Deux ans et demi après la révolution tunisienne qui a chassé du pouvoir le président Zine Ben Ali, plusieurs cadres de l'ancien régime, surnommés les «vestiges», profitent de la crise à laquelle est confrontée le gouvernement mené par les islamistes d'Ennahda pour retrouver un rôle sur la scène politique. L'Assemblée constituante, dans laquelle ces «vestiges» n'ont obtenu presque aucune représentation à l'issue des élections législatives de 2011, a examiné un texte qui interdirait aux cadres de l'ère Ben Ali tout rôle politique et qui concernerait environ 30 000 d'entre eux. L'adoption de cette loi semble désormais peu probable, alors que l'assemblée a suspendu ses travaux, à la suite de la crise politique entraînée par les assassinats, attribués à des salafistes, de deux responsables de l'opposition laïque, Chokri Belaïd en février et Mohamed Brahmi en juillet. Dans le même temps, plusieurs responsables politiques d'avant-la révolution sont désormais actifs dans une demi-douzaine de formations, dont la plus importante est Nidaa Tounes (Appel de la Tunisie), un parti fondé par Béji Caïd Essebsi, qui a présidé la Chambre des députés au début de la présidence de Zine Ben Ali, de 1990 à 1991.»Les anciens responsables veulent revenir sous un autre nom», explique Sami Brahmi, professeur à l'université de Tunis, à propos des anciens cadres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de Zine Ben Ali, dissous à la suite de la révolution de 2011. «Ce sont ceux qui bénéficient le plus de ce qui est en train d'arriver.»