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FIFA-Qatar-Norvège GNRD
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 09 - 2016

Acquéreur du paquebot de prestige «France» rebaptisé «Norway», la Norvège est un lieu chargé d'un lourd symbolisme particulièrement, Oslo, dont le siège du gouvernement a certes fait l'objet d'un attentat meurtrier, vendredi 22 juillet 2011, mais qui est passé à la postérité pour avoir servi de cadre aux négociations qui ont débouché sur les premiers accords directs israélo-palestiniens, les accords d'Oslo, le 13 novembre 1993.
Depuis dix ans, on laisse le discours islamophobe devenir légitime. On l'entend aujourd'hui sur les grandes chaînes de télévision. C'est trop facile de ne pointer que les radicaux. En France, le discours de l'extrême droite radicale n'est que la caricature de celui entendu à l'extrême droite traditionnelle, à l'UMP, ou dans une partie des intellectuels de la gauche laïque. L'islamophobie est une idéologie de masse qui imprègne lentement la société française, au-delà européenne, observe Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l'extrême droite, pointant la responsabilité tant de l'extrême droite radicale française, que de l'UMP, des intellectuels de la gauche laïque ou les grandes chaines de télévision. «L'argumentaire islamophobe est né à la marge, dans l'extrême droite radicale, avant de se diffuser dans la société française, au-delà en Europe. Les guerres dans l'ancienne Yougoslavie ont marqué un tournant, avec les premières diffusions de l'idée que l'Europe est en cours d'islamisation. Y compris dans les hauts rangs de l'état-major français et dans une partie de la gauche laïque circulait l'idée que la Serbie était, au Kosovo, en train de défendre l'Europe contre l'islamisation. Depuis dix ans, on laisse le discours islamophobe devenir légitime. On l'entend aujourd'hui sur les grandes chaînes de télévision. C'est trop facile de ne pointer que les radicaux. En France, le discours de l'extrême droite radicale n'est que la caricature de celui entendu à l'extrême droite traditionnelle, à l'UMP, ou dans une partie des intellectuels de la gauche laïque. La terminologie utilisée en France évoque sans cesse, à des degrés divers, l'invasion, la colonisation. À partir du moment où on suggère sans arrêt aux gens qu'ils sont envahis, il est logique qu'au bout d'un moment, cela arme certaines personnes. C'est une idéologie de masse qui imprègne lentement la société», explique-t-il dans une interview à Libération parue le 25 juillet 2011. La première conférence «transatlantique anti-islamisation» Cette lune de miel sans accroc devait se conclure par un grand cérémonial à Strasbourg l'été 2011 avec la première conférence «transatlantique anti-islamisation». Prévue samedi 2 juillet 2011, la conférence n'a finalement pas eu lieu. Les organisateurs l'ayant annulé par suite du refus de l'Institut catholique de leur accorder une salle. Le plateau devait réunir les principales têtes de pont de l'islamophobie de part et d'autre de l'Atlantique. Christine Tasin et Pierre Cassen de Riposte Laïque/Résistance Républicaine devaient y prendre la parole, ainsi que Fabrice Robert, le président du Bloc identitaire. Les organisateurs avaient également convié Roberta Moore, représentante de la «section juive» de l'English Defence League, ainsi que Pamela Geller, une activiste américaine, proche de John Bolton, un faucon de l'administration de George W. Bush dont il fut l'ambassadeur auprès des Nations Unies.Auteure du livre «La présidence post-américaine : la guerre de l'administration Obama contre l'Amérique», Patricia Geller anime aussi «Stop islamization of America». Le Danois Anders Gravers, qui a fondé dans la foulée de l'affaire des caricatures de Mahomet, le groupe «Stop à l'islamisation de l'Europe», était l'une des chevilles ouvrières de ce rassemblement. Tous ces grands démocrates, porteurs de civilisation, donneurs de leçon, devraient pourtant se souvenir, dans l'intérêt de la crédibilité de leur message universel, de cette règle d'hygiène morale, qu'ils devraient ériger en ligne cardinale inaltérable : Nos amis sont nos amis, nos ennemis sont nos ennemis, mais les ennemis de nos ennemis ne sont pas nécessairement nos amis. Anders Breivik : Populiste, anti-islam, anti-immigrés mais libre-échangiste Anders Behring Breivik ne s'est aucunement revendiqué comme issu de la mouvance néo-nazie ou fasciste traditionnelle mais il a été membre du parti populiste norvégien, le Parti du Progrès (FrP) entre 1999 et 2006. Dans le texte de 1500 pages que Breivik a publié sur Internet avant de passer à l'acte, il développe sa pensée : incompatibilité de l'Islam et de la démocratie, remise en cause des libertés par les migrants musulmans, menace sur la culture européenne, etc. Cette base de pensée est le fonds de commerce du néerlandais Greet Wilders. Même si ce dernier a déclaré «mépriser tout ce que (Breivik) symbolise et tout ce qu'il a fait», Breivik est probablement le premier résultat extrême de cette nouvelle école politique qui existe en Norvège depuis plus d'une dizaine d'années. Avec 3,4 % de chômage en 2010, le 2e PIB mondial par habitant et le premier fonds d'investissements du monde, la Norvège apparaît comme un eldorado économique. Le parti est toujours marqué par l'empreinte de son fondateur, Anders Lange, opposant farouche à l'Etat providence norvégien, aux impôts et à la réglementation. Le parti s'inscrit directement dans la mouvance libérale de Margaret Thatcher. Comparer Hitler et l'Islam Comparer Islam et nazisme ? Carl I. Hagen n'est pas le seul à le faire. Le leader populiste néerlandais Geert Wilders s'est fait connaître dans l'Europe entière grâce à cette métaphore, allant jusqu'à associer le Coran avec Mein Kampf dans une vidéo «pamphlétaire». En Norvège, cette comparaison est parfois développée par d'anciens résistants à l'Occupation nazie. Comme Erik Gjems-Onstad. Médaillé à de nombreuses reprises pour ses faits de guerre entre 1940 et 1945, il est aussi un ancien membre du Parti du Progrès (dès sa création) et de nombreux autres groupes d'extrême droite. En 1999, il déclarait, bien avant Geert Wilders : «Je vois un parallèle évident entre l'invasion allemande en 1940 et la forte immigration d'aujourd'hui des musulmans. L'émigration vers la Norvège est à mon avis la plus grande menace pour la société norvégienne jamais rencontré». Ainsi, l'arrivée de Musulmans en Europe représenterait une menace pour les valeurs européennes que sont la liberté d'expression, les droits de l'Homme, l'égalité homme-femme, la liberté de changer de religion. Les populistes norvégiens deviennent ainsi aux yeux de l'opinion publique des défenseurs acharnés des libertés fondamentales, du mode de vie occidental. Stériliser les migrants En 1999, le Parti de la Patrie est mentionné dans un rapport du Conseil de l'Europe traitant de la situation de l'extrême droite en Europe et des menaces pesant sur la démocratie. Si à l'époque l'extrême droite scandinave n'avait pas encore percé dans les Parlement nationaux, elle est aujourd'hui présente partout : Danemark, Suède, Finlande, Norvège. Les partis traditionnels norvégiens ont toujours refusé de s'allier avec le Parti du Progrès ou toute autre formation d'extrême droite ou populiste, mais ce n'est pas toujours le cas. Au Danemark en revanche, le gouvernement de centre droit ne tient que grâce à l'appui extérieur du Parti du Peuple Danois. Pour le Conseil de l'Europe, ce renouveau identitaire s'expliquait par «l'arrivée de l'immigration et de réfugiés dans des sociétés qui sont traditionnellement très homogènes d'un point de vue ethnique et religieux». Le prix Nobel de la paix en question Au-delà des circonvolutions de la pensée politique norvégienne, le plus grave danger qui guette la Norvège est la crédibilité de son institution la plus prestigieuse : Le Prix Nobel de La Paix, du fait de son attribution en 2011, à Tawakol Karman, auparavant à Henry Kissinger (1973), l'homme du plan Condor, l'année même du coup d'Etat contre Salvadore Allende, le président socialiste démocratiquement élu du Chili, ainsi qu'à l'Union Européenne, en 2012, l'année du lancement des guerres de prédation économique du Monde arabe, par la France et le Royaume Uni, sous couvert de «printemps arabe», contre la Libye et la Syrie. Première femme arabe à être distinguée du Prix Nobel de la Paix, la yéménite a, paradoxalement, donné sa caution à une guerre ; En tant que femme, elle a rallié le pays le plus régressif en matière des Droits de la femme ; En tant que yéménite, elle a rallié les agresseurs de son propre pays, la coalition des pétromonarchies, les pays les plus riches du Monde arabe, contre le plus pauvre d'entre eux. Pis, Tawakol Karmane était demandeuse, offerte aux pétrodollars saoudiens. Unique femme membre de la confrérie des Frères Musulmans à avoir décroché un Prix Nobel de la Paix dans l'histoire de l'humanité, Tawakol Karmane a ainsi rallié l'Arabie saoudite dans la guerre du Yémen contre son propre pays, dans une démarche singulière qui révèle sa triple imposture. Une telle forfaiture mériterait une dégradation. Mais dans le règne du pétrodollar, le dollar est Roi, le pétrole aussi et qu'importe si les grands principes moraux sont bafoués. Membre du parti Al Islah, la branche yéménite des Frères Musulmans, ce fait a été occulté par le chorus des laudateurs lors de son attribution de cette distinction, sans doute en raison de la lune de miel entre le bloc atlantiste et les néo-islamistes en vue de geler la revendication arabe sur les débris de la portion congrue de la Palestine. L'activiste yéménite s'était pourtant distinguée par ses critiques incisives contre le royaume saoudien et ses ingérences permanentes dans la vie politique du Yémen, ainsi que pour son rôle dans le soulèvement contre le précédent régime du Général Ali Abdallah Saleh, ancien protégé de la dynastie wahhabite. Indice d'une grave confusion mentale, Tawakol Karmane s'est ralliée au régime le plus régressif concernant les droits de la femme. Sans la moindre objection sur le statut ultra restrictif de la femme en Arabie saoudite, sans la moindre préoccupation quant à une possible réforme future du statut de la femme saoudienne, ni non plus sur une promesse d'aide à la libéralisation du statut de la femme au Yémen où 57 % des femmes, analphabètes, subissent la loi patriarcale du «mariage forcé». Tawakol Karmane a donné son accord pour «servir de passerelle entre la jeunesse yéménite et le gouvernement de Ryad». Sans le moindre marchandage.
Par sectarisme, la pasionaria yéménite a justifié son reniement au nom du «combat contre les Houthistes», précise un câble wikileaks. La Norvège avait déjà commis des impairs en attribuant le prix Nobel de la Paix à Henry Kissinger (1973), l'homme du plan Condor, l'année même du coup d'état contre Salvadore Allende, Président démocratiquement élu du Chili et assassiné par des hommes à la solde Washington. Elle a récidivé, en le conférant à l'Union européenne, en 2012, l'année même des expéditions coloniales néo- colonialistes de la France et du Royaume Uni contre la Libye et la Syrie via une alliance contre nature avec les pétromonarchies du golfe, les régimes les plus rétrogrades et les plus répressifs de la planète. Errare humanum Est, Perseverare Set Diabolicum. A n'y prendre garde, la Norvège pourrait se déconsidérer et son Nobel de la Paix avec. Une diplomatie de l'humiliation et de la punition ? Excès de zèle d'un agent de la fonction publique norvégienne gagné par l'islamophobie ou le philosionisme en raison des origines palestiniennes du directeur du GNRD ? Opération médiatiques à dividendes électoraux ? Action conjuguée des deux chérubins de la vie diplomatique internationale- Israël et le Qatar- contre leur bête noire commune ? L'avenir seul le dira. «Dans l'espace mondialisé et profondément inégalitaire d'aujourd'hui, où les grandes puissances tentent de conserver leur place, où de nouveaux acteurs, tel Da'ech, veulent s'affirmer, l'usage de la force et de l'humiliation règne, la diplomatie s'apparente à l'art de la punition», soutient le politique Bertrand Badie in «Le temps des humiliés» Edition Odile Jacob- 2014 – page 256. La fin du primat occidental sur le reste de la planète, matérialisée par la montée en puissance du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) conduit les pays occidentaux à de douloureuses contorsions avec la morale, à des compromissions avec des partenaires «infréquentables». Telle pourrait être l'explication subliminale au coup de force norvégien contre GNRD. À n'y prendre garde, sur fond d‘un terreau nauséabond d'une pensée propulsée par une xénophobie rance, Andrei Breivik, Tawakol Karman -stigmates indélébiles sur une façade lézardée- pourraient augurer d'une nouvelle tendance en Norvège, faisant perdre à ce pays son statut privilégié de «grande démocratie scandinave» et la Norvège, en ce début du XXIe siècle, pourrait ne plus être ce qu'elle a été... Norway in not anymore what it used to be. (Suite et fin)


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