L'Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de réagir à la demande de report de la CAN, formulée par le Maroc à la CAF en raison des risques que feraient peser le virus Ebola sur le pays, en affirmant dans un courrier adressé à «Akhbar Alyoum», que la décision du Maroc est souveraine et que l'OMS la respecte. Dans cette lettre, l'organisation onusienne se dit «respecter la décision souveraine de Rabat d'ajourner la compétition, se fondant sur la demande soumise par le ministère de la Jeunesse et des Sports à la CAF», qui consiste à reporter le rendez-vous continental programmé du 17 janvier au 8 février. Mais, la réaction de cette organisation mondiale mérite bien une analyse, non scientifique, bien entendu, mais une analyse qui nous invite à décrypter le sens des mots de sa porte-parole Fadila Chouaïb, et ce, au moment même où ce pays «au nom de la solidarité africaine», accueillait une importante délégation avec treize ministres et une centaine d'hommes d'affaire, tous originaires de Guinée, pour un forum bilatéral. Il a ensuite ouvert les portes de Marrakech au 9e forum pour le développement économique de l'Afrique, organisé par la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique ! Sur la question de l'épidémie rien n'a été soufflé. Alors pourquoi, le football ? L'OMS le dit, la contamination s'opère par contact physique avec un individu atteint par le virus, et plus particulièrement par la salive, la sueur, la transpiration et les expectorations pulmonaires ou digestives, il n'y a aucune crainte à avoir à l'endroit de personnes ne présentant pas de symptômes de la maladie. «Si une personne ne présente aucun des symptômes de la maladie au virus Ebola, c'est qu'elle n'est pas contagieuse». La palisse n'aurait pas dit mieux. Poursuivant sa déclaration, elle rappelle à ceux qui l'ignorent que «les jeunes joueurs sont des personnes à forte constitution physique, soumises en permanence à des examens médicaux. Et donc, les personnes atteintes du virus Ebola sont visibles à l'œil nu. Et les footballeurs malades n'ont pas le droit de participer à la compétition de la CAN». L'OMS cherche-t-elle à porter, malgré elle, le même costume que celui de nos frères marocains ? Elle ne trouve pas la meilleure sortie, elle se fait tout simplement piégée par ses mots : «Les personnes qui ne doivent pas se déplacer ni entrer en contact avec d'autres sont celles atteintes par le virus Ebola. Et du fait les ressortissants de l'Afrique de l'Ouest doivent se soumettre à des contrôles avant de voyager (contrôles de température), de même qu'ils sont tenus de remplir des questionnaires. Nous pensons que tout risque de contamination est écarté». Donc, la CAN est possible au Maroc. Or, selon des sources bien informées, rapportées par le journal «Akhbar Alyoum», la demande de report de la CAN, annoncée par un communiqué du ministère de la Jeunesse et des Sports, a été prise au plus haut niveau politique marocain. Ces sources ajoutent que «cette décision est scientifiquement justifiée et fondée sur des éléments très précis, et qu'elle confirme le souci du Maroc de veiller sur la santé de ses populations, mais également sur celle des citoyens africains, le Maroc refuse donc de prendre le risque de voir cette épidémie se propager dans d'autres régions du monde». L'OMS aurait-elle perdu sa voie ou sa voix ? Une réaction qui se rangerait du côté de ceux qui pensent que la compétition peut se dérouler sans pour autant traîner derrière elle, cette menace du virus Ebola. Le Maroc reconnaît officiellement, par la voix de son ministre de la Santé, que le royaume ne connaît aucun cas atteint par le virus Ebola. Il a adopté une stratégie préventive particulière consistant à garder ses frontières ouvertes aux Subsahariens, mais tout en développant une politique de précaution très active. En attendant, la CAF reste dans l'attente de candidats. Et aujourd'hui encore, selon un responsable du football sud-africain, sous le couvert de l'anonymat, a expliqué que cette demande avait été adressée à plusieurs pays, dont on ne connaît pas le nombre exact. Enfin, la Guinée et la Sierra Leone, en course pour la CAN-2015, jouent leurs matchs à domicile en dehors du pays. Le Liberia, lui, a d'ores et déjà été éliminé. Hôte du Mondial-2010, l'Afrique du Sud a déjà suppléé la Libye pour l'organisation de la CAN-2013. Le Ghana a organisé les CAN de 1963, 1978 et de 2008.
