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Liens entre trafic de drogues, trafic d'armes, corruption et terrorisme
Publié dans La Nouvelle République le 02 - 07 - 2018

La criminalité transnationale organisée renvoie aux réseaux criminels organisés. Ces marchés illicites internationaux, anonymes et plus complexes que jamais, génèrent chaque année des milliards de dollars.
La Libye n'est plus la seule menace potentielle, le Mali qui gagne du temps pour appliquer les accords d'Alger profitant d'une situation instable avec le facteur étranger dans la région. Cette menace est certes préoccupante, mais pas que pour l'Algérie dont les frontières nord sont ouvertes sur la Méditerranée, mais aussi pour l'Europe. Mais en tout cas, ces nouvelles donnes impliquent une nouvelle stratégie sur le plan sécuritaire mais aussi diplomatique.
Au Sahel, les groupes armés ont proliféré, ont accru leur capacité de nuisance, se sont diversifiés en terroristes, insurgés, criminels et milices, selon des variables, comme leur vision, leur mission ou les moyens mis en œuvre. Désormais, une coopération et une convergence rassemblent ces groupes. L'exemple le plus évident de ce type de coopération-convergence, c'est le narco-terrorisme selon James Stavridis, ancien commandant-en-chef des forces alliées en Europe (2009-2013) et de l'US Southern Command (2006-2009).
L'aspect le plus troublant de la connexion semble être la façon dont le commerce de la drogue illégale sape les efforts pour poursuivre les réformes politiques et le développement nécessaires pour endiguer la radicalisation et la montée des groupes terroristes dans plusieurs régions du monde déjà fragiles. Pour lutter contre le terrorisme et trafiquants en tous genres, il s'agit de mettre l'accent avant tout sur l'échange de renseignements qui doit se faire de manière instantanée, pratiquement en temps réel, harmoniser des politiques de lutte contre le terrorisme et de patrouilles communes le long de ces frontières difficiles à contrôler.
Concernant la région du Sahel, elle est une zone de transit pour les passeurs. 50 à 60% de ceux qui traversent la Libye vers l'Europe passent par la région. Selon les différentes résolutions internationales, si les événements récents ont souligné que la traversée de la Méditerranée peut se transformer en drame, il est urgent que tout le monde coopère pour arrêter les flux migratoires notamment en créant des centres d'accueil, donner des moyens à la police pour contrôler ces flux migratoires et créer les conditions pour le retour.
Cela permettra notamment de distinguer à partir des pays de transit ceux qui relèvent de la politique de l'asile, de la protection, de ceux qui relèvent de l'immigration économique irrégulière et qui doivent être accompagnés pour demeurer dans leur pays où des programmes d'insertion et de développement économique.. C'est pourquoi y a lieu d'accorder une attention particulière aux tensions au niveau notamment de la ceinture sahélienne qui recouvre, entièrement ou en partie, les pays suivants : l'Algérie (à l'extrême sud)-le Sénégal ; la Mauritanie (au sud) ; le Mali ; le Burkina Faso (au nord) ; le Niger ; le Nigeria (à l'extrême nord) ;le Tchad (au centre).
Le Sahel est un espace sous-administré et souffrant d'une mauvaise gouvernance chronique. La vulnérabilité du Sahel découle d'une profonde vulnérabilité des Etats accentuée par la pression démographique. Caractérisé par une forte croissance démographique (environ 3,1%), le Sahel devrait doubler sa population d'ici 25 ans, et comptera vraisemblablement plus de 100 millions d'habitants en 2020. Cette croissance affectera certainement la sécurité humaine et notamment alimentaire de la région dans son ensemble. C'est un espace recelant d'importantes ressources ministères d'où les ingérences étrangères manipulant différents acteurs afin de se positionner au sein de ce couloir stratégique et de prendre le contrôle des richesses sont nombreuses.
L'arc sahélien est riche en ressources : après le sel et l'or, pétrole et gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium sont autant de richesses nourrissant les convoitises de puissances désirant s'en assurer le contrôle. Le commerce des stupéfiants, par exemple, a le potentiel de fournir aux groupes terroristes un bonus supplémentaire : les recrues et les sympathisants parmi les agriculteurs appauvris, négligés et isolés, et qui non seulement peuvent cultiver pour le compte des trafiquants, mais aussi populariser et renforcer les mouvements anti-gouvernementaux..
Selon différents experts plusieurs facteurs permettent de comprendre les liens entre trafic et terrorisme : premièrement, l'existence de mouvements communautaires, ethniques et religieux, qui permettent une collaboration entre terroristes et criminels, sur la base de valeurs partagées et de confiance mutuelle. Deuxièmement, la survenance d'un conflit armé. Troisièmement, les contraintes qui jouent lors d'échanges transnationaux complexes de marchandises illégales ; des échanges qui impliquent souvent d'autres parties intermédiaires et de certains segments de l'administration corruptible.
A cela se greffe du fait de la mondialisation avec d'importantes inégalités tant internes aux pays développés qu'entre le Nord et le Sud l'intensification de la radicalisation. La radicalisation est le fruit d'une conjonction de facteurs liés à l'individu, ses relations, sa communauté et son rapport à la société. L'apparence physique ou vestimentaire ne constitue pas un élément suffisant pour identifier une situation de radicalisation. Certains indicateurs doivent toutefois alerter l'entourage sur un processus potentiellement engagé.
Identifier un processus de radicalisation ne se fait pas sur la base d'un seul indice mais d'un faisceau d'indicateurs. Ces indicateurs n'ont, par ailleurs, pas tous la même valeur et seule la combinaison de plusieurs d'entre eux permet d'établir un constat. Ces signes sont parfois liés à la personnalité de l'individu, aux relations qu'il entretient avec son entourage, sa communauté et la société dans laquelle il vit. Ils peuvent être classés en 3 catégories : les ruptures, l'environnement personnel et les théories et discours.
La rupture avec l'environnement quotidien est l'un des indicateurs essentiels du processus de radicalisation. L'individu modifie brutalement ses habitudes, rompt avec ses amis, l'école, voire avec ses proches pour se consacrer à une relation exclusive avec un groupe et sa mission.Ainsi, l'approche multiple se penche simultanément sur un ensemble de facteurs qui se jouent à la fois au sein de l'individu, de ses relations, de sa communauté et de la société
3.- Le monde face aux défis géostratégiques du crime organisé
Les nouvelles mutations géostratégiques mondiales actuelle devraient conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires. D'une manière générale la sécurité de l'Algérie est posée à ses frontières. La frontière Algérie Mali est de 1376 km, la frontière entre l'Algérie et la Libye de 982 km, la frontière Algérie Niger de 956 km, la frontière Algérie -Tunisie est de 965 km à surveiller.
Le problème est plus grave pour les frontières conjointes avec le Mali et la Libye. Il ne faut pas oublier que les djihadistes étaient venus depuis cette région lors de l'attaque terroriste de Tiguentourine. Sur le court terme, les tensions dans la région notamment pour la protection de ses frontières, la situation en Libye, au Mali et accessoirement les actions terroristes à sa frontière en Tunisie ont imposé à l'Algérie des dépenses supplémentaires. Il est entendu que rentre dans ces dépenses surtout le remplacement de la plupart. Dans ce contexte d'instabilité régionale, il s'agit pour la stratégie algérienne de se déployer sur plusieurs niveaux.
- Premièrement, la mise en place d'un dispositif de sécurité aux frontières et la restructuration des forces armées et de sécurité.
-Deuxièmement, l'amorce de processus bilatéraux de coopération avec les pays voisins.
Troisièmement, le développement d'un processus multilatéral à travers l'initiative des pays de Champ. Cette stratégie est guidée par trois principes fondamentaux : non ingérence dans les affaires intérieures des Etats ; non intervention de l'armée algérienne hors du territoire ; prise en charge endogène de la sécurité régionale.
-Quatrièmement, un accord de sécurité régional portant sur quatre axes -: rencontres bilatérales entres structures en charge de la protection de la frontière commune;
-coordination des actions sur le terrain et la mise en place d'une coopération opérationnelle pour lutter contre le terrorisme, la contrebande et la criminalité transfrontalière ;
-instauration d'un partenariat en matière d'échange de renseignements ;
-échanges des expériences dans les domaines de la sécurité des frontières, de la lutte contre la criminalité et la formation spécialisée au profit des cadres militaires afin d'accroître leurs compétences.
La lecture que font la plupart des dirigeants de la planète vis-à-vis des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer ensemble une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d'argent. Il s'agit de mettre l'accent sur l'obligation de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l'ensemble des pays de la zone en plus des partenaires européens et internationaux, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d'armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale et par ricochet la sécurité mondiale Cela passe par l'amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme.
Il s'agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s'adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des systèmes juridiques notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire.
La porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d'agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes.
Mais, la lutte contre le terrorisme implique de mettre fin à cette inégalité tant planétaire qu'au sein des Etats où une minorité s'accapare une fraction croissante du revenu national enfantant la misère et donc le terrorisme, renvoyant à la moralité de ceux qui dirigent la Cité.Car, le tout sécuritaire pour le sécuritaire a des limites existant des liens dialectiques entre développement et sécurité.
Aussi l'efficacité sécuritaire devra s'insérer dans le cadre d'une vision stratégique devant impérativement minimiser les coûts des dépenses par une rationalisation des choix budgétaires tant dans le domaine civil que militaire.
Face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique que de défense, actions liées, avec les derniers événements au Sahel, aux frontières de l'Algérie, se posent l'urgence des stratégies d'adaptation et d'une coordination, internationale et régionale afin d'agir efficacement sur les événements majeurs. Ces nouveaux défis pour l'Algérie, sous segment du continent Afrique, dépassent en importance et en ampleur les défis que l'Algérie a eu à relever jusqu'à présent. Un minimum de consensus économique et social qui ne saurait signifier unanimisme signe de décadence de toute société s'impose afin de faire face aux tensions géostratégiques et budgétaires et stabiliser le corps social.
C'est l'unique voie que doivent emprunter les Algériens pour arriver à transcender leurs différends si l'on veut éviter la déstabilisation, ce qu'aucun patriote ne souhaite. Les différentes composantes de notre société, les forces sociales et politiques qu'elle recèle, les intérêts particuliers et ceux de la collectivité nationale, les acteurs connus ou méconnus de drames terribles, sont aujourd'hui puissamment interpellés et mis devant leurs responsabilités historiques, afin de concourir ensemble au retour de la paix, de la concorde et de la stabilité.
Il s'agit là de l'unique voie que doivent emprunter les Algériens afin de transcender leurs différends, à vaincre la haine et les peurs qui les habitent, à exorciser leurs démons et à trouver de nouvelles raisons de vivre harmonieusement ensemble et de construire, toujours ensemble, le destin exceptionnel que de glorieux aînés de la génération du 1er Novembre 1954 ont voulu désespérément pour eux.
Je suis persuadé, en fonction de son histoire mouvementé depuis des siècles et de ses potentialités actuelles, notre peuple trouvera sans nul doute les ressources morales et psychologiques qui lui permettront, comme il l'a fait maintes fois face à l'adversité, de transcender avec dignité et honneur les rancunes et les haines tenaces.
C'est pourquoi, comme je l'ai démontré récemment dans un long interview au quotidien américain American Herald Tribune du 28/12/2016 et au quotidien financier français La Tribune FR du 07 mai 2017, je tiens à considérer que la stabilité de l'Algérie, acteur stratégique de la stabilité de toute la région, qui ne saurait signifier statu quo, mais mener des réformes dans un mouvement historique positif, est un passage obligé vers la reconquête de notre cohésion nationale et la construction d'un front intérieur solide et durable en faveur des réformes politiques et socio-économiques face aux enjeux des nouvelles mutations mondiales dans les domaines militaires, sécuritaires, politiques, économiques, sociales et culturelles dont le pivot est la bonne gouvernance, la valorisation du savoir et, la lutte contre la corruption qui mine les fondements de l'Etat algérien
(Suite et fin)
Abderahmane Mebtoul, professeur des universités


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