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Ajuster l'économie au social, combattre la société duale ? (I)
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 05 - 2012

Beaucoup de dirigeants algériens étaient convaincus entre 1962 et 1971, qu'il suffisait de recopier l'organisation industrielle des pays colonisateurs pour atteindre (moyennant quelques sauts de pages d'histoire), l'objectif d'émancipation poursuivi par les indépendantistes. Il est vrai que le peuple avait, pour sa part, côtoyé la société coloniale et son niveau de vie et qu'il avait conçu à son égard un désir de conquête, bien que (ou parce que) il en avait été exclu auparavant, exclusion ressentie comme une injustice ou un affront.
Cette apparente contradiction de la révolution tient au fait que les dirigeants ont paradoxalement mis à profit une injonction de la doctrine marxiste qui prônait, comme premier objectif de la lutte des classes, la conquête du pouvoir étatique et son exercice autoritaire, à l'égal des autres (jacobinisme français, centralisme russe, nassérisme égyptien, maoïs-me chinois ou castrisme de Cuba). Mais, après cette conquête au lendemain de l'indépendance, le pouvoir de décision de l'administration est resté intouchable, insoupçonnable. La critique des aspects redondants du modèle colonial n'a pu être effectuée de manière pertinente. Les choix économiques et technologiques mis en œuvre n'ont pu être ni évalués ni contestés. C'est dans ces conditions et sur des images caricaturales que s'est engagée la construction de l'économie nationale dans la période cruciale de l'indépendance. Belaïd Abdeslam, Mourad Castel, mais aussi M. Liassine (SNS) et A. Ghozali (SONATRACH) ont été les maîtres d'œuvre de l'économie industrielle algérienne, économie artificielle gérée par l'Etat, fondée sur le pari de l'exploitation marchande des ressources pétrolières. Leurs choix ont été entérinés par le Président, soutenus par le Parti et appliqués par le Plan. I/ Interroger la problématique de la planification économique. C'est ainsi que, aujourd'hui, deux questions essentielles mais épineuses se posent encore dans la thématique du développement algérien depuis le Plan triennal 1967-1969 et l'engagement du Plan quadriennal 1970-73 : 1/ Celle de l'ajustement prioritaire de l'économie aux besoins de la population totale, qui bute sur une contradiction essentielle dont l'Algérie n'est pas près de sortir : gestion socialiste (participation des travailleurs à la gestion et la direction des affaires) ou dirigisme étatique autoritaire (économie administrée et taylorisme de l'organisation du travail). 2/ Celle de l'absence d'analyse, à propos de l'implication sociale des technologies importées de l'étranger et intégrées dans le schéma planifié des industries industrialisantes, analyse qui devrait permettre d'évaluer, de calibrer ou d'arbitrer les projets industriels, agricoles et du secteur tertiaire dans le souci d'une juste satisfaction des aspirations du monde du travail et de la société. Ma thèse de doctorat présentée à Bruxelles en 1970 (1) constatait que l'option en faveur des industries industrialisantes constituait une double rupture idéologique. D'abord, par rapport au congrès de la Soummam, aux Chartes de Tripoli et d'Alger, et à la révolte de ceux qui sont morts en luttant pour la liberté des autres. Ensuite, en raison de la priorité accordée aux projets dotés d'un coefficient de capital plus élevé que celui concédé à la main-d'œuvre, au détriment de la formation sociale. Ajuster l'économie au social est à cet égard un problème de corrélation et d'adéquation du projet de société à celui du travail. Traiter l'un sans l'autre dans la planification ou la programmation est une erreur de méthode et de prospective qui conduit à l'échec des politiques sous-jacentes. En négligeant le rapport de l'économie au social, la construction sociale est faussée dans tous les domaines : au plan national et des individus, mais aussi des régions, des secteurs, des entités et des forces sociales qui ont, tous et toutes, le droit constitutionnel et citoyen de participer au choix et à l'effort de développement et de bénéficier de ses fruits. II/ Rappel de deux étapes passées 1962-1971. Rappelons qu'en 1962-65, l'urgence de la reprise en main certes prévalait. L'économie s'était effondrée, la société venait d'exploser. Alger ne gérait pas le pays. L'administration n'était plus en phase, sans administrés. Algérianiser les postes, les fonctions, les biens ne suffisait pas, même si le peuple s'était emparé des ruines de l'économie coloniale et s'appropriait le riche patrimoine immobilier urbain des Européens en fuite. Comme la colonisation avait façonné le pays dans le schéma d'une agriculture d'exportation vers la France et l'accueil des populations européennes, Ben Bella avait alors déclaré qu'il fallait doter l'Algérie d'une industrie lourde. Sa déclaration de bon sens n'était qu'un vœu circonstanciel, un consentement. Le Plan de Constantine se poursuivait, de Gaulle l'avait lancé en 1958. Au même moment, Chérif Belkacem, patron de l'Exécutif du Parti, activait la prise en main des leviers de l'économie, des entreprises et des domaines par le peuple (gestion socialiste) dans les villes et les campagnes. Il ouvrait une voie nouvelle à l'expression et à la participation des travailleurs dans tous les secteurs d'activité. Mais, les difficultés se sont vite accumulées faute d'encadrement, de compétences et de financement. En réaction, l'Administration a peu à peu imposé son contrôle, ses méthodes, son autorité en justifiant sa mainmise sur les commandes, face à la grogne et aux dérapages, par le manque d'efficience, de résultats et de cohérence des unités autogérées. A partir de 1965, pour éviter de tomber dans les mêmes travers qu'au temps du populisme de Ben Bella, l'Etat s'est contenté d'accaparer la propriété des moyens de production et de fixer autoritairement les objectifs de développement, sans se préoccuper des désajustements sociaux. C'était la période faste de Belaïd Abdeslam et de l'armada des Sociétés nationales. Surtout grâce aux recettes pétrolières grandissantes, on a fait sentir qu'on pouvait s'affranchir de la cagnotte des émigrés, qu'on pouvait réduire le poids de la gestion socialiste, restreindre la voix du peuple, s'emparer des derniers retranchements de l'ancien colonisateur (nationalisations des terres, des domaines, des biens des colons et des entreprises françaises) et imposer les nouvelles formules d'organisation et gestion du travail. On est entré dans le rêve enivrant d'un rattrapage possible des niveaux de vie et de développement de la France (et de l'Espagne qui paraissait à portée de main), une utopie de grandeur exacerbée par le mythe fantasmatique des industries industrialisantes de De Bernis (avec l'approbation de Bobrowsky, ex-ministre du Plan polonais) et l'insolence de la culture phare de l'Egypte nassérienne. On a proclamé en 1968-1969, l'arrivée de la triple révolution de l'industrie, de l'agriculture et de la formation, et salué Warda, étoile montante de l'opéra, rivale capricieuse d' Oum Keltoum, adulée à travers le monde arabe. Mais, déjà arrivaient en 1970 ce qu'on a tous vu et vécu : les pénuries, les coupures d'eau, la situation sanitaire dégradée, les pesanteurs de l'éducation et de la culture, l'effondrement du niveau des écoles, des hôpitaux, la prise de conscience de la misère et des privations... et, parallèlement, le spectacle du mieux-être de certains, la course aux opportunités personnelles, la montée des rivalités de clans sur la place publique, le désenchantement, la fuite vers l'étranger, le refuge dans la religion... C'étaient les signes avant-coureurs des échecs de l'industrialisation massive et brutale sur les terres fertiles de l'agriculture. L'industrialisation dévoilait ses dérives. Au plan interne : la société duale et l'exclusion méprisante des minorités. Au plan exter- ne : l'approfondissement de la dépendance nationale de l'économie algérienne. Le diktat des concepteurs administratifs s'est combiné à la dictature des vendeurs industriels lors des négociations de projets, commandés souvent plus dans un désir de revanche anticolonialiste que sélectionnés sur des critères d'intérêt géné-ral ! En ce début d'année 1971, la gestion socialiste est au plus mal. Elle devait être le fer de lance du développement, le lieu de jonction de l'économie et de la vie sociale. La voilà allégée, restreinte comme une peau de chagrin, figurative et symbolique dans l'économie nationale. Alors que, ailleurs, on privilégie les entreprises nationales gérées comme des entités administratives ou des établissements publics, qu'on surmultiplie, dans cet ordre de marche, les projets à coefficient de capital élevé au prétexte des économies d'échelles et d'une productivité plus élevée, alors que manquent les moyens de réalisation et la main-d'œuvre qualifiée et que s'oublie une large moitié de la population piégée par la société duale ! C. Belkacem, écarté du ministère des Finances et du Plan, peu avant mon retour de Bruxelles, en 1970, revenu vers la gestion socialiste, ne peut faire que le constat de l'impasse de l'ambition socialiste et des foudres de ses opposants. Les directions du personnel n'ont plus à l'égard du travail qu'un souci comptable des ressources humaines dans l'entreprise et gèrent le personnel comme un capital, sous le paravent d'une religion des bonnes intentions. L'UGTA est défaillante alors que l'organisation taylorique du travail bien installée conduit à une stratification sociale rigide, pyramidale, hiérarchisée, discriminante dont le modèle social échappe au syndicat, alors que ce mode de travail ne lui permet pas de saisir les aspects vivants essentiels de la valeur travail et alors qu'elle se joue comme une vitalité du travail partout dans le monde où sévit la concurrence et la compétitivité, féroces, entre entreprises. La participation des travailleurs et la gestion du modèle socialiste s'est ici brisée sur une conception erronée d'usage du capitalisme d'Etat. Le syndicat unique (unique comme le Parti) n'est plus qu'une structure relais du pouvoir, assurément ni contestataire ni oppositionnelle. Les paysans n'aspirent plus qu'à exploiter pour eux-mêmes leurs propres terres (la terre est à ceux qui la travaillent, proclamait-on dès 1963), les domaines autogérés sont lourdement déficitaires, incapables de produire de quoi répondre aux besoins de la population. L'annonce de la création de 1 000 villages n'a pas soulevé d'enthousiasme. Le secteur a été délaissé, asphyxié comme pour prendre prétexte d'une prochaine réforme agraire. Chaque Wilaya attend impatiemment son programme spécial d'investissements,
annoncé en personne par le Président, par faveur disent certains, pour éviter de nourrir le régionalisme, corriger le dualisme, disent les autres. (A suivre)


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