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Pour Fidel, un «périple des cendres» à travers Cuba
Publié dans La Nouvelle République le 04 - 12 - 2016

L'ancien dirigeant cubain Fidel Castro a été enterré hier à Santiago après quatre jours d'hommages dans tout le pays.
Pendant quatre jours, les cendres du grand Castro ont effectué un long périple à travers l'île de Cuba, sur laquelle il a régné en maître absolu pendant près de cinquante ans. Pendant quatre jours, le petit coffre de cèdre, enveloppé d'un drapeau cubain et protégé sous une boîte de verre, a traversé treize des quinze provinces que compte le pays, de La Havane à Santiago, précédé par des motards et remorqué par un véhicule militaire où avaient pris place les quatre plus hauts gradés de Cuba. Et pendant quatre jours, massés sur un itinéraire rappelant le trajet accompli par le «Comandante» pour conquérir le pouvoir en 1959 – mais dans le sens contraire –, des centaines de milliers de Cubains ont exprimé, de façon spectaculaire, ferveur, attachement, fidélité au père de la révolution cubaine. Une nuée de drapeaux s'agitait au passage du convoi, «Viva Fidel !», criait la foule, tandis que beaucoup tentaient d'immortaliser la scène sur un téléphone portable. Mais que d'images ratées ! La caisse était étroite et le cortège passait si vite que beaucoup, stupéfaits et frustrés après des heures d'attente, ont manqué le véhicule portant les cendres. Une femme à La Havane a hurlé : «Ce n'est pas possible ! Un homme aussi immense dans cette toute petite boîte !» Et c'est vrai que le coffre aux dimensions d'un cercueil de bébé avait quelque chose d'étrange et de surréaliste. Mais n'est-ce pas ce qui a caractérisé les neuf jours de deuil imposés dans le pays et la fièvre fidéliste qui l'a saisi avec une intensité exubérante... et suspecte ? Le principe même de ce voyage du retour vers Santiago, le berceau de la révolution, était presque romantique. Et le geste se voulait magnifique. Fidel Castro, incarnation du pays, le parcourait une dernière fois, enchaînant villes et villages parfois très symboliques, longeant la côte et des dunes de palmiers, des champs de cannes à sucre et des bananeraies, des plantations d'ananas, de tabac, de café, de papayes, de manguiers. L'image du cortège funèbre suivant le Malecon, cette digue sur laquelle viennent se briser les vagues (et les rêves) et qui incarne l'âme de La Havane, était même saisissante. Un dernier tour de piste pour le maître des lieux. Alors on a suivi le périple des cendres. Usé de mille astuces afin de contourner les nombreuses routes barrées pour sécuriser le cortège funèbre. Et utilisé des chemins chaotiques à bord d'une de ces Chevrolet de 1952, rutilantes mais fragiles, qui font la fierté de leurs propriétaires, pour assister à l'entrée du Lider Maximo dans les principales villes de son ultime parcours. «J'aurais tout fait pour Fidel» Nous enfoncer dans l'arrière-pays nous permettrait peut-être de saisir la portée de ce moment décrit comme «historique» et de capter un fragment du mystère cubain. A La Havane, juste après le passage du convoi le long du Malecon, c'est une femme médecin, Areylis Perez Cue, les mains dans les poches de sa blouse blanche, le regard triste et doux, qui nous a le mieux parlé de son Comandante. Elle avait 70 ans et faisait partie de la première promotion de médecins diplômés après la révolution. «Vous imaginez notre fierté ? Fidel venait nous voir à l'université pour s'assurer que nous étions bien formés. Et puis il a supervisé la construction de l'hôpital Ameijeiras pour être sûr que nous disposions du meilleur matériel. Je l'y ai souvent rencontré. Chaleureux, attentif, intensément vivant !» Oui, bien sûr, elle devait lui dire au revoir. «Les Cubains et notamment les médecins lui doivent tant.» A Matanzas, ce carrefour pétrolier traversé par deux fleuves, c'est une petite dame coquette de 87 ans, Ereida Vega Sosa, qui a évoqué le révolutionnaire de 1959. «Il y aura toujours un avant et un après Castro. Avant, il n'y avait ni hôpital ni école, les pauvres allaient en haillons, sans chaussures. C'était le règne de l'oppression et de la corruption. Batista, le dictateur, n'était qu'un assassin. Et puis Castro est arrivé, avec un grand projet, un courage surhumain.» Ses exploits dans la Sierra Maestra ? «Toute la famille suivait avec passion. Et à 1 heure du matin, le 7 janvier 1959, je l'attendais dans le parc plein de monde. C'était la "caravane de la liberté". Toute ma vie en a été bouleversée. Je suis devenue patriote, révolutionnaire, prête à prendre les armes pour défendre mon pays.» Vous rappelez-vous, demandait-elle, l'image où Fidel grimpe sur un tank pour mener l'attaque de la playa Giron [baie des Cochons] en avril 1961 ? «Eh bien, j'y étais ! Volontaire dans un hôpital du coin. Dix-neuf jours sans dormir. J'aurais tout fait pour Fidel !» Il est en photo dans sa chambre. Près du Che. A Jovellanos, un homme de 66 ans, un petit drapeau à la main, nous a dit l'avoir rencontré en 1976, après l'ouragan qui avait détruit une partie de la bourgade. «Il a tout de suite commandé la reconstruction des maisons. Avec sa force d'Hercule, il aurait pu le faire lui-même. Il se saisissait de poutres comme s'il s'agissait de crayons. Rien ne l'arrêtait !» Un autre, plus discret, affirmait que «le Cuba multicouleur d'aujourd'hui est l'œuvre d'un humaniste». Qui se souvient, disait-il, qu'au temps de Batista le racisme faisait des Noirs «une classe de sous-hommes» ? Calé dans un fauteuil roulant, un vétéran des guérilleros de la Sierra Maestra, les médailles épinglées sur son torse décharné, disait simplement : «C'était mon leader suprême. Je sais que je le rejoindrai bientôt.» Phrases obsédantes Oui, tout cela était émouvant et bien réel. Castro était un monument, il n'est pas un Cubain que sa disparition ne frappe. Mais, très vite, les mêmes phrases sont revenues avec constance dans la bouche de tous nos interlocuteurs : «Fidel est dans nos cœurs», «Fidel coule dans nos veines», «Tout Cuba est Fidel», «L'esprit de la révolution est plus fort que jamais». Et ces slogans débités le long des routes, scandés à voix forte quand passait une caméra, ont introduit le malaise. Impossible de gratter ce discours convenu pour y trouver une faille. Interdit d'apporter la moindre contradiction en soulevant d'autres questions. On l'a fait, bien sûr. Mais les visages aussitôt se fermaient, devenant inquiets, voire hostiles. L'évocation d'un «changement» dans l'avenir de Cuba avait notamment un effet radical. Changement ? Mot tabou. Evolution ? Concept dynamite. Liberté ? Piège absolu. D'ailleurs, converser plus de deux minutes avec un spectateur attirait immanquablement l'attention. Un représentant du ministère de l'Intérieur (c'était inscrit sur sa chemise) s'approchait l'air de rien. Ou bien un policier. Ou encore un civil, regard fuyant, présence collante. Peut-être un de ces membres des comités de défense de la révolution ? La conversation en tout cas était close. Tout le parcours était tapissé de ces phrases obsédantes. Radios et télévisions les diffusaient en boucle, entre des discours de Fidel et des documentaires sur ses combats, ses rencontres avec des chefs d'Etat étrangers, ses exploits de toutes sortes. On le voyait pêcher, couper la canne à sucre plus vite que quiconque, fumer le cigare, rencontrer des enfants, promouvoir la femme cubaine, crier «La révolution est invincible». Tout devenait épopée et le moindre acte de sa vie était transformé en succès. «Notre comandante», disaient les journalistes, la voix vibrante d'émotion, arborant sous leur veste un tee-shirt où était inscrit «Ordre».

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