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Le Premier ministre algérien confronté à la crise de confiance et à l'entropie du système d'information
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 06 - 2013

Le Premier ministre algérien, auquel je voue un profond respect et amitié, vient de reconnaître officiellement le 9 juin 2013 la défaillance de la communication institutionnelle et par la même, de la grave crise de confiance entre l'Etat et les citoyens. Si l'on veut s'attaquer à la racine mal, il s'agit de bien le diagnostiquer. Quelles sont les raisons objectives devant éviter de culpabiliser la presse tant étrangère qu'algérienne.
Il semble bien que la majorité des membres du gouvernement n'aient pas tenu compte (ou ont fait semblant) de la transformation du monde qui est devenu une grande maison de verre, où l'information n'est plus le quatrième pouvoir mais le pouvoir lui-même, cela étant un mépris pour le peuple algérien considéré comme mineur, alors que c'est un peuple merveilleux conscient, capable de sacrifices, souhaitant qu'on lui dise la vérité, rien que la vérité. Or, les trois chaînes de télévision publiques vivent encore à l'ère du parti unique et sont des copies conformes avec un gaspillage d'argent, des débats lassants animés soit par les responsables politiques et économiques proches du pouvoir soit par des intellectuels organiques (aux ordres), selon l'expression heureuse du grand philosophe italien Antonio Gramsci mais sans aucun impact ni au niveau interne ni au niveau international. Cela explique que la majorité des Algériens se détournent de plus en plus des versions officielles puisque parabolés vivant au temps réel, et de tout décalage avec des mises au point sans effets. A cela s'ajoutent, les enrichissements sans efforts d'une minorité rentière, les scandales financiers à répétition qui fait que les Algériens doutent d'une justice indépendante, accroissant cette méfiance vis-à vis des officiels. 1. Comprendre les enjeux mondiaux de la société de l'information On observe aujourd'hui une métamorphose complète du paysage médiatique mondial qui est due principalement à la combinaison dynamique de deux facteurs : l'essor exceptionnel du capitalisme financier et la «révolution numérique» qui a donné aux technologies de l'information et de la communication un essor non moins exceptionnel. Dans ce cadre, touchant la sécurité, l'intégration des télécommunications, de l'informatique et de l'audiovisuel a donné naissance à la société de l'information qui fait l'objet d'une attention particulière de la part des Etats et des organisations internationales. Cet intérêt s'est trouvé accru depuis une décennie en raison des retombées socio-économiques et culturelles des nouvelles technologies de l'information de la communication (Ntic) : la «fracture numérique» transcende en effet les clivages géographiques et traverse de part en part toutes les sociétés humaines. Comme le note un rapport volumineux pour le gouvernement français élaboré sous la direction de Nicolas Curien et Alain Muet en référence sur la nouvelle économie, les changements organisationnels qu'entraîne la diffusion des technologies de l'information se portent en réalité vers tous les secteurs de l'ancienne économie», et ce sont ces changements qui induisent une nouvelle révolution industrielle. Comme les précédentes, celle-ci résulte de la combinaison de plusieurs facteurs et se manifeste sous plusieurs dimensions, notamment : l'avènement de «l'entreprise-réseau», l'autonomisation du travail, le rôle moteur des marchés financiers dans la dynamique industrielle et les processus d'innovation, la transformation profonde de la gestion des savoirs et la montée en puissance d'une économie de la connaissance. Les TIC influencent la recherche scientifique et technique et permettent indirectement de réaliser de nouvelles découvertes qui ont à nouveau un effet macroéconomique Cela touche les changements dans l'organisation du travail, du rôle des marchés financiers avec une profonde modification des modes de financement des entreprises qui a conduit, en l'espace de quelques années, d'une économie de l'intermédiation financière dominée par le crédit à une économie de marchés financiers. Comme le note Eric Cohen dans son commentaire de cette importante étude «sous l'effet de la montée en puissance de l'information, de nombreux biens économiques deviennent des biens complexes (paquets) intégrant des prestations à façon, des biens d'expérience (dont l'utilité est difficile à apprécier à l'avance), ou des biens paramétrables (modulables selon le profil du consommateur). La prise de conscience des enjeux de la société de l'information a conduit la plupart des gouvernements à mettre en œuvre des programmes d'action portant sur le développement des infrastructures, l'administration électronique, la formation et l'éducation, la lutte contre la fracture numérique. L'internet s'est internationalisé très rapidement. En quelques années, il s'est imposé à tous les Etats, qui se sont parfois trouvés aussi démunis face à son développement qu'ils l'ont été face à la mondialisation des échanges économiques et financiers. Il est difficile de contraindre ou d'interdire sur internet. La réglementation publique traditionnelle, déjà délicate à mettre en œuvre dans l'espace international, semble encore plus malaisée pour un réseau sans frontière, en continuelle expansion, où interagissent de multiples acteurs. Ainsi, les mutations que connaît l'économie mondiale ont leur équivalent dans le domaine de l'information et de la communication. Ces nouvelles technologies de l'information et de la communication (Ntic) changent donc profondément la vie au quotidien des citoyens, le fonctionnement des entreprises de l'Etat. Tout cela entraîne de nouvelles représentations mentales et sociales. Cela est plus patent au niveau multimédia (TV, vidéo à la demande, GPS, musique...) sur les téléphones portables. Sur le plan macroéconomique, les nouveaux processus mis en place grâce aux TIC ont des conséquences sur l'analyse de la valeur des produits et services, que l'on effectuera davantage sur le cycle de vie, lequel a tendance à se raccourcir et influer sur les gains de productivité et la croissance. L'entropie et le système d'information en Algérie Il s'agit non pas de s'émouvoir mais d'analyser le fonctionnement de la société pour déterminer les causes de la désinformation. Le regretté Claude Levy-Strauss un des plus grands anthropologues définit d'ailleurs la société comme un ensemble d'individus et de groupes qui communiquent entre eux. Les groupes organisés — ceux qui poursuivent la réalisation de but définis — ne peuvent fonctionner efficacement que si les informations internes et externes circulent convenablement, notamment aux points de concentration des informations, là ou se prennent les décisions. Le fondement de la société, la constitution de la civilisation repose sur une bonne communication de tout pouvoir. Une communication qui vise à informer à faire connaître et à faire comprendre. Une communication qui vise à constituer d'une part une inter-relation entre les différentes structures de l'Etat et d'autre part entre l'administration et les différentes couches de la société. Car une mauvaise communication des appareils d'Etat ne peut que conduire au manque de crédibilité de la communication des pouvoirs publics ce qui accentue la fracture politique/citoyens et donc le divorce Etat/citoyens. Qu'en est-il pour l'Algérie ? Certaines politiques manipulent l'information et apprennent les dysfonctionnements de leur secteur par la presse nationale. Ils crient alors à la désinformation. Et lorsque c'est la presse étrangère ou les organismes internationaux qui les désavouent, ils brandissent l'étendard de la manipulation extérieure, oubliant que le mal profond est local. La transparence dans l'information pour lutter contre la désinformation, et au temps réel, nous sommes à l'ère d'internet, doit traduire une volonté politique de démocratisation. Quand plusieurs ministères et institutions locales se télescopent, cela rend l'information opaque pour des raisons de stratégies individualisées. Car existe le théorème, dit des 20-80% en management stratégique : 80% d'actions mal ciblées que l'on voile par de l'activisme ministériel ont un impact de 20% sur la société ; 20% d'actions bien ciblées ont un impact de 80% et devant tenir compte du facteur temps combinant les paramètres et les variables pour atteindre l'optimum global. Ce qui est des paramètres à court terme peut devenir variable à moyen terme, et ce qui est pris comme secteur stratégique aujourd'hui peut ne pas le devenir demain. Dans le domaine économique, l'idéal est que l'ONS ne dépende plus de l'exécutif à l'instar de l'Insee en France, mais qu'il soit un organe indépendant avec un département-analyse. Cela doit rentrer dans une autre organisation institutionnelle allant vers le regroupement de ministères pour plus d'efficacité et plus de rigueur budgétaire. L'ONS part des données micro – économiques des administrations et des entreprises, et elle les consolide à l'échelle macroéconomique. Si l'information de base est biaisée, cela donne des résultats au niveau global qui ne reflète pas la réalité. Et c'est ce que l'on constate malheureusement avec l'effritement du système d'information, où les bases de sondage sont différentes d'un organisme à un autre, aboutissant à des données que contredit la réalité. Il faut donc uniformiser les méthodes d'enquête qu'elles soient exhaustives ou par sondage. Et surtout il faut démocratiser l'information en ouvrant les médias lourds à un large débat économique contradictoire, partant du principe que personne n'a le monopole du nationalisme. Comment ne pas rappeler les annonces par les services de ministres algériens données reprises par le canal de l'APS, le 8 août 2011, la création de 1 090 435 emplois durant le premier semestre 2011, soit 181 739 emplois par mois, et l'Algérie n'ayant plus de chômeurs. On ne crée pas des emplois par décret, c'est l'entreprise avec son fondement et le savoir- faire qui crée l'emploi productif loin des emplois de la rente. L'ancien ministre de l'Habitat annonce la création de plus d'un million de logements en 2012 et son remplaçant le dément aussitôt, annonçant que les capacités de réalisations locales ne dépassent pas 30 000 par an. L'actuel ministre du Tourisme annonce en janvier 2013 une expansion et quelques jours après, courant février 2013, l'organe mondial du tourisme classe l'Algérie presque en dernier à l'échelle mondiale. Nous pourrions généraliser les contradictions
à presque l'ensemble des départements ministériels du fait de l'absence de transparence dans la communication, faute d'un dialogue serein, notamment sur la gestion de Sonatrach, sur le placement des réserves de change, (le verdict populaire: on veut tous notre part de rente), sur le bilan physico-financier de la dépense publique colossale sans précédent depuis l'indépendance politique , entre 2000/2013 et son impact réel, de moins de 3% de taux de croissance (moyenne 2000/2013) alors qu'il aurait dû être de plus de 10%. Idem sur le taux réel de chômage contredit par les tensions sociales généralisées et le taux d'inflation qui laminent plus de 70% de la population algérienne. Ces données officielles biaisées sont donc contredites par la réalité et la majorité des rapports internationaux qui fait que le citoyen algérien ne croit plus ses responsables. En ce XXIe siècle avec la révolution d'internet et des télécommunications, l'information n'est pas le quatrième pouvoir mais le pouvoir lui-même. L'effritement du système d'information explique les discours contradictoires rapportés par l'agence de presse officielle algérienne par plusieurs ministres. Or après 50 années d'indépendance politique, l'Algérie n'a pas d'économie, 98% des exportations provenant des hydrocarbures en voie d'épuisement horizon 2020/2030 et important pour 70% des besoins des entreprises et des ménages Cela s'appelle le syndrome hollandais. Je ne suis pas pessimiste pour mon pays qui a d'importantes potentialités pour réaliser une transition pacifique, en dépit de la décennie sanglante. Pour cela, l'Algérie a besoin d'un redressement salutaire passant par un véritable Etat de droit, une profonde démocratisation de la société impliquant un profond réaménagement des structures du pouvoir assis sur la rente. Cela renvoie à l'urgence du rétablissement de la morale de ceux qui dirigent la Cité, si l'on veut éviter à l'Algérie un suicide collectif, condition du rétablissement de la confiance passant par la réhabilitation du travail, de l'intelligence, de l'entreprise créatrice de la richesse durable, dans le cadre de la mondialisation, fondement de la richesse de toute nation car l'entropie a atteint ces dernières années un niveau inacceptable. Le rétablissement de la confiance que souhaite le Premier ministre est à ce prix.


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