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«Les pays arabes sont prêts à s'entretuer pour le plus grand bien de l'Empire»
Publié dans La Nouvelle République le 03 - 02 - 2012

De l'embargo anti-iranien et ses enjeux économiques, à la sourde guerre froide eurasiatique qui se joue actuellement sur la scène syrienne, sur fond de bras de fer irano- occidental, La Nouvelle République a fait le point avec le professeur Chems Eddine Chitour, directeur du laboratoire de valorisation des énergies fossiles à l'Ecole polytechnique d'Alger.
La Nouvelle République : Actuellement, une campagne anti-iranienne est menée à grande pompe par l'Occident. Comme on le sait, la raison apparente du conflit est ce fameux nucléaire iranien. D'une part, pourquoi l'Iran n'aurait-il pas droit à l'arme nucléaire au même titre que les autres puissances et, d'autre part, est-il légitime du point de vue du droit international de sanctionner un pays souverain sous prétexte qu'il constituerait une éventuelle menace ? Si c'est illégitime, alors, qu'en est-il des sanctions ? Pr Chems Eddine Chitour : Au-delà de l'aspect juridique, la souveraineté d'un pays n'est pas fractionnable. Elle est totale ou pas. En fait, c'est un long cheminement de la doxa occidentale pour faire apparaître l'Iran en position de fautif et donc de sanctionnable par la «communauté internationale» dont on sait qu'elle se limite aux seuls Etats-Unis et pays européens qui ont la nostalgie de l'Empire (Angleterre, France). Qu'en est-il exactement? Dans son adresse sur l'Etat de l'Union, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a déclaré : «Il n'y ait aucun doute : l'Amérique est déterminée à empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire, et je garde toutes les options sur la table pour atteindre ce but». La guerre économique est déjà en cours contre un pays signataire du Traité de non-prolifération nucléaire et qui ne recherche aucunement l'arme nucléaire, selon le dernier National Intelligence Estimate (évaluations officielles du directeur du renseignement national américain). Voilà six pays qui détiennent l'arme atomique et qui décident de la mise en place du Traité de non-prolifération (TNP) applicable en théorie à eux et qui stipule notamment des inspections dans ces pays. Dans la réalité, ces contrôles n'existent pas. D'autres pays ont fait exploser des bombes atomiques ; c'est le cas de l'Inde et du Pakistan qui n'ont, pas plus que la Corée du Sud, pas signé le TNP. Il reste Israël, dont on sait que le programme nucléaire a été mis en place par les Français au plus fort de la guerre d'Algérie, puis soutenu et amélioré grâce aux Américains. Israël disposerait de 300 têtes nucléaires, n'a pas signé le TNP et se veut par la grâce la seule à détenir l'arme au Moyen-Orient C'est la raison première, c'est-à-dire laisser Israël comme le seul détenteur absolu de l'arme nucléaire. De plus, il ne faut que les musulmans accèdent à la technologie nucléaire spatiale et celles du XXIe siècle ; il faut les cantonner dans le rôle d'acheteurs d'armes obsolètes tel que les F16 et F35 vendus à l'Arabie saoudite mais qui sont dépassés par les nouvelles armes. Je pense que l'arraisonnement d'un drone est un signe accélérateur de la nécessité de casser l'Iran, capable de prendre les commandes d'un drone, se battant ainsi logiciel contre logiciel et même plus, neutraliser le logiciel d'autodestruction monté sur ce type d'appareil pour ne pas que l'adversaire puisse profiter de la technologie. Il y a une autre raison d'ordre économique : comment détruire le club de Shanghai ? L'Iran y est observateur ; le danger est la Chine qu'il faut casser, ce qui n'a pas échappé aux Chinois que l'on veut asphyxier en leur coupant les robinets du pétrole sud-soudanais et libyen. Il n'est pas étonnant que les Chinois disent qu'ils ne respecteront pas l'embargo décrété par l'Occident sur le pétrole iranien Jusqu'où, d'après vous, les sanctions imposées aux Iraniens pourraient-elles avoir un impact sur leur politique de résistance à l'Occident ? «Nous coopérerons avec eux sur des bases techniques», a fait savoir l'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, M. Ali Asghar Soltanieh, appelant les inspecteurs à faire preuve d'une «approche professionnelle» dans un entretien à l'agence de presse iranienne IRNA. Téhéran accuse régulièrement l'AIEA de n'être qu'un instrument entre les mains des grandes puissances, Etats-Unis en tête, et a jugé «politisé» le dernier rapport de l'agence. Le directeur général de l'AIEA, le Japonais Yukiya Amano, y avait présenté un large faisceau d'éléments, jugés crédibles, indiquant que l'Iran avait travaillé, contrairement à ses dires, à la mise au point de l'arme nucléaire. Une assertion rejetée en bloc par Téhéran. Le conseil des gouverneurs de l'AIEA avait alors adopté une résolution enjoignant l'Iran à coopérer sans délai avec l'agence. Les inspecteurs «vont chercher à obtenir des réponses à ces questions et il incombe à l'Iran de les y aider», a récemment souligné la porte-parole du département d'Etat américain Victoria Nuland. L'agence enquête depuis huit ans sans être en mesure de déterminer avec certitude si le programme nucléaire iranien est de nature purement pacifique, comme l'affirme la République islamique, ou bien également militaire. En jouant cette carte, les Occidentaux ne risquent-ils pas de connaître un effet boomerang vu la menace iranienne du blocage du détroit d'Ormuz et ses éventuelles conséquences sur l'économie occidentale ? L'Occident joue à se faire peur ! Dans ce bras de fer créé de toutes pièces, l'Iran n'adoptera pas une politique suicidaire, il ne bloquera pas le détroit d'Ormuz malgré les provocations occidentales. Depuis dix ans, l'Iran a subi les pires restrictions et embargos en tous genres et pourtant il avance ! Un rapport du FMI de juillet 2011 fait l'éloge involontaire de la politique de développement iranienne. Si on ajoute le fait que l'Iran est devenu une puissance technologique et spatiale, il fabrique, en effet, ses propres avions, chars, missiles et armements. Il se permet d'envoyer dans l'espace des fusées, placer en orbite des satellites et faire revenir des «capsules de vie» qui lui donnent le grand privilège de faire partie du club très fermé des nations spatiales et, cerise sur le gâteau, ses connaissances scientifiques et technologiques ont pu faire atterrir en douceur le dernier drone furtif américain, s'emparant de ce fait des commandes, annihilant le logiciel de retour à la base afghane et neutralisant le logiciel d'autodestruction automatique placé dans le drone. Il faut le faire ! On pénalise l'Iran sous prétexte qu'il constitue une potentielle menace pour Israël. Or, certains observateurs pensent que la vraie menace à la sécurité mondiale provient de l'alliance des Etats-Unis, de l'Otan et d'Israël, dit-on. Etes-vous de cet avis ? C'est vrai qu'en dehors de la nécessaire suprématie que les Américains se doivent de maintenir au nom de la «Destinée manifeste» à tout prix même au prix du chaos, il y a à l'évidence une vérité : le lobby sioniste qui maille les pays occidentaux, notamment les Etats-Unis, a réussi à faire paraître Israël comme un pilier de l'Occident, «vulnérable» face à des hordes islamistes et qu'il faut, de ce fait, protéger au nom de l'holocauste et de la faute originelle. Sachant qu'en fait il n'en est rien. Israël, qui dispose de plus de 200 bombes atomiques et qui n'a pas signé le TNP, a bafoué 50 résolutions de l'ONU, tue, viole, vole les terres palestiniennes, colonise à tour de bras avec en face un pantin : l'Autorité palestinienne. Nous l'avons vu avec les 1.400 morts de janvier 2009. Le rapport Goldstone est passé à la trappe. L'Iran, qui ne s'est rendu coupable d'aucun meurtre, a signé le TNP et ses installations sont visitées des dizaines de fois par l'AIEA, mais il est le seul coupable car il se dresse contre l'Empire et pense que l'Etat d'Israël, dans sa structure actuelle, est un Etat raciste qui doit restituer aux Palestiniens ce qui reste de la Palestine originelle moins de 20 %. Cherchez l'erreur ! D'après vous, avec cette aventure militaire (contre l'Iran) programmée depuis les années 1990, les Etats-Unis ont-ils les moyens de leur politique en 2012 alors qu'ils subissent les affres d'une crise économico-financière sans précédent ? On parle de douze porte-avions qui seront déployés au Moyen-Orient. Les Etats-Unis sont en train de tester l'Iran, Ils viennent de faire traverser le Détroit d'Ormuz par un de leur porte-avion suivi par une vedette française. On dit que l'armée américaine se prépare. Est-ce de l'intox ? En tout cas, on apprend d'après le Wall Street Journal que l'armée américaine estime que ses bombes antibunker les plus puissantes ne sont pas en mesure de détruire les sites souterrains les plus fortifiés en Iran, soupçonnés d'abriter des activités visant à produire l'arme atomique. Le ministère de la Défense aurait dépensé jusque-là quelque 330 millions de dollars pour se doter de ces bombes antibunker et cherche quelque 82 millions de dollars supplémentaires pour les rendre plus efficaces, selon le Wall Street Journal. Est-ce de la propagande ? La France encourage les pays de l'Union européenne à s'associer à sa démarche de sanctions contre l'Iran. Or, les PME et PMI allemandes ont beaucoup d'intérêts en Iran. La compagnie pétrolière italienne ENI a également des intérêts en Iran. La recherche d'intérêts immédiats ne risque-t-elle pas de provoquer une fracture au sein de l'UE ? Selon le paquet de sanctions de l'UE, tous les contrats existants seront respectés uniquement jusqu'au 1er juillet et aucun nouveau contrat ne sera autorisé. Par ailleurs, d'après M. Emad Hosseini, le rapporteur de la commission de l'énergie du Majlis (Parlement iranien), ce dernier a débattu de l'annulation sur-le-champ de toute exportation pétrolière vers chaque pays européen ayant approuvé l'embargo. Et cela arrive avec l'avertissement apocalyptique requis, relayé par l'agence de presse Fars, du député Nasser Soudani : «L'Europe brûlera dans le feu des puits de pétrole de l'Iran». M. Soudani exprime l'opinion de l'establishment entier de Téhéran quand il dit que «la structure de leurs raffineries est adaptée au pétrole iranien». Ainsi, les Européens n'ont aucune alternative de remplacement ; l'embargo «fera augmenter le prix du pétrole, et les Européens seront obligés de l'acheter à prix plus élevé». C'est pourquoi «l'Europe sera obligée d'acheter du pétrole iranien indirectement, à des intermédiaires». De plus l'Arabie saoudite n'a
aucune réserve disponible. lll Il est difficile d'imaginer comment l'Arabie saoudite pourra compenser rapidement et durablement les 2,6 millions de barils/jour de l'Iran. La Chine et la Russie devraient être les principaux bénéficiaires des sanctions européennes et américaines contre l'Iran, tandis que la majeure partie des compagnies pétrolières occidentales en seront les grandes perdantes, estiment les spécialistes des milieux pétroliers. M. Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré : «Les sanctions unilatérales n'arrangent pas les choses». Pour la Chine, «faire pression sans réfléchir et imposer des sanctions à l'Iran ne sont pas des approches constructives». M. Ahmet Davutoglu, ministre turc des Affaires étrangères, a déclaré : «Nous avons de très bonnes relations avec l'Iran et nous faisons beaucoup d'efforts pour le renouvellement des pourparlers entre l'Iran et les 5+1». La Russie, elle aussi, devrait profiter des sanctions occidentales contre l'Iran. Le premier producteur mondial de pétrole sera bien placé pour accroître ses livraisons à l'Europe, même si certains clients du Vieux continent ne veulent pas dépendre excessivement de Moscou pour leurs hydrocarbures. L'Inde, membre du BRICS, a aussi rejeté les sanctions. L'Inde continuera à acheter du pétrole iranien et à le payer en roupies dans la proportion de 45 % au lieu des 20 % des ventes précédentes. On le voit, le dollar n'est plus la monnaie absolue de référence. Beaucoup de pays utilisent d'autres monnaies. La Chine et le Brésil, membres du BRICS, ont commencé à éviter le dollar dans le commerce en 2007. Hier, Sarkozy était déterminé au déclenchement d'une guerre contre l'Iran et aujourd'hui, il semble mesurer les risques en affirmant que la France fera tout pour éviter une intervention militaire en Iran, susceptible de «déchaîner la guerre» dans le monde entier. Quelle lecture pourrait-on faire de ce revirement ? Souvenons-nous de ce que disait le French Doctor Kouchner va-t-en guerre à propos de l'Iran : «La bombe ou le bombardement». En fait, en période électorale et au vu de la situation financière et économique, la France ne peut pas faire dans l'aventure. De plus, le froid avec le Premier ministre David Cameron n'autorise pas cette aventure. L'Iran n'est pas la Libye. C'est une ancienne civilisation, un empire, et il n'y a pas de «BHL Tintin des va-t-en guerre» capable de s'introduire en Iran pour le déstabiliser. Enfin, le vassal attend les ordres de l'Empire pour se déterminer… Les «experts» occidentaux sont unanimes : le déclenchement d'une guerre contre l'Iran conduirait à une grande guerre régionale, ayant des effets catastrophiques sur l'économie mondiale. Pensez-vous que les Occidentaux sont réellement prêts à s'y aventurer ? Dans le cadre de l'intox et de la démonstration de force, au cas où… la Marine américaine prévoit, dit-on, de monter une vaste base flottante pour accueillir des commandos au Moyen-Orient en raison de l'accroissement des tensions avec l'Iran et de l'intensification des combats au Yémen, rapporte samedi le Washington Post. La Navy est en train de désarmer un navire de guerre pour le transformer en une base flottante pour des commandos, surnommé «bateau mère» ; la base pourra accueillir des petites vedettes rapides et des hélicoptères habituellement utilisés par les Navy SEALs, les forces spéciales de la Marine américaine, Des forces spéciales sont au cœur de la stratégie du président Barack Obama pour réduire et rendre plus efficace l'armée alors que des coupes sombres ont été votées dans le budget de la Défense. Au moment où les regards sont occultés par les événements en Libye, l'Egypte, la Palestine, la Syrie, l'Irak, l'Iran et l'Afghanistan, une nouvelle guerre froide semble se profiler à l'horizon en Extrême-Orient entre des Etats-Unis prédateurs, en quête d'hégémonie mondiale, et la Chine dans un rôle de croquemitaine. Qu'en pensez-vous ? Il ne faut pas oublier aussi la Russie et l'élection de Poutine, malgré tous les empêchements de l'Occident qui soutient ses adversaires, vraisemblablement en mars 2012 changera d'une certaine façon la donne. Plus volontariste que Medvedev, c'est un ancien des services secrets du KGB, qui a lui aussi la nostalgie de l'empire. La Russie a un arsenal nucléaire impressionnant et des réserves énergétiques exceptionnelles. La Russie ne se laissera pas faire. Elle est confortée aussi par la position chinoise qui, pour les mêmes raisons, observe avec inquiétude et irritation le redéploiement américain en Asie Pacifique. Obama a eu l'accord de l'Australie pour installer une base avancée en Australie avec 2.000 Marines. Une base qui s'ajoutera aux 700 bases américaines en dehors du territoire américain. On comprend dans ces conditions les manœuvres chinoises. Le président chinois, en inaugurant un nouveau porte-avion, a dit à l'armée chinoise d'être prête à toute éventualité A travers les conflits libyen, syrien et probablement iranien, beaucoup d'observateurs ont notamment souligné que, parmi les objectifs visés par les Etats-Unis et leurs alliés, figure l'opposition à l'influence sino-russe dans ces régions. Partagez-vous cet avis ? C'est un fait qu'une lutte sourde pour un nouveau «Rashaping» du monde est en train de se faire au bénéfice de l'Empire et à un degré moindre de ses vassaux. Les adversaires sont, pour la capacité militaire, la Russie et, pour la capacité financière, la Chine. De plus la position d'Israël est une donnée essentielle de cette nouvelle vision. Les pays arabes, plus serviles que jamais, ne comptent pas, ils sont prêts à s'entretuer pour le plus grand bien de l'Empire. L'arc chiite «créé pour la cause par la doxa occidentale» est là pour rappeler aux sunnites que l'empire perse est toujours un ennemi potentiel. L'Empire a un problème ; il veut normaliser l'Afghanistan, qui s'avère être un pays riche du point de vue des matières premières rares et du pétrole. Pour cela, il compte sur le Pakistan qu'il ne cesse de blesser dans son amour-propre. Souvenons-nous de la mort de Ben Laden et des bavures à répétition de ses drones predators. La Russie, la Chine, le Pakistan et même l'Inde ont mis en place un pacte, auquel est associé l'Iran en tant qu'observateur, pour s'opposer à toute expansion hégémonique de l'Occident. L'élection quasi certaine de Poutine comme président le mois prochain, malgré tous les empêchements par opposition interposée, n'est pas une bonne nouvelle pour l'expansion sans fin de l'Empire Que se passera-t-il si la Syrie, l'avant-dernier domino, tombe ? Il faut d'abord se rendre compte qu'au-delà de la dette de l'Occident envers Israël, dette qu'ils font payer aux Arabes, il y a un fond rocheux pour ces luttes sourdes. C'est l'accaparement des matières premières, notamment énergétiques. L'Occident a bâti sa suprématie sur le pétrole et le gaz naturel des pays du Sud, notamment arabes. Pendant longtemps il a régné en maître. On dit souvent que pour connaître les routes du pétrole, il faut suivre les bases américaines. Pour la première fois, on passera de la dissuasion à la guerre déclarée, celle du monde néo-libéral et de l'oligarchie financière internationale qui ne peut perdurer que dans le chaos contre les autres, tous les autres. Face à l'escalade meurtrière de la violence en Syrie, que les médias attribuent à tort uniquement au gouvernement syrien, sachant qu'une opposition armée et entraînée par les mêmes agresseurs de la Libye s'est, elle aussi, rendue coupable de carnage vainement dénoncées même par des religieux syriens — il faut lire les articles, les contributions de Sœur Marie Agnes Maryam —, les appels à une intervention de l'ONU se font de plus en plus pressants. L'Organisation de la conférence islamique (OCI), manipulée par les sunnites, a également appelé aujourd'hui le Conseil de sécurité à assurer la protection des civils en Syrie. Pourtant, les appels au dialogue de la part de la Russie et malgré l'accord de Bachar Al Assad, le président du CN Syrien, M. Burhan Ghalioun, ancien enseignant à Paris, a néanmoins exclu toute négociation avec le régime avant le départ du président syrien. «Le Conseil de sécurité doit agir afin de faire clairement savoir au régime syrien que la communauté internationale considère ses agissements comme une menace pour la paix et la sécurité», a déclaré Mme Hillary Clinton. La Russie, un allié de Damas, a réitéré son opposition au projet de résolution arabo-occidental affirmant qu'il pourrait «ouvrir la voie à une guerre civile». «Les changements de régime, ce n'est pas notre travail (...) C'est aux Syriens de décider eux-mêmes comment le pays doit être dirigé, sans aucune ingérence extérieure», a insisté le ministre russe des Affaires étrangères, M. Sergueï Lavrov, actuellement en Australie. Depuis des semaines, les Etats-Unis, l'Angleterre et la France font dans la «prophétie autoréalisatrice» qui veut que les jours d'Al Assad soient comptés. Des discussions seraient en cours et viseraient à donner au président syrien une dernière chance de placer sa famille et lui-même à l'abri d'un éventuel destin à la Mouammar Kadhafi. Cette initiative pourrait, en revanche, avoir pour objectif d'ouvrir un front au sein du premier cercle de personnalités entourant Assad, précipiterait la chute du gouvernement actuel. La Turquie pourrait songer à offrir l'asile à la famille du président syrien Bachar Al Assad, a affirmé le président turc Abdullah Gül, cité jeudi par la presse turque. Le premier grand perdant est le peuple qui aurait un CNS calqué sur le CNT libyen et le deuxième serait la Russie qui serait exclue de facto de la Méditerranée par la fermeture de Tartous. Le grand gagnant dans ce jeu serait à tous les coups Israël qui est en face d'un monde arabe plus atomisé que jamais. Les islamistes dits modérés sont et seront instrumentalisés et pourront remplacer les anciens tyrans arabes pourvu que l'Empire continue à accaparer les richesses énergétiques arabes. Aux dernières
nouvelles, il semble que l'on observe une inflexion dans le discours occidental vis-à-vis de l'Iran. Est-ce une tactique ? C'est d'abord l'offre de dialogue de l'Iran. Ainsi, le chef des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique a reconnu hier qu'il restait «encore beaucoup de travail à accomplir» avec l'Iran au sujet de son programme nucléaire au retour d'une visite de trois jours qualifiée toutefois de positive. «Nous avons eu trois jours de discussions intenses sur toutes nos priorités. Nous sommes déterminés à résoudre toutes les questions en suspens et les Iraniens ont dit qu'ils s'y engageaient aussi», a déclaré M. Herman Nackaerts à des journalistes à l'aéroport de Vienne. Le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi a lui aussi qualifié les discussions de «bonnes». Même son de cloche de la part de la part des Américains. La diplomatie peut «influencer» l'Iran, a affirmé, mardi dernier, le directeur national du renseignement américain, M. James Clapper. On se souvient que la justice américaine a accusé en octobre l'Iran d'avoir planifié un attentat pour assassiner l'ambassadeur saoudien à Washington. L'Iran avait rejeté en bloc les accusations américaines, criant à une manipulation destinée à diviser les pays musulmans, à protéger Israël et à accroître la pression sur la République islamique, déjà soumise à de sévères sanctions internationales pour son programme nucléaire controversé. Sur le nucléaire, «nous estimons que le processus de décision iranien en matière nucléaire est guidé par une approche coût-bénéfice, qui donne à la communauté internationale la possibilité d'influencer Téhéran», a déclaré M. Clapper. «Notre espoir est que les sanctions, particulièrement celles qui viennent d'être instaurées, auront pour effet de provoquer un changement de la politique iranienne», a-t-il souligné devant les sénateurs. Pour M. Clapper, lorsqu'ils prennent des décisions sur le programme nucléaire, les dirigeants iraniens prennent en compte «la sécurité, le prestige et l'influence», mais aussi «l'environnement politique et sécuritaire» du pays. Comme dans le National Intelligence Estimate, réalisé au début de 2011 et qui représente le consensus des 16 agences américaines de renseignement, M. James Clapper estime que les dirigeants iraniens sont divisés sur la question de se doter ou non d'armes nucléaires et qu'ils n'ont pas pris à ce stade de décision sur ce sujet même s'ils poursuivent leur programme controversé. Le secrétaire à la Défense Leon Panetta a, de son côté, confié, le dimanche 28 janvier sur la chaîne CBS, que les Iraniens mettraient «environ un an» à produire suffisamment d'uranium enrichi en vue de fabriquer une bombe atomique Il leur faudrait ensuite «un ou deux ans pour l'installer sur un vecteur», tel qu'un missile, selon lui. On l'aura compris, depuis dix ans, l'Iran est à quelques mois de la fabrication d'une bombe. Enfin, la France pour ne pas être en reste; a abandonné le discours belliciste et parle de dialogue. Les mois prochains sont lourds de menace. Car, si l'aventure d'une guerre avec l'Iran, après la chute inéluctable d'Al Assad était concrétisé, ce serait le chaos mondial reconstructeur. Un espoir, cependant, est être que la proximité des élections américaines donnerait un sursis au monde. Mais que l'on ne se fasse pas d'illusion : il est inscrit dans les gènes de l'Empire d'être constamment en guerre pour accaparer ce qui reste de comestible sur Terre pour le plus grand bien de l'oligarchie financière du complexe militaro-industriel et pour le plus grand malheur des damnées de la Terre. Amen.


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