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Slimane Azzem, Brahim Izri et Chérif Kheddam
Publié dans La Nouvelle République le 29 - 01 - 2013

Ce qui les réunit, c'est le mois de leur disparition bien qu'ils aient été de style et d'itinéraire différents. Et tous les trois ont eu de leur vivant, une audience considérable auprès d'un large public. Ils ont marqué et continueront de marquer à vie les passionnés de leurs chansons pour le rythme, la musicalité, les paroles, la forme d'un charme intense. La qualité d'artiste talentueux leur sied incontestablement. Le destin a voulu qu'ils meurent tous les trois au cours de Yennayer, mais à beaucoup d'années d'ntervalle.
Leur différence frappante dans la complémentarité est une marque dominante de leur génie. C'est pourquoi leurs poésies font l'objet de travaux de recherche en anthropologie, sociolinguistique et histoire. Nous les présentons dans l'ordre chronologique de leur disparition. Slimane Azzem Le don de versifier, il l'a hérité de ses parents et grands-parents. Même sa mère était douée pour la poésie. Il en est de même de son éloquence, unique dans les annales. Jamais, il ne sera oublié pour la beauté de son langage et la régularité de ses vers. Si le thème de l'exil a été privilégié comme celui de l'émigration dans tous ses états, c'est parce qu'il en a beaucoup souffert en tant qu'exilé forcé et à vie. Ses amis n'ont jamais cessé de le voir pleurant de ne plus pouvoir poser les pieds sur le sol natal, durant les trois dernière décennies de sa vie. Il avait des souvenirs vifs de son village, des activités champêtres de ses habitants qui ont servi de source d'inspiration pour ses premières chansons. Ses ancêtres, malgré les pires difficultés rencontrées au quotidien ont vécu heureux, ils ont apporté la preuve que le bonheur n'est pas dans la richesse mais dans les cœurs et dans la terre qui a façonné tout le monde à son image. Quant à ses chansons d'une grande diversité thématique, elles ciblent toutes les catégories sociales : les vieux, les jeunes, les femmes, les émigrés, les vicieux, les vertueux. On peut y relever toutes les qualités morales, tous les métiers et les travers humains. Les chansons de Da Slimane ne valent que leurs paroles tant la musique qui les accompagne est des plus sobres, mais tout de même belle par la flûte accompagnée de tambour, d'une mandoline. Quant à ses sketchs, ils sont d'une beauté incomparable et conçus sous forme de fables, de dialogues, de pièces théâtrales en volume réduit mais destinées à faire rire en instruisant. Slimane Azzem avait l'envergure d'un meddah de la trempe d'un aède comme Youcef Oukaci ou d'un Homère de la Grèce antique admiré par son public sans accompagnement musical. Ce qui nous autorise à faire ces comparaisons, c'est l'aspect narratif dominant dans le texte de Slimane Azzem. C'est aussi l'exhaustivité, la brièveté, les expressions populaires, la clarté de son langage émerveillantes. Moderniser les chansons anciennes, telle a été l'œuvre de Brahim Izri Ce fut un grand chanteur doublé d'un musicien talentueux. Nous le citons en 2e position par respect de la date du mort : janvier 2005 par rapport à Da Slimane, janvier 1983. Lorsqu'il nous a quittés, Brahim Izri avait une carrière inachevée mais tout de même assez riche pour ses chansons qu'on adore écouter pour leur charme musical. On ne peut pas imaginer le plaisir qu'on a de l'entendre exécuter quelques vieux airs du pays, en version moderne et que nos vieilles aimaient chanter lorsqu'elles s'asseyaient derrière un métier à tisser pour se soulager de l'absence de quelque enfant émigré ou d'un autre vivant dans les pires difficultés. Les paroles de ces vieilles compositions anonymes portaient sur la mer que prenait le fils pour aller travailler ailleurs, le non respect des devoirs sacrés. Izri Brahim a hérité de ses grands-parents, le don de jouer des instruments de musique traditionnels comme la flûte, le tambour, la mandoline, le violon en usage dans les espaces de rencontre de la région. Son grand-père vivait en contrebas de son village après qu'il avait fait un long séjour à la Mecque. On rappellera tout de même que quiconque n'a pas écouté avec délectation la voix de Izri Brahim n'a pas éprouvé les vertus thérapeutiques de sa musique envoûtante et de ses paroles qui font voyager dans les temps anciens : le vocabulaire ainsi que les thèmes des chansons étaient ceux de nos ancêtres. Il est l'élève de Chérif Kheddam. Chérif Kheddam ou l'harmonie des sons vocaux et instrumentaux Sa disposition remonte seulement à Yennayer 2012, sept ans après celle de Izri Brahim. Le jour de son enterrement, il avait fait un temps printanier dans son village natal, Bou-Messaoud, sur les hauteurs d'Iferhounene, à faible distance de Tizi-N'Kouilal et d'Azeron-Nethor. Jamais on n'avait vu tant de monde à des kilomètres à la ronde, accompagner le chanteur à sa dernière demeure. Et dès le surlendemain, comme si cela avait été programmé, il y eut une baisse de température suivie d'une chute de neige jamais connue dans l'histoire, une couche dépassant largement les deux mètres. Des images apocalyptiques avaient été prises par des photographes amateurs. A la différence des deux autres chanteurs qui nous ont quittés en Yennayer, Cherif n'a pas appris le français. Il n'y avait pas d'école primaire de son temps, contrairement aux autres régions. Kheddam a eu la chance de fréquenter la zaouïa familiale ouverte par un des ancêtres, Mohand-Oubelkacem. Dans cet établissement comparable à ceux que nos ancêtres avaient implanté un peu partout en Kabylie avant l'occupation française, avait pour mission d'assurer un enseignement du Coran et de la langue arabe. Il est resté jusqu'à sa mort sain de corps et d'esprit. La zaouïa comme toutes les autres prenaient en charge l'hébergement et la nourriture des élèves. Ses longs séjours en France lui ont été plus que bénéfiques : il avait travaillé pour vivre et faire vivre les siens restés au pays en joignant l'utile à l'agréable : l'émigration lui a permis d'apprendre aussi, la musique dont il avait de réelles prédispositions pour devenir un chanteur émérite. Chérif est l'auteur de ses chansons qui ont cette vocation de ressourcer ceux qui n'arrivent à retrouver leurs racines. Quant à sa musique moderne, il l'a lui même inventée et appliquée à la chanson kabyle puisque la plupart des chanteurs modernistes ont été ses élèves.

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