riposter à ses adversaires, tirant de son tiroir le dossier des martyrs algériens du 8 mai 1945, pour dire que c'était un crime contre l'humanité commis par la France. Or, à vrai dire, ce crime est pire que celui commis contre les Arméniens… Je me demande bien ce qui adviendrait si c'était la Finlande, le Guatemala ou le Botswana qui auraient promulgué une loi criminalisant la négation du génocide des Arméniens par les Turcs : Erdogan pourrait-il utiliser la carte Algérie ou serait-il contraint de chercher une autre carte ? Faut-il, sinon, croire qu'il était simplement mû par le sentiment de paternité oubliée de la Turquie sur l'Algérie ! Erdogan répond à Sarkozy et aux députés français en instrumentalisant l'histoire d'un peuple qui sait triompher et qui sait répondre. Le victorieux n'attend pas du vaincu un aveu ou un pardon ; parce que la liberté est plus chère qu'un aveu tar-dif ; et les Algériens ne quémandent pas de la France un aveu pour ses crimes et ne la supplient pas pour un pardon ; parce que cela est une atteinte à la mémoire des martyrs qui ne s'étaient pas sacrifiés pour que les générations exigent des excuses de la France pour leurs sacrifices..Je ne crois pas que la loi du 23 février 2005 glorifiant la colonisation puisse nous aider à le criminaliser ; car la colonisation est par essence un acte criminel contre l'humanité. Il suffit que les Français lisent les Mémoires de leurs généraux, de Saint Arnaud à Aussaresses, pour savoir de quel type d'histoire ils ont hérité : une histoire faite de crime et de honte. Je ne crois pas qu'Erdogan ait une mémoire si courte ou n'ait pas une connaissance suffisante de l'histoire de l'Empire ottoman ; l'histoire étant indivisible. Si les Arabes du Levant se sont plaints de l'incurie des Turcs à travers leur histoire, les Algériens se sont montrés plutôt assez indulgents pour avoir accepté leur présence durant trois siècles sur leur terre, et ont beaucoup donné pour la Sublime Porte, en allant jusqu'à lui offrir sa flotte comme offrande dans la bataille de Navarrine en 1827. Mais trois siècles s'effacèrent en trois jours, lorsque le Dey Hussein écarta le chef de ses armées, l'Algérien Yahia Agha, avant de l'exécuter, pour lui substituer son beau-fils, Ibrahim Agha, qui donna à chaque soldat cinq cartouches pour défendre Alger la Bien-Gardée de la fureur de De Bourmont et de ses hordes.. Mais le Dey a tout vendu et plia bagage et s'enfuit, laissant les Algériens affronter leur destin avec une occupation criminelle, à laquelle il résistera durant plus d'un siècle. Le destin a voulu que les Algériens affrontent l'Otan, dont les Turcs constituent aujourd'hui la barbouze. Pourquoi Erdogan ne demande-t-il pas pardon pour l'occupation de l'Algérie par ses ancêtres ? Et pourquoi ne s'excuse-t-il pas pour la participation de son pays dans l'Alliance atlantique ? À partir de là, il peut exploiter l'histoire de l'Algérie, non pas comme une carte politique, mais comme un cas humanitaire dévoilant la colonisation et, donc, non pas pour réagir à la campagne française sur le génocide arménien… Qu'il demande, d'abord, pardon, s'il veut être un tant soit peu crédible ! Beaucoup d'acteurs politiques, notamment islamistes, se sont laissé séduire par la plaidoirie d'Erdogan sur l'histoire de l'Algérie ; à telle enseigne qu'il paraît en être fédérateur. Ceux-là trouvent dans la déclaration d'Ahmed Ouyahia rejetant le marchandage des Turcs sur le sang des Algériens une aubaine, comme s'ils avaient inventé l'eau chaude ! Or, les propos d'Ouyahia, très logiques, ne seront d'aucun secours pour les Français ; au contraire cela semble plutôt être un coup de semonce, puisqu'il les décrit comme otages de leur histoire sordide et indigne. Je suis en effet frappé de constater qu'Erdogan est devenu un acteur principal sur la scène politique algérienne, au point qu'il ne lui reste plus qu'à présenter le dossier de son parti au ministère de l'Intérieur pour être agréé par Ould-Kablia, pour ne pas laisser le champ libre à ceux qui l'exploitent comme une carte en Algérie, après avoir exploité, lui, la carte de l'Algérie, dans son bras de fer avec la France.. Aux disciples d'Erdogan, je conseillerais d'accrocher son portrait sur leurs bureaux et dans leurs maisons en écoutant, savoureusement, Zehouania chanter : «Ya lalla ya Turkiya, wa'na sma't el-bendir !»

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