L'interprète de musique targuie, Badi Lalla et la troupe «Lemma Bécharia» ont animé, mardi soir, à Alger une soirée à la salle El Mouggar, en présence d'un public nombreux venu apprécier le bouquet de chansons proposées dans le genre musical Tindi et Diwan. Organisé par l'Office national de la culture et de la communication (ONCI) dans le cadre de la semaine culturelle «Fa au féminin» consacrée aux voix féminines algériennes, ce concert a permis au public algérois de savourer la musique exaltante du Hoggar et de la Saoura. L'icône de l'art targui, Badi Lalla s'est distinguée par l'interprétation de plusieurs chansons de son répertoire et de son nouvel album d'autant plus que les rythmes des instruments musicaux ainsi que sa troupe et chorale féminine ont planté un décor distingué ayant forcé l'admiration du public. Pour sa part, la troupe «Lemma Becharia», dirigée par l'interprète Souad Asla, a interprété diverses chansons dont «Ya Sidi Moulana» et «Allahouma Sali Ala Ennabi». La troupe féminine «Lemma Becharia» a été fondée en 2015 par la chanteuse Souad Asla, adepte de l'icône de la musique du Diwan Hasna El Becharia. Son nouvel album composé de 24 nouvelles chansons sortira après le Ramadhan. «Badi Lalla», 1er album éponyme de la diva du tindi La doyenne et ambassadrice du tindi, Badi Lalla, restitue l'univers musical et poétique de la région de l'Ahaggar dans toute sa richesse traditionnelle et contemporaine dans un album éponyme marqué par un foisonnement de sonorités et de rythmes, récemment commercialisé. A 80 ans, Badi Lalla sort son premier album aux éditions Padidou, un opus oscillant, en neuf pistes, entre le tindi traditionnel et un genre plus contemporain baptisé «Tindi guitare», intégrant la guitare électrique et des influences de l'Ishumar au chants et au rythmes du tindi. L'album donne très vite le ton avec «Amidinine Ibnou Achir», un morceau restituant l'ambiance des cérémonies festives du tindi faite de nappes vocales féminines, de percussions soutenues par les mains, de rythmes ancestraux et d'une touche de guitare électrique évoquant l'univers des «Tinariwen», en plus de la poésie portée par la voix profonde, envoutante et parfois cassée de la diva. Avec la même formule du «tindi guitare», Badi Lalla puise certaines de ces inspiration bien au-delà de Tamanrasset, chez les Touareg et le Peuls du Mali, où elle a longtemps vécu, au Niger ou au Burkina Faso. Un brassage qui se traduit dans des morceaux comme «Tazout Enharet Akeydess Assouf» ou «Nek Aqimegh» qui porte également une touche de rock et un distorsion plus prononcée. Dans son volet contemporain, cet album a été réalisé en collaboration avec les musiciens et choristes du groupe «Imzad». L'artiste propose un retour vers les fondamentaux du tindi, une poésie féminine posée sur une nappe vocale et rythmée, de manière cyclique, par le son atypique du tindi, un pilon en bois avec une peau de bête tendue, dans des morceaux à la limite du mysticisme comme «Sabhana Amanay» ou encore «Ited Oulhin Ichiwiden». Le point de fusion harmonieux entre les univers contemporain et traditionnel est pleinement restitué dans la chanson «Idi Yani Douhna» où tous les éléments de la cérémonie tindi, la composition ishumar à la guitare, la fluidité du rythme, le remplacement de la batterie par le tindi et la profondeur de la voix de Badi Lalla évoluent naturellement en un seul ensemble. Malgré une richesse musicale considérable, le premier album de Badi Lalla est présenté dans une pochette pour le moins rudimentaire, sans aucune recherche graphique sur l'univers de l'Ahaggar dont la richesse aurait pu inspirer l'illustration de la jaquette. Née en 1937 à In Guzzam au sud de Tamanrasset près de la frontière algéro-nigérienne, Badi Lalla -Badi Lalla Bent Salem de son vrai nom-diffuse dans le paysage musical targui sa poésie qu'elle collecte depuis l`âge de dix ans auprès de sa mère Lansari Bakka. En 1990 elle crée l'association «Issakta» (souvenir) et s'entoure d'une quinzaine de personnes, hommes et femmes, pour se produire dans plusieurs pays d'Europe. Badi Lalla collabore depuis avec de jeunes musiciens touareg algériens mais aussi maliens, les «Tinariwen», un groupe dont les membres ont le blues et le Ténéré chevillés au corps.