A Doha (Qatar), le Franco-Algérien Zahir Belounis est sous une forme de séquestration pure et simple. Pas tout seul, mais avec sa femme et ses deux filles. Motif : refus d'apposer sa signature sur un document du club d'Al-Jaish qui lui doit vingt-et-un mois de salaire. Le joueur, actuellement sans ressources, a décidé de porter l'affaire devant la justice qatarie. Zahir est un ancien milieu de terrain de Noisy-le-Sec de l'Île Rousse et de Saint-Lô, passé par la Malaisie (Melaka TMFC) et la Suisse (la Tour-Le Pâquier). Dans une interview qu'il a accordée à Jeune Afrique, il explique ses péripéties. «J'ai signé avec Al-Jaish, le club de l'armée, en 2007», explique-t-il et à la fin de son contrat en 2010, il informe ses dirigeants qu'il allait quitter le club. Mais «ils voulaient que je revienne... J'ai accepté de les rencontrer à Vienne en Autriche.» Depuis cette rencontre, contrats sur la table, ils arrivent à le convaincre et lui promettent de tout effacer et de recommencer à zéro avec un salaire plus intéressant et ce, en référence à ses conditions de retour au club. «Ils m'ont fait signer un contrat de cinq ans, avec un salaire revu à la hausse. Le club était en Division 2, avec l'ambition de monter. Pari tenu, «on accède à la D1, j'étais capitaine de l'équipe, et entre-temps, on m'a donné la nationalité qatarie pour disputer la Coupe du monde militaire au Brésil à l'été 2011. Et j'apprends que les nouveaux dirigeants ont engagé trois étrangers, dont Karim Ziani (Algérie).» Une fois sur le sol qatari, il apprend que seuls trois étrangers par club sont autorisés à y aller. Le club, pour éviter toute remise en cause de ses engagements, trouve une solution, en l'occurrence le prêter au club Al-Markhya qui évolue en D2, avec l'assurance de garder son salaire «et ce, en plus de celui que me donnera Al-Markhya. Or, Al-Jaish ne m'a rien versé. A la fin de mon prêt, j'ai attendu, et j'ai demandé à être payé.» Ne voyant rien venir, Zahir engage deux avocats, mais ces derniers «étaient de mèche avec certains dirigeants d'Al-Jaish lesquels m'ont fait baladé. Et puis un jour, ils me disent la chose suivante : «Tu signes ce papier affirmant qu'on ne te doit rien, et on te donne ton chèque.» J'ai refusé, alors que mes avocats voulaient que je signe. Face à ce refus, pas d'autorisation de sortie du territoire, lui a-t-on signifié «le directeur sportif d'Al-Jaish m'a fait comprendre que si je ne signais pas le document, le club ne validerait pas l'autorisation de sortie de territoire. Et sans cela, je ne peux pas partir.» Pour sauver sa peau, il fait virer ses anciens avocats, «j'en ai pris de nouveaux, des anglais. Je suis décidé à aller au bout. Un expert vient d'être nommé. Youssef Dasmal, le directeur sportif d'Al-Jaish dit que je n'appartiens plus au club, mais que j'ai toujours été payé. C'est faux ! J'ai un contrat valable jusqu'au 30 juin 2015. Ce contrat, ils ont réussi à me le subtiliser. Mais j'ai des éléments qui prouvent que j'appartiens toujours à ce club. Ils ne le savent pas, mais ce sont des documents que je vais produire lors du procès. D'ailleurs, j'habite toujours une maison qui appartient au club...» Le joueur pris ainsi dans le filet du club, ne peut malheureusement pas quitter ce riche pays tant que la justice n'aura pas tranché. Oui mais quand ? Telle est la question qui ruine sa famille sans salaire. La situation devient une spirale qui l'étouffe, et sa famille avec. «Où est passé mon argent ? Il est bien tombé dans certaines poches ! Cela fait 21 mois que je n'ai pas été payé. Pensant quitter le Qatar, je n'ai pas scolarisé ma fille aînée. Ma femme supporte très mal ma situation. L'ambassade de France à Doha suit désormais notre dossier. Ce que je souhaite, c'est qu'elle m'obtienne un visa de sortie très rapidement. Pour qu'en suite, je puisse revenir pour le procès».