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Une femme instruite vaut son pesant d'or (Kateb Yacine)
Publié dans La Nouvelle République le 09 - 03 - 2013

Bien que cette citation soit universelle, elle est de Kateb Yacine, écrivain hors du commun qui l'applique à la femme algérienne.
Si on a cherché à les cloîtrer et à les bâillonner, c'est pour faire d'elles ce qu'on veut. Il est difficile de tromper ou de dominer une femme qui a décroché des diplômes : elle a travaillé pour mériter les droits de la dignité, à l'égalité. Son niveau de culture qu'elle a acquis de haute lutte, lui ouvre largement les horizons. Pour en avoir la preuve, il suffit de voir cas par cas, autour de soi. L'école libératrice Les anciens en avaient conscience, y compris les instituteurs dits indigènes qui malgré leur niveau de connaissances, avaient interdit l'école à la fille pour qu'à l'avenir, elle devienne soumise corps et âme à son mari. L'un de ces instituteurs qui vivait dans un logement d'école, faisait la chasse à sa fille dès qu'il la voyait s'approcher des classes. Mais celle-ci réussissait à lui échapper, parfois. Elle rentrait dans une classe et arrivait à assimiler tout ce qui s'y disait. Il paraît qu'elle avait un quotient intellectuel bien supérieur à la normale. Et les récitations qu'elle avait saisies au vol étaient bien gravées dans sa mémoire jusqu'à la vieillesse avancée. C'est pourquoi, les parents dans leur grande majorité n'ont jamais admis l'entrée à l'école d'une fillette vu qu'elle fasse des études jusqu'en terminale. Sitôt qu'elle a appris à lire et à écrire, même médiocrement on la donne en mariage et au premier venu. Que de cas poignants d'unions conjugales précoces ont été malheureusement vécues par ce que trop précipitées pour être sérieusement durables. Ceux qui ont épousé des toutes jeunes, ont très vite divorcé parce qu'entre temps, ils ont découvert mieux et se sont remariés parfois même sans le consentement de leurs parents et même après avoir eu des enfants. On a eu le témoignage de l'une de ces filles donnée à quelqu'un qui la voulait d'urgence et qui a réussi à l'avoir dans les délais souhaités. La fille avait beaucoup pleuré, elle était intelligente et bonne pour de longues études scientifiques. «Laisse-moi au moins continuer jusqu'au bac, disait-elle sans cesse à son père pour qui l'avenir d'une fille est dans le mariage précoce, et avec le premier demandeur. Aujourd'hui, au lieu d'être émancipée, épanouie, équilibrée et instruite, elle est divorcée, dépendante. Malheureuse, malade. Pour avoir un morceau de savon, elle doit tendre la main à son frère qui souvent, selon l'humeur, l'envoie paître. Elle aurait pu avoir le droit de se marier, selon ses convenances. Qui se souvient de cette femme admirable, faisant les 1970 ans, devenue très jeune docteur en physique nucléaire, entrée en compétition dans un groupe de recherche international. Elle est pleinement comblée et joue à merveille son rôle de mère. Il s'agit de la fille d'un homme de niveau très moyen, originaire d'un village et venu s'installer en famille à Alger. La fille, surdouée, a eu la chance d'aller au lycée puis à l'université d'Alger. Et étant donné ses dons, elle a pu décrocher tous les diplômes possibles et imaginables, sans que son père n'ait eu à débourser un sou, d'ailleurs, il n'était que simple employé avec son niveau du cours moyen de l'ancien temps. D'autres filles auraient pu suivre le même cheminement si les parents avaient été raisonnables, privilégiant les garçons qui, dans la plupart des cas, sont de venus des ingrats ou des voyous. Que d'histoires extravagantes ! Les vieux barbons ont toujours été contre l'école des filles, tout en étant pour le mariage des vieux croulants avec les plus jeunes filles, en deuxième ou en troisième noce. Une vieille raconte que dans son village, on venait de finir la construction d'une école de filles, au milieu du village, alors qu'elle venait d'atteindre 6 ans. Cette école avait été ouverte dans un climat de tension. Les parents ne voulaient pas entendre parler de rentrée des classes pour les filles en vertu des traditions rétrogrades. Pour constituer la première classe, il a fallu accepter toutes les filles jusqu'à 16 ans. Mais pour les familles, le destin d'une fille est de se préparer à prendre en charge les tâches serviles : faire des enfants, cuisiner, approvisionner la maison en eau, nourrir le bétail et nettoyer les écuries, aller chercher du bois ou du fourrage sur son dos. La directrice a usé de conviction pour inciter les parents à accepter. Chaque matin, elle se présente devant les portes comme une mendiante. L'effectif arrivait à grossir au fil du temps et les filles s'étaient senties heureuses d'apprendre, jamais elles n'ont pu imaginer un milieu aussi épanouissant face à une maîtresse, pédagogue et éducatrice émérite. Aussi, les filles scolarisées incitaient leurs camarades à renter dans les rangs. Chaque matin, le groupe difficilement formé, traversait tête baissée, la place du village autour de laquelle étaient assis sur des banc en pierre, des vieux, prêts à lever la canne et qui ne tarissaient pas d'injures, voire d'insultes de toutes sortes à l'adresse de ces filles et des parents qui avaient à accepter de les envoyer à l'école. «Dans quel temps sommes-nous ? Des filles qui vont à l'école, c'est un malheur en perspective, c'est la dégradation des mœurs. Qu'allons-nous devenir ? Qu'avons-nous fait pour mériter cela ? Dieu va punir ceux qui ont planifié cette perversion», étaient là les propos qu'échangeaient ces vieux en les ruminant dès que les filles passaient. Mais un jour, excédé par tant de méchanceté, un jeune homme eut le courage d'élever la voix contre ces vieux : «Que vous ont fait ces pauvres filles dont le seul tort est d'aller à l'école au milieu du village. L'emplacement avait été choisi en prévision des réactions. Bande de vauriens qui avez fait toutes sortes de bêtises avec les femmes pendant vos années d'émigration en France. La plupart d'entre-elles vous, avez laissé là bas d'autre épouses avec des enfants. Et maintenant, après la retraite et le retour au pays, vous critiquez les filles qui vont à l'école, au centre du village. Et depuis, les vieux avaient appris à mieux se comporter. Intelligentes et férues de connaissances acquises par transmission orale Les femmes condamnées à trimer, sont devenues des malades chroniques, à la vieillesse. Elles n'ont connu que des injustices. Vous vous souvenez des récits montrant les femmes en train de manger des morceaux d'abats pendant les fêtes pour lesquelles elles ont roulé le couscous, fait cuire la viande réservée exclusivement aux hommes. «Ton frère t'a donné des coups, que Dieu te le garde, il t'a mangé ta part de viande, que Dieu te le garde», extrait du roman «Le fils du pauvre» de Feraoun, indicateur de la préparation que la toute petite fille doit faire pour devenir une femme esclave. Pourtant, que de femmes intelligentes avaient beaucoup appris au contact de leurs aînées et en accomplissant les pires corvées qui rappellent les esclaves d'Amérique qui apprenaient à parler et à réciter au milieu des champs de coton. Nos vieilles pour ceux qui les ont aimées, côtoyées, appréciées avaient mémorisé au fil des décennies, par la seule voie orale : contes, poésies, légendes anciennes, mythes, expressions populaires, proverbes, maximes, devinettes, elles ont disparu en emportant dans leur mort, tout le patrimoine culturel des ancêtre et personne n'a daigné s'occuper de recueillir toute cette production d'une beauté langagière inestimable. Les hommes de plume ont consacré des ouvrages à des chanteurs, poètes, saints conteurs, jamais à des femmes de niveau équivalent.

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