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De la compétence du changement
Publié dans La Nouvelle République le 29 - 02 - 2016

Tous les hommes sensés se posent légitimement des questions sur le changement lorsque la confusion et l'insécurité s'installent poussant l'homme commun à perdre espoir et sombrer à son tour dans le cynisme et le nihilisme. Lorsque l'homme ne se pose plus de questions ou ne trouve plus de réponses convaincantes alors il se réfugie dans le fatalisme, le déni de vérité ou dans la folie qui fait de lui un instrument supplémentaire dans l'insenséisme.
Les partisans de l'immobilisme cultivent la confusion, les fausses priorités et les fausses préoccupations pour éviter que l'idée de changement ne s'impose à la conscience et lorsqu'elle devient évidente alors il faut que les moyens pour la réaliser deviennent impossibles ou non consensuels. C'est ainsi que la question qui sape le moral et invite à la démission vient se poser à la société devant toute idée réformatrice et toute proposition à produire de la pensée par le débat serein et sérieux : Tant de belles phrases dans les livres et les discours, mais personne ne nous dit qui, quoi, et comment faire ?
Nul ne détient la réponse miraculeuse. C'est à la société d'inventer sa propre stratégie en commençant par produire ses idées et à donner de la compétence à l'élite qui la représente. Donner compétence c'est donner légitimité morale et intellectuelle par la reconnaissance sociale envers ceux qui ont littéralement la capacité de moudre les idées et les connaissances (de l'arabe, tadriss, dirassa) pour en extraire la moelle substance. Il ne s'agit donc ni du jeu électoral et partisan ni du positionnement mondain que donne un diplôme, un rang ou une fonction.
Chacun doit se mettre en mouvement selon ce que lui dicte sa conscience et ce que lui permettent ses savoirs, ses moyens, ses possibilités et ses conditions :
{Dis : « O mon peuple ! Agissez selon votre compétence, moi j'agis [selon la mienne]. Car bientôt vous saurez celui qui va gagner ! » Il ne fait point cultiver les injustes.} Coran.
Tout ce que Dieu a créé est en mouvement, en effort d'adaptation, en évolution. Il n'y a pas de place à l'immobilisme. L'homme est dans un mouvement plus complexe, celui de l'existence biologique et celui des idées, de la foi et des actes. Rien n'est acquis définitivement, tout est réversible, car tout est en devenir :
{Ne lui avons-nous pas fait deux yeux, une langue, et deux lèvres ? Et nous ne lui avons pas donné les deux voies ? Il n'a pas affronté l'obstacle.} Coran
Tout bouge, mais en relation avec les autres. Ainsi la science n'évolue que lorsque les disciplines se croisent et les compétences se multiplient et interagissent entre elles. Il en va de même dans le domaine des idées, de la politique et de la société. On ne peut imaginer une évolution alors qu'on transpose mécaniquement des connaissances du passé, une compilation livres que des informations ou une importation de «prêt-à-penser». Tout projet de mouvement doit être remis dans son contexte.
C'est ainsi que les experts ont défini l'environnement comme l'ensemble des facteurs écologiques, politiques, économiques, sociologiques, juridiques et psycho affectifs qui exercent une influence sur nous ou qui subissent notre influence. Un coup de force militaire ou une élection dans un cadre bureaucratique ne sont pas suffisants pour générer du changement lorsque l'environnement leur est défavorable ou lorsque les mécanismes d'action sur cet environnement sont méconnus.
Lorsque l'environnement est occulté, on parvient à l'impuissance ou à l'entropie. Le changement ne s'improvise pas : «il faut des visions claires et des moyens efficaces». Personne ne peut faire l'économie du mouvement et du changement :
{Tels sont les jours, nous les faisons alterner entre les gens} Coran
«Ou bien vous prenez le changement par la main, ou bien il vous prend à la gorge » Churchill.
L'homme en optant pour la facilité, la paresse et l'irresponsabilité ne se met pas en quête de son devenir qui passe par la confrontation du Moi à la conscience et par l'accomplissement du devoir envers autrui en lui apportant soutien et assistance pour l'affranchir de la servitude, de la faim, de l'ignorance, de l'oppression qui accompagnent ou annoncent l'immobilisme. Il progresse ou régresse, Il est en harmonie ou il transgresse, il choisit ou renonce, il se met dans l'ignorance ou cherche la connaissance, il prend position pour la vérité ou pour le mensonge, il est dans la réalité ou dans le fantasme... L'équilibre est donc précaire, transitoire, car l'obstacle est multiple, changeant, complexe.
C'est en cherchant l'équilibre que l'homme se met en mouvement et c'est par le mouvement qu'il parvient à maintenir son équilibre. C'est en se déterminant face à l'obstacle que l'homme définit son rapport au bien, au vrai, au beau et au juste ainsi qu'à leurs antagonismes. Il ne s'agit pas de s'inscrire dans une majorité formelle numérique, mais de participer comme force qualitative et agissante en synergie avec d'autres forces qualitatives et agissantes pour imprimer ses principes et sa dynamique à l'Histoire. Insulter les « généraux » ou vouloir renverser un régime sous quelque prétexte sans être porteur de mobilité et de force de changement aptes à vaincre l'inertie du système en place est contre les lois de la physique.
L'histoire est une alternance déroutante pour le « non initié » qui ne voit ni les obstacles ni les confrontations sociales entre ceux qui posent les obstacles et ceux qui les surmontent et les enlèvent:
{Tels sont les jours, nous les alternons entre les hommes} Coran
Nous avons tendance à lire le Coran selon les traductions fallacieuses des orientalistes et les interprétations belliqueuses des savants musulmans qui cherchaient un ennemi pour justifier la décadence musulmane au lieu de chercher l'explication morale, intellectuelle et politique de la faillite du système (gouvernants et élites y compris religieuses).
Ainsi la Sunna d'Allah du Dafa'â (دفع) a été comprise uniquement comme repousser les opposants intérieurs et les ennemis extérieurs par la force répressive et l'action militaire. Alors qu'il s'agit globalement de motiver (spirituellement, intellectuellement, économiquement, politiquement et le cas échéant militairement) pour mobiliser l'ensemble des forces qui agissent sur les mentalités, les espaces et l'histoire en vue d'instaurer une présence civilisée qui impose la paix, inspire le respect, promet le progrès et mérite l'admiration :
{Si Allah ne motivaient pas les hommes, les uns par les autres, la terre serait corrompue.} Al Baqarah 251
{Si Allah ne motivaient pas les hommes, les uns par les autres, des monastères seraient détruits, ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosquées où le Nom de Dieu est beaucoup invoqué.} Al Hadj 42
C'est par la motivation que les gens entrent en rivalité entre eux lorsqu'il y a divergence d'intérêts ou de sens et c'est par la motivation que les gens établissent des relations et des alliances pour défendre et sauvegarder leurs intérêts et leurs valeurs. La motivation est, pour le vivant, le phénomène qui déclenche l'action et régule son engagement pour une activité précise c'est-à-dire une série d'actes organisés en vue de réaliser un objectif inspiré par le désir (plaisir) ou la crainte (déplaisir). Elle en détermine le déclenchement dans une certaine direction avec l'intensité souhaitée et en assure la prolongation jusqu'à l'aboutissement ou l'interruption.
Etymologiquement motiver et émouvoir sont le fait de se mettre en mouvement c'est-à-dire de changer ontologiquement (vouloir, savoir, pouvoir, devoir, croire et agir) et psycho affectivement (aimer ou haïr, désirer ou répugner) face à une nouveauté qui arrive ou à un nouveau qu'on attend. Dans tous les cas, il s'agit de vaincre l'inertie de l'immobilisme et la remplacer par l'inertie du mouvement. L'acte final de repousser l'ennemi ou d'imposer un rapport des forces n'est qu'une résultante des forces intérieures et extérieures qui agissent sur le moi individuel ou social, cette résultante est l'ultime étape.
Dans le Coran le Dafa'â (دفع) est toujours la mise en mouvement vers ce qui est le plus utile (al Aslah) et le plus favorable à la paix et à la concorde. L'alternance ne peut être une idée religieuse réformatrice lorsque les savants qui la proclament sont eux-mêmes des rentiers et des compilateurs des savoirs anciens. L'alternance des civilisations, des pouvoirs, des sociologies, des propriétés, des idées, des savoirs et des jours n'est pas le constat du déterminisme matérialiste qui imprime le changement par le rapport des forces.
Le constat du matérialisme dialectique (rapports de production) n'est pas faux, il est insuffisant pour expliquer l'alternance, car l'alternance est une loi universelle qui régit l'économique et le l'idéologique, l'infrastructure et la superstructure, le vivant et l'inerte, l'humain et le cosmique, l'Histoire et la thermodynamique, la biologie et l'émotion, la jeunesse et la vieillesse, la vitalité et l'épuisement, l'élan initiateur qui vainc les inerties et l'inertie qui consacre l'immobilisme, la grandeur et la décadence, l'éveil et l'inconscience, la vie et la mort... La loi de l'alternance met en interaction des forces et des inerties accumulées et en émergence pour produire le changement lequel se cristallise en consommant du temps, en se déployant dans les espaces et en concernant de multiples registres objectifs et subjectifs, ontologiques et sociaux.
La loi de l'alternance ne concerne pas seulement le principe de l'alternance donc celui du changement elle concerne aussi le rythme, la forme et les moyens du changement : pacifique ou violent, rupturiel ou évolutif/adaptif, contrôlés ou échappant à tout contrôle, prévu et anticipé ou imprévu et soudain. L'alternance (la succession de cycles) ne se fait ni d'une manière linéaire ni uniforme ni discontinue ni indifférenciée en termes de potentiel de ressources.
Elle ne se fait pas en s'attaquant aux gouvernants, aux militaires ou aux journalistes d'un pays sans connaissance des conditions de leur émergence et de leur domination. Ce sont ces conditions qu'il faut changer. La condition la plus difficile est celle du moi individuel et social c'est-à-dire celle des mentalités façonnées par la géographie, l'histoire et la culture d'un peuple. Dogmatiser l'analyse du changement dans le cadre d'un seul registre puis se mobiliser autour du positionnement social, idéique et politique ou religieux par rapport à ce registre c'est une dérive idéologique qui ne sert ni la vérité ni le changement.
La dérive idéologique ou doxologique consiste à considérer son opinion sur la manifestation parcellaire et imparfaite de la vérité comme étant la Vérité. La vérité et la réalité sont trop complexes pour se résumer à une opinion, à un fait, à une théorie, à une manifestation ou à un registre. Les conclusions de Boris Cyrulnik sur la psychanalyse peuvent être transposées à l'islamisme, au marxisme et aux «isme» qui veulent faire d'un processus d'analyse par lequel une partie de la vérité s'est manifestée à eux comme étant la seule vérité vraie, exclusive, irréversible et irréfutable qui exclut toute différence en termes de discipline, hypothèses, de mode de raisonnement, de changement de perspective ou de point de vue : «On assiste ensuite à la formation de «clans» fermés les uns aux autres, et repliés sur eux-mêmes.
Ils ont une» théorie» hors de laquelle point de salut. Une théorie a pour but et pour intérêt de présenter une cohérence... Mais cela peut virer parfois à la perversion ou à la paranoïa. Si l'on n'est pas reconnu par le clan, on est exclu. Les membres restent entre eux...
Dès lors, la théorie paraît de plus en plus cohérente; le clan se sent de plus en plus fort, mais c'est une illusion, car vient le moment où, faute de faire de la recherche, de remettre en question la théorie, celle-ci se trouve désadaptée à la réalité. Et là, elle peut s'effondrer sur une simple pichenette... «Appartenir à un clan, c'est la pensée paresseuse». On récite un catéchisme, on fait du psittacisme... ».
La probité intellectuelle devrait peut-être consister à afficher le processus mental, la rhétorique et l'argumentation par laquelle le théoricien exprime sa vérité. Le mieux serait encore de le voir exprimer le processus par lequel il accède aux manifestations de la Vérité, et qu'il affiche clairement la différence entre la vérité et la réalité avec son modèle de vérité et de réalité. Le questeur de vérité ne doit pas faire apprendre des formalismes, mais faire apprendre à formaliser selon la formule kantienne.
(A suivre)


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