Les événements ayant eu pour théâtre samedi la maison de la culture Taos-Amrouche de Béjaïa ont fait 50 blessés parmi les policiers. «Les victimes, atteintes pour la plupart au visage par des projectiles, ont reçu les soins nécessaires à l'hôpital Khellil-Amrane, a précisé une source indiquant qu'«aucun cas grave n'a été enregistré. Des confrères de la presse ont été également blessés. Ces incidents, contraignant Abdelmalek Sellal, directeur de campagne du président candidat à annuler son meeting «pour des mesures de sécurité», avaient commencé en début de matinée. Malgré l'intervention des brigades anti-émeutes, quelques-uns, profitant d'un moment de flottement, ont réussi tout de même à s'introduire à la salle où devait se tenir le meeting, détruisant le portail et saccageant partiellement le hall de l'établissement, et l'habillage mural de l'entrée de la maison de la culture de Béjaïa. Des éléments d'ornementation, notamment un bateau artisanal gigantesque et quelques fresques, ont subi également leur furie. Un véhicule d'un particulier en stationnement dans les parages a été aussi incendié, des affrontements ont eu lieu aux alentours de cet établissement mais aussi dans les rues adjacentes, truffées de barricades, faites de conteneurs à ordures et de pierres. Les manifestants ont tenté d'atteindre de nouveau cet espace culturel phare de la ville pour l'incendier. La maison de la culture de Béjaïa a été partiellement incendiée. Une aile du bâtiment a été détruite ainsi que l'espace d'accueil, situé à l'entrée, selon ses employés qui signalent que quelques heures plutôt, au terme d'une première agression, «du mobilier et des éléments d'ornementation ont été vandalisées». Ali Benflis, a appelé hier depuis In Salah (Tamanrasset) au respect de la liberté d'expression en «toute circonstance», précisant que cette valeur constituait la «pierre angulaire» de son projet de renouveau national. Le chargé de la communication au niveau de la direction de campagne du candidat du Front El-Moustakbal, Abdelaziz Belaid, Ahmed Bensebane, a déclaré : «Nous condamnons toute forme de violence entre Algériens», ajoutant que «tout citoyen est en droit d'avoir un avis politiquement différent, qu'il soit pour ou contre le boycott ou même partisan d'un quelconque candidat». La secrétaire générale du Parti des travailleurs Louisa Hanoune, a de son côté qualifié l'empêchement de la tenue d'un meeting à Béjaïa de Sellal par des centaines de manifestants de «dérive dangereuse et inacceptable». «Cela ne ressemble pas aux habitants de la wilaya de Béjaïa qui ont une tradition démocratique», a-t-elle ajouté. «C'est le système du parti unique qui a privé le peuple du droit de l'expression libre, car chacun est libre d'exprimer son opinion mais dans le respect et sans que cela risque de nous entraîner vers le dérapage», a-t-elle mis en garde. Le président de la Commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle du 17 avril (CNSEL), Fateh Boutbik, a vivement condamné les incidents survenus à Béjaïa, précisant qu'«aucun rapport officiel n'a été établi, pour le moment, sur ces événements» ; la CNSEL a «dépêché son représentant au niveau de cette wilaya pour faire le constat». Selon lui, une réunion sera tenue «après avoir tous les détails des faits, pour prendre les mesures adéquates, conformément à la loi».