Deux jeunes journalistes syriens, engagés dans la lutte contre l'Etat islamique (EI) ont été retrouvés décapités, vendredi 30 octobre, dans l'appartement qu'ils occupaient à Urfa, dans le sud de la Turquie. Ibrahim Abdel-Qader, âgé d'à peine 20 ans, était l'un des membres fondateurs du réseau Raqqa is Being Slaughtered Silently (« Rakka se fait massacrer en silence », RBSS), qui rassemble des informateurs secrets sur la vie à Rakka, la capitale de l'Etat islamique en Syrie. Le jeune homme collaborait aussi avec Eye on the Homeland, un autre collectif, spécialisé dans la contre-propagande anti-EI. La seconde victime, Farès Hamadi, œuvrait également pour cette organisation. Les deux militants coordonnaient depuis Urfa la mise en ligne de vidéos et de photos, prises par leurs contacts clandestins, à l'intérieur de Rakka. Ces documents exclusifs, captés à l'aide d'un téléphone portable, au prix de risques énormes, dépeignent non seulement les exactions perpétrées par les membres de l'EI, mais aussi le quotidien de la ville, fait de privation de nourriture, de pénurie d'électricité et de bombardements, très loin du « paradis panislamiste » promu par les propagandistes de l'EI. « Une cible importante pour Daech » Selon Abou Ibrahim Al-Raqqawi, le pseudonyme d'un autre membre de RBSS, les deux activistes ont d'abord été tués par balle avant d'être égorgés. Si aucune revendication formelle n'est pour l'instant apparue, les partisans de l'EI sur les réseaux sociaux se sont bruyamment félicités de leur exécution. Selon un conseiller politique de l'Armée syrienne libre, la branche modérée de l'insurrection syrienne, joint par téléphone à Urfa, la responsabilité de l'Etat islamique dans cette opération ne fait aucun doute. « Ibrahim était une cible importante pour Daech [l'acronyme arabe de l'EI], dit-il.