Le décès d'Ahmed Kellil a beaucoup affecté la population de la ville de Khenchela. Une grande foule composée essentiellement de personnalités, d'anciens moudjahidine et de dizaines de sportifs a accompagné le défunt à sa dernière demeure. Ahmed Kellil, plus connu sous le nom de«Sidi Ahmed» jouissait d'une grande popularité au sein de la population de Khenchela, qui s'est interrogée sur l'absence des autorités aux funérailles d'un homme qui a sacrifié sa vie à sa patrie, sa ville. Ami Ahmed, Sidi Ahmed ou Hamoud», comme le qualifiaient les intimes et les jeunes a été membre de la Fédération FLN de France, il a été emprisonné à plusieurs reprises en France et en Algérie. Selon des témoignages, M. Kellil a été arrêté et emprisonné après que les autorités françaises ont découvert qu'il militait pour l'indépendance de l'Algérie. Les mêmes témoins ont ajouté qu'il a été arrêté et expulsé vers l'Algérie pour avoir hébergé plusieurs membres du FLN alors qu'il était responsable d'un centre d'immigrés. En Algérie, il fut à plusieurs reprises interpellé par l'armée française, ont indiqué ces amis. En 1953, il signa sa première licence avec l'USM Khenchela aux côtés des chouhada Athmani Tidjani, Ben Abbes Ghazali, Hemmam Amar et autres. Après l'indépendance, M. Kellil a occupé les fonctions d'interprète au niveau du ministère des Affaires étrangères. Le multipartisme en Algérie a donné l'occasion à M. Kellil de militer dans divers partis démocrates dont le PNSD dont il était le secrétaire général de la wilaya de Khenchela. Sidi Ahmed a présidé également l'équipe de l'USM Khenchela et fut membre de l'association des amis de ce club. Au cours d'un meeting,Ami Ahmed a été invité par le président d'un parti à s'exprimer devant l'assistance. M. Kellil s'est exprimé en français pendant une dizaine de minutes avant de terminer sous un tonnerre d'applaudissement. Cela n'a pas plu au premier responsable du parti qui a tenu à présenter des excuses à l'assistance, à la suite de l'intervention de M. Kellil dans la langue de Molière. A la surprise générale M. Kellil reprend la parole et répond au président : «Vous n'avez pas à demander des excuses, M. le Président, j'ai choisi de m'exprimer avec une langue alors que je peux le faire avec au moins une dizaine de langues dont tamazight.» L'intervention de M. Kellil a de nouveau soulevé les ovations de la salle et des présents qui se sont mis debout pour scander «Sidi Ahmed, Sidi Ahmed». «Le «défaut» de «Ami Ahmed» c'est qu'il ne met jamais sa langue dans sa poche», nous a déclaré un ancien moudjahid. Il devait ajouter que rien ne peut arrêter M. Kellil lorsqu'il a des «choses» à dire. M. Kellil a réussi à convaincre des dizaines de jeunes alors qu'ils étaient sur le point de mettre le feu au siège d'une institution à la suite d'une émeute à Khenchela. En ces circonstances douloureuses, la direction de La Nouvelle République présente à la famille du défunt ses condoléances les plus sincères.