L'alerte est générale au niveau des services de l'Algérienne Des Eaux de Annaba (ADE) qui semble être toujours sous le coup de la crise créée par le manque d'eau potable chez les abonnés des 12 communes de la wilaya. Ce que prouvent d'ailleurs les manifestations sporadiques de mécontentement des populations de nombreux quartiers et cités où l'eau potable n'arrive toujours pas. A Sider, sous la férule de son directeur général par intérim Chemseddine Maatallah et du secrétaire général du syndicat de l'entreprise, Noureddine Amouri, tous deux vigilants quand il s'agit de leur outil de travail, l'on affiche une totale sérénité. C'est que non seulement tout dépend de la réussite de la prochaine opération de mise à feu du Haut-Fourneau avec en arrière-fond l'avenir de plus de 4.000 travailleurs sidérurgistes en poste, il y a aussi l'importante quantité d'eau à consommer. Plus de 37.000 m3/jour pour les responsables de l'eau dans la wilaya. Une mobilisation de 30.000 m3/jour sera nécessaire estime les sidérurgistes. Mais là ne se situe pas le problème. Il s'agit beaucoup plus de prévision de capacité de réserve à ne pas toucher quel que soit le taux de production à atteindre par le Haut-Fourneau N°2 du complexe sidérurgique El Hadjar. La mise à feu de cette installation nécessiterait un apport quotidien d'eau important auquel, estiment les techniciens du ministère des Ressources en eau. Ils précisent que les seules réserves disponibles estimées à 15 m3, ne sont pas en mesure de faire face à une consommation régulière de plus de deux mois. A Sider, l'on persiste et signe, rien n'arrêtera la mise en marche du Haut-Fourneau synonyme de mise en production de la totalité des installations du complexe sidérurgique. Le 24 septembre prochain a été retenue comme étant une date propice pour faire relancer la production sidérurgique nationale. Au-delà de l'amélioration de l'approvisionnement en eau potable de la population, induite par les plus hautes autorités du pays pour remplir les deux réservoirs de 10.000 m3/jour chacun à fournir par l'ADE au complexe, il y a les deux nouveaux forages. Ces derniers serviront à remplir une retenue de 310.000 m3. «Tout ça c'est bien beau. Mais a-t-on pris en compte les conséquences d'une arrivée tardive des pluies ? Cette prévision était prise en compte dans les 15 millions d'eau de réserve du barrage. Prions pour qu'il pleuve», dira un des cadres. Comme cela a été rapporté par de nombreux de nos confrères, la reprise des activités du complexe d'El Hadjar entre dans le cadre de la volonté des pouvoirs publics de relancer l'industrie nationale. Cette crise de l'eau enregistrée incessamment, intervient bien mal à propos. Ce qui a imposé aux pouvoirs publics d'autoriser l'exploitation des niveaux inférieurs d'eau du barrage de Chafia (wilaya d'El Tarf). Principale source d'alimentation en eau potable des deux wilayas d'Annaba et d'El Tarf. Ce barrage d'une capacité de 165 millions m3 a vu son niveau baisser à 17 millions m3. L'entrée en phase de production s'effectuera 10 jours après la mise à feu du Haut-Fourneau n° 2. Une période qualifiée de techniquement «nécessaire» pour l'exploitation de ce Haut-Fourneau. Si le 24 septembre prochain pourrait être synonyme de fête pour les sidérurgistes d'El Hadjar avec 10 jours les premières tonnes d'acier produit pour la commercialisation, il n'en sera pas de même chez les producteurs d'eau. Ces derniers ont vécu la colère des populations privées d'eau potable dans leurs foyers. Même les forages seront insuffisants pour répondre aux besoins de toute la population. D'où la nécessité de nommer des compétences à des postes stratégiques dans la distribution de l'eau. Il s'agit également d'éviter les fortes pertes de l'or bleu générées par des fuites de conduites sérieusement endommagées jamais ou tardivement réparées. Tout porte à croire que la dernière crise suivie de la visite du ministre des Ressources en eau à Annaba n'a pas servi de leçon. Et l'eau ne coule toujours pas dans plusieurs quartiers et cités de Annaba.
