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Réformes, développement, justice sociale ou tensions, régression, déstabilisation de l'Algérie
Publié dans La Nouvelle République le 11 - 08 - 2018

Comme je l'ai démontré dans un ouvrage parue à l'Office des Publications Universitaires (OPU Alger 1983) « valeur, prix et croissance économique», en référence à la théorie de la thermodynamique le monde est en perpétuel mouvement. Même la pierre et notre univers (avec le réchauffement climatique influences géostratégiques sur la cartographie géographique mondiale) que l'on croit inerte se décompose lentement à travers les décennies et les siècles. La société n'échappe pas à cette règle ou les mouvements culturels ( qui seront prépondérants entre 2030/2040), économiques, sociaux, politiques avec des acteurs n'ayant pas toujours les mêmes objectifs, engendrent des transformations soit positive sou négatives.
Le temps ne se rattrape jamais en économie que l'on pout définir comme la maîtrise et le gain du temps. Toute nation qui n'avance pas recule forcément mais de niveau de vie comparée aux profondes transformations mondiales C'est dans ce cadre que le défit du futur président peut se résumer ainsi : soit une véritable stratégie d'adaptation à ce monde turbulent et instable, de profondes réformes afin de favoriser le développement durable ou une régression de l'Algérie tant dans le domaine économique, social, politique et militaire dans la mesure où le véritable pouvoir économique mondial et l'influence diplomatique au niveau de la diplomatie repose sur une économie forte, où les deux pivots du développement du XXIe siècle sont la bonne gouvernance et la maîtrise du savoir étant l'aube de la quatrième révolution économique mondiale 2020/2030.
1.-La bonne gouvernance condition d'atténuation des tensions sociales
En attendant qu'un véritable processus démocratique se déclenche en fonction des rapports de forces et de la dynamisation de la société, seule solution à terme pour le pays, en ce mois d'août 2018, après plusieurs décennies d'indépendance politique, deux institutions garantissent la sécurité du pays: d'une part l'ANP et toutes les forces de sécurité, étant la seule force organisée devant se limiter à ses fonctions constitutionnelles, les partis dans leur immense majorité et la société civile atomisés, déconnectés des réalités sociales et mondiales, ayant de moins en moins d'impacts sur la mobilisation citoyenne et d'autre part, sur le plan économique, la rente des hydrocarbures, l'Algérie c'est Sonatrach, impliquant un nouveau management stratégique (voir notre étude HEC Montréal Canada 2012), c'est l'Algérie procurant toujours plus de 98% directement ou indirectement des recettes en devises du pays, influant sur le taux de croissance via la dépense publique et donc sur le niveau de l'emploi, le taux d'inflation, les réserves de change et du fait qu'en ce XXIe siècle le véritable pouvoir mondial étant économique sur l'impact de l'Algérie sur la scène internationale.
Il n'est plus permis aujourd'hui de faire l'impasse sur le rôle que des acteurs résidents, mûs puissamment par des intérêts organiquement liés à la distribution de la rente, qui ont pu, à un moment où à un autre, peser dans un sens franchement défavorable aux réformes politiques et économiques. De même qu'il n'est plus possible, du point de vue de l'analyse aussi, d'occulter le rôle que d'autres acteurs, externes ceux-là, ont pu jouer dans un sens tout aussi défavorable, motivés qu'ils étaient eux aussi par la défense d'intérêts de groupes ou de personnes que la poursuite d'un commerce hautement lucratif rendait allergiques à toute velléité de changement et de réformes. Des acteurs internes aussi bien que des acteurs externes ont agi clairement dans le sens contraire, encourageant et défendant, par des moyens divers, la mise en œuvre de réformes dont la nécessité n'échappe à personne.
Comme il n'est plus permis d'ignorer la nécessaire adaptation de l'Algérie face aux nouvelles mutations mondiales dont son devenir est dans l'espace euro-méditerranéen et africain expliquant mon initiative récente avec le professeur Camille Sari où nous avons coordonné un ouvrage collectif avec la participation de 36 experts de différentes spécialités algériens, marocains, tunisiens, libyens et européens paru aux Editions Harmattan à Paris 2015 (2 tomes 1050 pages). Il est admis par les observateurs impartiaux que l'Algérie, contrairement aux discours pessimistes démobilisateurs, connaissant certes une situation difficile, ne traverse pas une crise financière mais une «crise de gouvernance», risquant, si l'on n'y prend pas garde, de se transformer en crise financière horizon 2020/2022 avec des incidences économiques, sociales, politiques et géostratégiques.
Les différents mouvements sociaux que connaît l'Algérie actuellement reflètent une dynamique sociale normale que connaissent maints pays. Il s'agit d'imaginer de nouvelles méthodes de gestion sociales loin des schémas périmés du passé, responsabilité du gouvernement, afin d'éviter l'affrontement direct citoyens forces de sécurité qui rompt la confiance envers l'Etat. Il ne suffit pas de gérer la problématique des conflits sociaux par décrets, mais de changer le modèle de gouvernance ne pouvant plus réaliser une politique économique et sociale copiée sur les schémas des années 1970. Tout cela renvoie à l'efficacité et à la transparence des institutions qui doivent coller à la nouvelle réalité économique et sociale.
Aussi, il faut éviter cette vision de sinistrose ou des déclarations de certains responsables avec des contradictions souvent de ministres, ignorant tant les profondes mutations sociales internes que les mécanises monétaires. Il y a lieu d'éviter des déclarations sans analyses objectives de certains, déclarations qui peuvent engendrer des tensions sociales inutiles et accroître les tensions inflationnistes que le cours officiel du dinar devrait être aligné sur celui du marché parallèle, chaque ministre devant se cantonner dans ses prérogatives selon l'adage «chacun son métier et les vaches seront bien gardées». La surveillance de la cotation de la monnaie relève exclusivement de la banque d'Algérie, institution sous la haute autorité de son Excellence M. le Président de la République et non de l'Exécutif. Comme on ne gouverne pas par la peur, vision bureaucratique du passé mais par le dialogue productif.
Ceux par exemple qui nous disent que nous nous dirigeons vers une crise semblable à celle de 1986, que nous ne pouvons payer les salaires et les retraités, ignorent qu'à cette époque, l'Algérie croulait sous l'effet de la dette et les caisses de l'Etat étaient vides. A fin 2018, les réserves de change seraient arrêtées à 83/84 milliards de dollars et la dette extérieure environ à 6 milliards de dollars. A court terme, contrairement à certaines supputations, j'écarte une implosion sociale du moins pendant ces deux prochaines années, sous réserve de revoir le mode de gestions sociale, rendant urgent une stratégie de développement fiable dès maintenant, (gouverner c'est prévoir) et ce pour cinq raisons principales.
Premièrement, l'Algérie n'est pas dans la situation de 1986, où les réserves de changes étaient presque inexistantes avec un endettement qui commençait à devenir pesant. Avec les réserves actuelles et une dette extérieure faible, ces réserves de changes, richesses virtuelles qu'il s'agit de transformer en richesses réelles, si elles sont bien utilisées, peuvent servir de tampon social. Deuxièmement, vu la crise du logement, le regroupement de la cellule familiale concerne une grande fraction de la population et les charges sont payées grâce au revenu familial global (même marmite, paiement des charges). Mais il faut faire attention : résoudre la crise du logement sans relancer la machine économique prépare à terme l'eplosion sociale.
Comment voulez-vous qu'un ménage vivant seul avec moins de 50.000 dinars/mois net puisse subvenir à ses besoins ? Troisièmement, grâce à leur travail, mais également aux mesures populistes, bon nombre de bas revenus ont bénéficié de logements sociaux presque gratuits, pénalisant les couches moyennes honnêtes qui ont mis des décennies de travail pour se permettre un logement décent, permettant aux familles algériennes une accumulation sous différentes formes.
Cependant, il suffit de visiter les endroits officiels de vente de bijoux pour voir qu'il y a «déthésaurisation» et que cette épargne est, malheureusement, en train d'être dépensée face à la détérioration de leur pouvoir d'achat. Cela peut tenir encore deux à trois ans. A la fin de cette période, tout peut arriver. Quatrièmement, l'Etat, malgré des tensions budgétaires qui iront en s'accroissant, les dispositions de la loi de Finances 2018, continuent à subventionner les principaux produits de première nécessité. En revanche, à terme il s'agira de cibler les subventions qui, généralisées, sont insoutenables pour le budget. Cinquièmement, la sphère informelle, produit de la bureaucratie, des dysfonctionnements des appareils de l'Etat, du manque de visibilité de la politique socio-économique (gouvernance locale et centrale) contrôlant plus de 50% du produit intérieur brut (PIB) hors Sonatrach, contrôlant 65% des produits de première nécessité et employant plus du tiers de la population active joue le rôle de tampon social.
2.-De l'Etat de «soutien» à l'Etat de justice
Pour l'Algérie, la gestion volontariste depuis l'indépendance, les enjeux de pouvoir internes, la crise économique, sociale et culturelle et, enfin les contraintes externes de plus en plus pesantes ont abouti à des changements, menés parfois à la hussarde, qui ont révélé une réalité bien amère : l'absence dramatique d'une véritable stratégie nationale d'adaptation à ce phénomène total et inexorable qu'est la mondialisation. La conjonction de facteurs endogènes et exogènes et l'intervention massive - parfois directe et par moment insidieuse – d'acteurs internes et externes, a abouti à une transition qui se traîne en longueur depuis des décennies et non pas seulement pour la période actuelle. La réussite des réformes institutionnelles et l'optimalisation de la dépense publique impliquent plus de décentralisation à ne pas confondre avec l'avatar néfaste du régionalisme et de la déconcentration qui renforce la bureaucratisation ainsi que de nouvelles formes de protection sociale.
La vision centralisatrice jacobine annihile les créativités et la régionalisation économique est une voie salutaire pour bon nombre de pays évitant l'autoritarisme d'en haut de peu d'efficacité tant économique que sociale impliquant des institutions appropriées. Les réformes fondement de la transition socio-économique renvoient à la refondation de l'Etat qui implique de saisir les tendances réelles de la société algérienne face tant aux mutations internes que mondiales. Les exigences d'un Etat fort de sa droiture et de son droit, si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation, ne doivent pas occulter les besoins d'autonomie de pouvoirs locaux qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes.
(A suivre)
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international


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