Au vu des statistiques comparatives entre les différents cycles de la fièvre aphteuse, l'épizootie semble jugulée. Avec près de 900 bêtes malades qui ont été abattues, comparées aux 9 000 de 1999, on peut conclure que la situation est bien maîtrisée. Nous pouvions faire mieux si la profession était organisée et avait participé effectivement à la détection et au confinement des exploitations touchées par le virus. C'est ce qu'a déclaré en substance le ministre de l'Agriculture, Abdelouahab Nouri, lors de ses différentes dernières interventions, et le directeur de la santé vétérinaire ainsi que le secrétaire général, Fodil Ferroukhi lors de la dernière conférence de presse animée au siège du ministère. Comment a été inoculé le virus ? D'abord, il faut recadrer la lecture car en ces derniers temps il y en a plusieurs : il y a ceux, défaitistes et alarmistes, qui entretiennent un certain amalgame pour occuper le devant de la scène en titrant en gras «la faillite du système» et en développant une information des plus correctes. Ce qui explique le décalage entre le journaliste et la chefferie de rédaction. Sans pour autant faire la part des choses. Le virus nous est venu de Tunisie et il continuera de traverser les frontières s'il n'y a pas une mobilisation sereine des gardes-frontières. Le troc est une démarche généralement consensuelle des Etats voisins à la demande des populations transfrontalières. Ces dernières années, la situation instable du pays voisin a influé sur l'économie et en particulier sur l'agriculture. Les cheptels ovin, bovin et camelin ne sont plus vaccinés comme auparavant. Les agriculteurs soufis ont produit en grande quantité de la pomme de terre, les transformateurs tunisiens n'en ont pas meilleurs produits. Habituellement, et durant les débuts des années 2000, l'échange se faisait avec des balles de chiffon de friperie. Depuis la mort de Bouazizi, les choses ont évolué et muté. L'échange se fait désormais comme suit : 20 tonnes de pommes de terre contre sept taurillons. La pomme de terre étant cotée à 22 dinars le kilogramme en gros, donc, un semi-remorque de 20 tonnes est estimé à 440 000 DA. Les sept taurillons sont revendus sur les marchés des wilayas de Sétif et de Bouira au bas mot à 110 000 DA par tête. Sauf que le certificat sanitaire n'est pas demandé. Ces veaux sont achetés en l'état pour être engraissés. C'est comme cela qu'a été inoculé à notre cheptel le virus aphteux. Le ministre a déclaré que l'Etat a déposé une plainte contre «X» pour introduction du virus. Un virus d'un nouveau type Le virus aphteux habituel et de type «O» mais depuis 2007, il y a eu apparition en Libye d'un nouveau type dit «A», qui a été introduit en Tunisie. Ce nouveau type de virus résiste aux anciens vaccins. Donc, il faut un nouveau vaccin qui doit être préparé : c'est le cas actuellement. Dans le monde, il existe deux laboratoires qui fabriquent ce type de vaccin et il y a bousculade au portillon pour les commandes. Pour obtenir la quantité nécessaire, il faut payer à l'avance et attendre. L'Algérie a réglé la somme rubis sur l'ongle l'achat d'un million de doses et attend la livraison. Actuellement, ce sont soixante pays qui sont touchés par l'épizootie, comme la Russie, la Chine, la Turquie et l'Afrique du Sud. Cette épizootie est cyclique, sa réapparition est régulière, elle revient tous les dix ans. Après celles de 1989 et de 1999, alors que l'Algérie s'attendait à être désignée par l'OIE comme pays indemne de la fièvre aphteuse,qu'en est-il aujourd'hui ? En Tunisie, le cheptel bovin est en train d'être décimé sans que l'Etat ne bouge le petit doigt et ce, à cause de l'ordre des priorités. En Libye, le cheptel risque de disparaître si ce n'est déjà fait. En Algérie, par contre, ce sont les différentes campagnes de vaccination qui ont sauvé les cheptels bovin et ovin. On peut avancer que la situation est maîtrisée et que le plus dur est passé. Il ne faut pas se fier aux chiffres qui étaient en deçà de la réalité, mais depuis moins d'un mois environ, les choses évoluent progressivement et la machine s'est mise en place. Interdiction de déplacer le bétail et non-tenue des souks hebdomadaires Ces deux mesures phares et contraignantes pour les éleveurs d'ovins surtout ont permis de contenir cette maladie . Tous les médecins vétérinaires ont été mobilisés pour la circonstance. Le ministre de l'Agriculture a tenu à rendre hommage à ce corps de métier. Il dira que c'est grâce à leur dévouement que cette épizootie est contenue. Il le dira deux jours avant que les voitures bétaillères ne soient réglementées.
