Le football est-il si ingrat pour renier les siens ? Quand on voit les anciens footballeurs, ceux qui ont fait les beaux jours de cette discipline, frappés d'ostracisme, on est tenté de répondre par l'affirmatif et dire haut ce que tout le monde pense bas. Si, dans les autres pays, ce même football montre toute sa gratitude envers ceux qui l'ont élevé au plus haut niveau, ce n'est malheureusement pas le cas en Algérie où des générations entières d'anciens joueurs ont été sacrifiées sur l'autel des intérêts et des calculs étroits. Par reconnaissance à tout ce qu'il a donné au Real Madrid, Zinedine Zidane vient d'être récompensé d'une fort belle manière alors que Madjer, pour ne citer que lui, est uniquement réduit à des passages sporadiques sur les plateaux des chaînes de télévision autant que son confrère de circonstance, Ali Bencheikh. Ils n'ont plus de place sur un terrain de football, investi par des affairistes de bas étage. Belloumi, Assad, Dahleb, Maroc, Cerbah, Bensaoula et j'en passe, ne trouvent plus des clubs preneurs ni ne sont sollicités par la fédération pour rendre à ce football toute sa splendeur. Des inconnus au bataillon, arrivistes ont tout fait pour les écarter du circuit. Ils ont réussi dans leur œuvre destructrice puisque trop peu d'anciens joueurs ont réussi leur conversion et résisté à toutes les tempêtes qui ont emporté dans leur sillage de vrais footballeurs capables de donner encore plus à la discipline. Un peu partout, là où le football est préservé de toutes les basses manœuvres, les anciens sont toujours respectés et jouissent de tous les égards. Ils sont présents sur les terrains et, reconnaissants, ils rendent à ce football la monnaie de la pièce tout en montrant une grande disponibilité à aider les jeunes et à former des générations entières de footballeurs. Ce qui n'est malheureusement pas le cas chez-nous où ils sont déclarés persona non grata.
