Seuls les annonceurs annoncent la couleur de leurs produits et de leurs promesses de vente. La violence ne fait pas partie de leur stratégie, chose logique, ce n'est pas leur principale mission. Mais lorsqu'on s'adresse à ceux qui froissent, salissent et menacent tout ceux qui veulent y passer un week-end dans un stade, cela peut devenir une mission commune. Chacun sa contribution et le mal diminuera. Pourtant rien, absolument rien ne coûtera à ces annonceurs et aux dirigeants des stades de réserver un espace pour appeler à la sportivité. Rien, absolument rien. Sur les maillots des joueurs, vous ne verrez pas un message aussi court qu'il soit mettre en valeur la sportivité. L'on s'en souvient de la campagne de sensibilisation lancée en France contre justement cette violence. Un spot est diffusé sur les chaînes : «Sortons la violence du stade». Mille spots télévisés ont été diffusés pendant deux mois sur les antennes de Canal+, France Télévisons et de TF1. Une campagne d'affichage, avec pour slogan : «Ne laissons pas gâcher le spectacle». Cela est aussi possible chez nous. Chaque week-end, c'est le même cinéma, le même cirque, le même carnaval, les mêmes menaces qui reviennent à la charge dans certains stades du pays Ces dernières journées ressemblent plutôt à un rapt de la sportivité. Prise en otage par des groupes en perte de conscience qui veulent enterrer et cimenter ce qui crée fête et ambiance. A chaque compétition, un climat de peur s'installe, un climat de provocation survole les différentes parties des gradins. Des casseurs, mais aussi et surtout, des «pros» pickpockets, des spécialistes du vol à la tire, des agresseurs confirmés qui trouvent leur bonheur dans les bousculades et tous mouvements de la foule, qu'ils ont l'art et la manie de provoquer. Il y a aussi les mineurs exploités, à leur insu, par ces derniers. «Et quand on s'en prend aux biens et à l'intégrisme corporel d'autrui, cela relève du pénal. Les autorités sont appelées à sévir, rien qu'en faisant appliquer la loi. Dans la légalité la plus stricte, sans plus. Pour ce qui est des mineurs, ce sont bien sûr parents et tuteurs, mais aussi ceux qui auraient rendu possible un accès au stade qui leur est, en principe, interdit, qui doivent en rendre compte. Mais, tant que les choses se passent autrement, on ne doit sûrement pas s'attendre à quelque miracle. Ainsi s'exprimait un expert maghrébin du monde sportif à l'écoute de ce qui se passe ça et là. Alors, y a-t-il une solution miracle à ce phénomène qui nous éloigne de cette belle discipline ? Apparemment non, c'est un mal qui s'est développé et continue à s'enraciner à tout jamais et qui trouve tout son charme à interdire les stades. «Les parasites empestant le public, ceux contribuant à dénaturer le sport, à le vider de son sens en l'infectant de comportements irresponsables et barbares, ne doivent avoir droit à aucune indulgence», écrivait un psychologue maghrébin. Que cherche-t-on à travers ces actes d'une «imbécillité» du Moyen-Âge ? Encore faut-il, en vue de cerner au mieux ce fléau, être en mesure d'identifier ceux qui sont derrière, d'en déterminer le profil. Qui sont-ils ceux qui cherchent à accentuer ce phénomène dans nos stades ? Qui veut-on imiter ? Ou alors disons-le franchement qui veut-on cibler ? Personne, disent quelques supporters, une occasion pour se défouler. On joue au jeu de la provocation. Des propositions se multiplient notamment de tout mettre en œuvre pour mettre en place ou renforcer le dispositif de surveillance des groupes à risque dans le cadre d'une coopération entre les clubs et les forces de l'ordre, «la multiplication des interdictions de stades envers ceux dont le comportement gène le bon déroulement des matchs, de la sanction sportive des clubs dont les supporters sont violents». Vous savez, nous disait un jeune, souvent la rencontre ne nous intéresse pas, mais on veut se faire remarquer, mettre la pression sur nos joueurs pour qu'ils bousculent l'adversaire et remportent la victoire, en somme on les encourage à faire comme nous… Un autre enchaîne avec cette réaction de taille, «une fois au stade, on est assis depuis trois ou quatre heures, on a rien à faire, pas de cafeteria, pas de banc, pas de limonade, on a rien, on s'ennuie à mort et cela nous excite encore plus. Les toilettes dans certains stades ne sont pas des toilettes, lorsque vous avez soif vous ne trouverez pas une bouteille. Les dirigeants cherchent à se faire de l'argent sur notre dos, point final. Alors cela réveille nos sens et on provoque». Que faire ?