Historiens et moudjahidine ont appelé mardi à Alger pour des études historiques « objectives » afin de mettre en évidence « l'affaire de l'Elysée » concernant la rencontre entre les dirigeants de la Wilaya IV historique et le président français Charles de Gaulle le 10 juin 1960. Dans ce contexte, Nafissa Douida, professeur d'histoire contemporaine à l'Ecole normale supérieure (ENS) de Bouzeréah, a plaidé pour « davantage d'équité dans cette affaire à travers des recherches historiques objectives sur cette affaire connue par « l'affaire de l'Elysée », « l'affaire Si Salah » ou « l'affaire de la Wilaya IV », classée confidentielle pendant un certain temps. Pour l'historien Fouad Soufi, il est nécessaire d'ouvrir les Archives nationales pour les chercheurs algériens afin d'élaborer des études et des recherches crédibles et basées sur des documents algériens. Dans ce contexte, l'historien a critiqué « le recours de plusieurs historiens aux Archives françaises afin d'écrire l'histoire de la Guerre de libération ». Il a appelé également les moudjahidine "à écrire leurs mémoires pour éviter d'écrire l'histoire de l'Algérie à partir des Archives françaises". En ce qui concerne les moudjahidine, Lakhdar Bouragaa, membre du Conseil de la Wilaya IV historique, a évoqué lors d'une conférence historique organisée à la Bibliothèque nationale, le contexte historique ayant précédé la rencontre qui a réuni les dirigeants de cette Wilaya, en l'occurrence le Commandant Mohamed Zaamoum (Si Salah), dirigeant de cette wilaya par intérim après que le Colonel Mohamed Bougara était tombé en martyr, le Commandant Djilali Bounaama (Si Mohamed) et le Commandant Lakhdar Bouchmaa avec le président français de l'époque, Charles de Gaulle. Pour l'intervenant, « les conditions ayant précédé la rencontre « étaient dures » pour la wilaya historique IV, d'autant que l'organigramme mis en place par le commandement de la révolution au congrès de la Soummam consacrait l'autonomie de chaque wilaya dans ses décisions ; ce qui avait monté la pression à laquelle s'ajoute la mise en œuvre du Plan Challe. Après l'appel lancé par le général De Gaulle "la paix des braves", les trois chefs ont convenu de rencontrer le président français en toute discrétion mais la réunion n'a pas abouti. Ensuite De Gaule a établi le contact avec le gouvernement provisoire dont le siège était à Tunis ». Enfin, pour l'écrivain Rabah Zaamoum l'objectif des trois commandants à travers cette rencontre était de « connaitre la position de De Gaulle par rapport à la déclaration de l'autodétermination annoncée en septembre 1959 », et ce, avant de souligner que cette réunion « a accéléré l'indépendance de l'Algérie».