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Des réserves de change de 87 milliards de dollars en fin 2018
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 07 - 2018

N'ayons pas une vision essentiellement pessimiste quant à l'avenir de l'Algérie, mais devant également éviter l'autosatisfaction qui serait suicidaire par la fuite. Le pays recèle d'importantes potentialités malgré tant les tensions géostratégiques au niveau de la région que des tensions budgétaires. Un changement de gouvernance et de la politique socioéconomique s'impose, devant s'adapter tant aux mutations internes qu'internationales; devant aussi nous rassembler et non nous diviser, et tenant compte de nos différentes sensibilités pour faire face aux nombreux défis multidimensionnels.
1.-Quelle est la situation économique de l'économie algérienne ? Les chiffres contenus dans le plan d'action de l'actuel gouvernement font état d'une dépense publique entre 2000 et 2004, l'équivalent de 70 milliards de dollars, entre 2005 et 2009 de 193,8 milliards de dollars, de 2009 /2014, de 202,41 milliards de dollars et de 2015 à 2017 de 64,3 milliards de dollars. Au total, les programmes de développent ont nécessité durant la période allant de 2001 à 2017, une enveloppe de 531,8 milliards de dollars dont une grande partie en devises et le budget de fonctionnement et de gestion pour la même période une dépense de l'ordre de 649,9 milliards de dollars, soit au total 1187,7 milliards de dollars.
L'Algérie reste confrontée à des défis importants, posés de la baisse des prix du pétrole il y a quatre ans. En dépit d'un ajustement budgétaire important en 2017, les déficits budgétaire et du compte courant extérieur demeurent élevés. La loi de finances 2018 prévoit des dépenses budgétaires en très forte hausse par rapport à l'année 2017. Ces dépenses devraient s'élever à plus de 8600 milliards de dinars, (près de 75 milliards de dollars) ce qui provoquera également une forte hausse du déficit budgétaire programmé à 2100 milliards de dinars (environ 18 milliards de dollars).
Donc la dépense publique qui tire la croissance sera fonction de l'évolution du cours du pétrole et du gaz. Cependant je mets en garde le gouvernement contre l'utilisation excessive sans objectifs précis de la planche à billets (voir le cas du Venezuela pays, la première réserve mondiale en pétrole ,certes un pétrole lourd, mais en semi-faillite) qui aura un impact inflationniste et accélèrera les sortie de devises indirectement via les importations nous enfermant dans un cercle vicieux pénalisant les couches les plus défavorisées et donc des tensions sociales à venir.
Contrairement à certains discours populiste ce mode de financement a un effet inflationniste, l'Algérie souffrant de rigidités structurelles contrairement aux pays développés ou existent une flexibilité des facteurs de production Le secteur public et privé dépend à plus de 75% avec des équipements et des matières premières importées donc dépendant de la ressource hydrocarbures. Un exemple patent pour le montage des voitures uniquement pour 2017, la vitesse de croisière n'ayant pas été atteinte l'on s'oriente vers près de 2 milliard de dollars d'importation, le montant pouvant doubler voire tripler : qu'en sera t –il du taux d'intégration et des perspectives d'exportation? Quant au secteur public marchand hors hydrocarbures, ce n'est pas uniquement une question de financement puisque le secteur public a été assaini à plus de 70 milliards de dollars entre 1971/2017 et plus de 75% sont revenues à la case de départ.
Ce secteur a besoin d'un savoir faire managérial et technologique et on revient à l'économie de la connaissance (le savoir) sans laquelle aucun développement n'est possible en ce XXIème siècle. Enfin le secteur informel représente plus de 50% du produit intérieur brut hors hydrocarbures à ne pas confondre avec la masse monétaire en circulation.
Concernant justement la sphère informelle existent des données contradictoires alors qu'existent trois méthodes d'évaluation : par rapport au PIB, par rapport à la masse monétaire en circulation et par rapport à l'emploi occupé donnant des taux différents (voir étude du professeur Abderrahmane Mebtoul Institut Français des Relations Internationales –IFRI- paris décembre 20165 : le poids de la sphère informelle au Maghreb). Il suffit pour réponde à voire question d'analyser la fois la balance commerciale et la balance des paiements.
Dans ce cadre, la valeur des exportations (source douanes algériennes) a été de 45,0 milliards de dollars en 2005, de 54,6 en 2006, 60,1 en 2007, 79,3 en 2008, 45,2 en 2008 (avec la crise mondiale) ,57,0 en 2010 et 73,5 milliards de dollars en 2011. -2012 71,8 milliards de dollars dont 69,8(Hydrocarbures- H-),- 2013 : 64,8 milliards de dollars dont 63,8 (H),-2014 : 60,1 milliards de dollars dont 58, (H),-2015 : 34,5 milliards de dollars dont 33,1(H) ;-2016 : 29,3 milliards de dollars dont 27,9 (H),-2017 34,5 milliards USD dont 33 (H).
Les dernières données des trois premiers mois de 2018 montrent que les hydrocarbures ont représenté l'essentiel des ventes algériennes à l'étranger (93,6% du montant global des exportations) en s'établissant à 10,03 mds usd contre 8,388 mds usd de janvier à mars 2017, soit une hausse de 1,64 mds usd (+19,6%).
La valeur des importations a été de 20,0 milliards de dollars en 2005, 21,4 en 2006, 27,6 en 2007, 36,5 en 2008, 39,3 en 2009, 40,5 en 2010 et 47,2 milliards de dollars en 2011. Selon les différents rapports officiels entre 2012 à fin mars 2018, relatant l'évolution de la balance commerciale, les importations ont évolué ainsi : 2012-51,5 milliards de dollars -2013-54,9 milliards de dollars-2014-59,6 milliards de dollars -2015- 52,6 milliards de dollars -2016-49,7 milliards de dollars -2017-48,7 milliards de dollars.
Pour le premier trimestre 2018 : les importations, ont légèrement reculé à 11,2 mds usd au premier trimestre 2018 contre 11,92 mds usd à la même période de l'année écoulée, soit une baisse de 714 millions de dollars (seulement de -6%) ce qui nous donnerait en tendance annuelle fin 2018 d'environ 45 milliards de dollars. Cependant les donnés statistiques précédentes doivent être interprétées avec précaution.
Le seul document de référence n'étant pas la balance commerciale, mais la balance de paiement, aux sorties de devises d'environ 45 milliards de dollars de biens fin 2018, il faudrait ajouter les sorties de devises des services plus transferts légaux de capitaux qui ont fluctué annuellement entre 9/11 milliards de dollars entre 2010/2017 avec un solde net entre 4/6 milliards de dollars/an. Rappelons que le poste des «Services hors revenus des facteurs» se compose notamment des prestations techniques assurées par les étrangers en Algérie et par l'Algérie à l'étranger (études...), le transport assuré par les transporteurs étrangers pour les marchandises importées par l'Algérie (armateurs...) et les assurances à l'international.
Le poste «Revenus des facteurs» comprend, entre autres, les bénéfices rapatriés vers l'extérieur par les entreprises étrangères activant en Algérie, les bénéfices réalisés par les sociétés algériennes à l'étranger. Ainsi durant le premier semestre 2018, le poste «Services hors revenus des facteurs», le déficit s'est chiffré à 2,03 milliards de dollars à fin mars 2018 contre un déficit de 2,4 milliards de dollars à fin mars 2017, ce qui donnerait en tendance une sortie de devises fin 2018 de plus de 8 milliards de dollars mais tenant compte du «Revenus des facteurs», d'environ 4,2 milliards de dollars.
Le déficit de la balance des paiements au 1er trimestre 2018 avec une diminution de plus de deux milliards de dollars de 4,36 milliards de dollars à la fin mars 2018 contre un déficit de 6,38 milliards de dollars à la fin mars 2017. Au total, le déficit du Compte courant de la balance des paiements s'est alors réduit à 4,58 milliards de dollars à fin mars 2018 contre 6,4 milliards de dollars à la même période de 2017.
Cela nous donnerait, en tendance, un montant de sorties de devises fluctuant entre 55/60 milliards de dollars pour 2018. C'est pourquoi, la Banque Mondiale prévoit une aggravation du déficit du budget en 2018 en raison du maintien du niveau de dépenses publiques à un niveau élevé non compensé par une hausse des recettes. Le déficit budgétaire devrait atteindre 11,4 % du PIB. Les perspectives sont encore plus mauvaises pour les réserves de change dont le montant (17 mois d'importations à la fin de 2017) pourrait ne plus représenter que cinq mois d'importation d'ici fin 2020, soit un niveau proche de 30 milliards de dollars. Même analyse du côté du FMI qui n'entrevoit pas d'amélioration sensible du déficit des paiements courants de l'Algérie qui continuera de s'élever à 9,3% du PIB en 2018 puis 9,7% en 2019.
2.-La problématique centrale pour l'économie algérienne 2018/2030 est la suivante : comment dynamiser les filières algériennes hors hydrocarbures ? Enjeux énorme de pouvoir, le grand défi, est dynamiser le système financier, poumon du développement, afin qu'il ne soit plus un acteur passif de la redistribution de la rente des hydrocarbures dans le sillage des sphères de clientèle L'Algérie a une économie de nature publique avec une gestion administrée centralisée, du fait que les réformes structurelles de fond tardent à se concrétiser sur le terrain.
Le système financier algérien est actuellement dans l'incapacité d'autonomiser la sphère financière de la sphère publique, cette dernière étant totalement articulée à la sphère publique. La totalité des activités quelques soient leur nature se nourrissent de flux budgétaires c'est à dire que l'essence même du financement lié à la capacité réelle ou supposée du trésor via la rente des hydrocarbures.
On peut considérer que les conduits d'irrigation, les banques commerciales et d'investissement en Algérie opèrent non plus à partir d'une épargne puisée du marché, éventuellement un reliquat du travail mais par les avances récurrentes (tirage : réescompte) auprès de la banque d'Algérie pour les entreprise publiques qui sont ensuite refinancées par le trésor public sous la forme d'assainissement Puisque pour l'Algérie, cette transformation n'est plus dans le champ de l'entreprise mais ce déplace dans le champ institutionnel (répartition de la rente des hydrocarbures), dans cette relation, le système financier algérien est passif.
Ainsi, le marché bancaire algérien est totalement dominé par les banques publiques, les banques privées malgré leur nombre, étant marginales en volume de transaction, avec au niveau public, la dominance de la BEA, communément appelé la banque de la Sonatrach. La bourse d'Alger, qui aurait pu dynamiser le secteur productif, création administrative en 1996 est en léthargie, les plus grandes sociétés algériennes comme Sonatach et Sonelgaz et plusieurs grands groupes privés n'étant pas cotées en Bourse.
L'important pour une bourse fiable est le nombre d'acteurs fiables au niveau de ce marché pour l'instant limité. Imaginez-vous un très beau stade de football pouvant accueillir plus de 200 000 spectateurs sans équipe pour disputer la partie. Les autorités algériennes se sont donc contentées de construire le stade mais sans joueurs. C'est que la richesse ne peut apparaître que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement.
Cela implique la synchronisation de la sphère réelle et de la sphère financière, de la dynamique économique et de la dynamique sociale au sein d ‘une stratégie tenant compte de des enjeux géostratégiques et de la transformation rapide du monde assistant à un bouleversement de la chaîne des valeurs mondiale posant cette question : dans quels segments de filières l'Algérie peut avoir un avantage comparatif ? Or un véritable secteur privé productif a besoin d ‘autonomie.
Or tous les rapports internationaux sont unanimes entre 2010/2017, le milieu d'affaires contraignant dont la bureaucratie paralysante et la sphère informelle dominante, freinent les véritables entrepreneurs producteurs de richesses. La raison essentielle sont les contraintes d'environnement : bureaucratie pour plus de 50%, un système financier administré (plus de 90% des crédits octroyés sont le fait de banques publiques), un système socio-éducatif inadapté et enfin l'épineux problème du foncier.
A cela s'ajoute du fait de l'ancienne culturelle, une méfiance vis-à-vis du privé tant local qu'international du fait que les tenants de la rente qui ont peur de perdre des parcelles de pouvoir. Cela explique d'ailleurs ces alliances entre la sphère bureaucratique et certaines sphères privées spéculatives mues par des gains de court terme via la rente.
Or le véritable dynamisme de l'entreprise, qu'elle soit publique ou privée suppose une autonomie de décisions face aux contraintes tant internes qu'internationales évoluant au sein de la mondialisation caractérisée l'incertitude, la turbulence et l'urgence de prendre des décisions au temps réel. Il faut donc s'attaquer à l'essentiel qui est le renouvellement de la gouvernance, liée à une profonde moralisation de ceux qui gèrent la Cité.
Sans vision stratégique, comment adapter l'Algérie à la mondialisation par plus d'espaces de libertés, en levant les contraintes d'environnement afin de permettre l'épanouissement de l'entreprise créatrice de richesses, non par des textes mais il ne faut pas attendre à une véritable relance économique dont le fondement est l'accélération des réformes qui doivent reposer sur une transparence totale et une large adhésion sociale.
(A suivre)
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international


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