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L'Algérie de 1963 à 2018, une transition inachevée face aux enjeux géostratégiques, pour la stabilité/sécurité
Publié dans La Nouvelle République le 06 - 02 - 2019

Les défis qui attendent l'Algérie après l'élection présidentielle du 18 avril 2019 sont nombreux et complexes. Toute politique de développement de 2019 à 2024 n'aura de chances d'aboutir que si d'abord l'on tient compte des trajectoires du passé pour ne pas renouveler les mêmes erreurs, que s'il y a mise en place de nouvelles institutions débureaucratisées, un minimum de consensus social pour sa mise en œuvre, tout projet étant porté par les acteurs politiques, sociaux et économiques, identifiant clairement le rôle des acteurs, et une autre échelle de valeurs fondée sur une économie réhabilitant le travail et l'intelligence en fait la morale pour favoriser les véritables créateurs de richesses au sein d'un monde en perpétuel mouvement. Aussi, l'Algérie sous réserve de la stabilité, de la sécurité, d'une nouvelle gouvernance, a toutes les potentialités de sortie de crise en conciliant efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale. Nous devons prendre conscience de la gravité de la situation : la vache de lait à traire, Sonatrach c'est fini.
En septembre 2005, nous avons le référendum sur la réconciliation nationale avec un vote massif en faveur de la paix et c'est à l'actif du président Abdelaziz Bouteflika Un chef de gouvernement est nommé après plus de 8 mois d'attente mais son mandat sera de courte durée, à peine une année, du fait des conflits de compétences. Un second chef de gouvernement Ali Benflis lui succèdera mais qui démissionne, tout en se présentant candidat à la présidence avec comme conséquence une dualité dans les rangs du FLN dont il est issu. Il est remplacé par le Secrétaire Général du RND Ahmed Ouyahia. Viennent ensuite les élections du 08 avril 2004 qui sont largement remportées par le précédent Président avec trois chefs de gouvernement successifs : premièrement le secrétaire général du RND qui a été chargé des élections de 2004, puis le secrétaire général du FLN Abdelaziz Belkhadem courant 2007, ce Parti avec les élections successives étant devenu majoritaire tant au niveau de l'APN que du Sénat, avec peu de modification dans la composante ministérielle puisque le nouveau chef de gouvernement n'a pu nommer aucun ministre entre mai 2006 et juin 2008, assistant d'ailleurs à la même composante à quelques variantes près depuis 10 années, idem pour les Walis et les postes clefs de l'Etat.
Puis à nouveau courant 2008 voilà le retour du secrétaire général du RND qui sera chargé des élections d'avril 2009.C'est également durant cette période courant novembre 2008 qu'est amendée la constitution, à la majorité des deux chambres, les députés et sénateurs. Cet amendement ne limite plus les mandats présidentiels, tout en supprimant le poste de chef de gouvernement en le remplaçant par celui de premier ministre consacrant un régime semi-présidentiel. Dans la foulée, l'élection présidentielle s'est tenue le 09 avril 2009 où l'ancien président est réélu pour un nouveau mandat de cinq années (2009/2014). Mais fait nouveau, une crise mondiale sans précédent depuis la crise d'octobre 1929 est apparue en octobre 2008. En septembre 2012, à la place d'Ahmed Ouyahia, qui sera désigné directeur de cabinet à la présidence de la république, est nommé Abdelmalek SELLAL premier ministre qui sera directeur de campagne pour une nouvelle élection présidentielle le 17 avril 2014, remportée par Mr Abdelaziz Bouteflika.
Abdelmalek Sellal dirigera quatre gouvernements successifs ayant été directeur de campagne plusieurs fois du président Bouteflika du 4 septembre 2012 au 11 septembre 2013, du 11 Septembre 2013 au 13 mars 2014, du 5 mai 2014 au 14 mai 2015 et du 14 mai 2015 au 24 juin 2017.Viendra ensuite la révision de la constitution par les deux chambres (Loi n° 16-01 du 26 Joumada El Oula 1437 correspondant au 6 mars 2016) limitant le mandat du président à deux en précisant que toute loi n'est jamais rétroactive. Nous assistons en 2017 à la nomination d'Abdelmadjid Tebboune au poste de Premier ministre du 25 mai au 15 aout 2017 qui sera démis de ses fonctions, le 15 août, trois mois après sa nomination à la tête du gouvernement et à nouveau la nomination d'Ahmed Ouyahia comme premier ministre.
Durant cette période 2000/2014, nous assistons à l'accord signé pour une zone de libre-échange avec l'Europe applicable depuis le 1er septembre 2005,prorogé jusqu'à 2000, plusieurs organisations des capitaux marchands de l'Etat passage des holdings aux SGP, puis aux groupes industriels mais qui ne résolvent pas le problème du déficit structurel de la majorité des entreprises publiques, une nouvelle loi sur l'investissement, sur la privatisation, qui sera ensuite amendée le 03 aout 2016, (nouveau code d'investissement) la loi sur les Mines, la loi sur l'électricité et le transport du gaz par canalisation et l'amendement de la loi sur les hydrocarbures qui postule pour ce segment que la Sonatrach sera majoritaire au moins de 51% tant à l'amont, l'aval que pour les canalisations.
La loi de Finances complémentaire 2009 avalisée par la loi de Finances 2010 introduit la préférence nationale avec la règle des 49/51%, dont aucun bilan n'a été fait à ce jour, élargie aux banques ainsi que des mesures d'encadrement des transferts de capitaux. Utopie bureaucratique et esprit rentier, l'on veut généraliser cette règle même au commerce qui n'existe même pas en Chine alors que l'objectif stratégique est le transfert technologique et managérial avec des minorités de blocage afin d'éviter des délocalisations sauvages, la règle 49/51% pouvant s'appliquer aux segments stratégiques qu'il faut définir avec précision. Le 11 juillet 2010 est adoptée la réglementation des marchés publics, prévoyant la marge de préférence nationale passant de 15% à 25% avec une tendance au retour au tout à l'Etat gestionnaire via la dépense publique, à ne pas confondre avec l'Etat régulateur stratégique en économie de marché, le privé local de la sphère réelle ayant des capacités financières, technologiques et managériales fortement limitées, fortement connecté au secteur public par des relations de clientèles.
Concernant le commerce extérieur nous avons des tâtonnements interminables avec des conflits internationaux notamment avec l'Europe notre principal partenaire : licences d'importation en promettant une facture d'importation de biens entre 2015/2017 de 30 milliards de dollars, données qui seront démenties par la suite où avec les sorties de devises des services les sorties de devises fluctuent entre 55/58 milliards de dollars où nous assistons à une incohérence de discours de responsables, à un manque flagrant de la politique industrielle où l'on agrée tous azimut des usines de montage de voitures sur les anciens modèles avec des avantages exorbitants qui contribuent à la baisse des réserves de change tout en n'exportant pas et les prix toujours à la hausse et récemment la suppression des licences d'importation avec une taxation d'un millier de produits, mesures transitoires, posant la problématique du niveau de la production nationale pour éviter un processus inflationniste.
Comme a été modifiée la loi sur la monnaie et le crédit introduisant le financement non conventionnel (planche à billets qui représente en 2018 dans sa première phase ente 20/25% du PIB) qui non maitrisée et s'il ne s'adresse pas aux segments créateur de valeur ajoutée risque de conduire à un processus inflationniste incontrôlée (déséquilibre offre/demande) et par ricochet en mettant à la disposition des opérateurs des dinars, ces derniers peuvent accélérer les importations en devises et donc réduire les réserves de change.
Urgence d'une nouvelle gouvernance
Cependant il y a lieu d'éviter à la fois la sinistrose et toute autosatisfaction. De 1999 à 2018, contrairement à certaines analyses malveillantes, n'oubliant jamais la destruction massive de l'économie 1990/1999 sans compter le traumatisme de la population à d'importantes réalisations. Ceux qui affirment que rien n'a été réalisé depuis l'indépendance politique et durant la période 2000/2018 versent dans le dénigrement politique car qu'était objectivement l'Algérie entre 1963/1999 et entre 2000/2018? Nous avons assisté incontestablement à bon nombre de réalisations notamment : dans les infrastructures notamment les routes, l'eau (Oran et bon, nombre de villes étaient alimentées en 2000 avec de l'eau salée), dans l'intensification des branchements de l'électrification-gaz, dans la construction massive de logements, les infrastructures hôtelières malgré le bas niveau des prestations et un prix élevé par rapport au pouvoir d'achat moyen, le tourisme devant devenir un levier stratégique les télécommunications également avec des prestations moyennes, la santé, malgré une relative détérioration et la construction dans l'éducation malgré la baisse du niveau, le développement indéniable de l'agriculture malgré la hausse des prix, la création de certaines unités industrielles dont la dynamisation du secteur privé mais avec incohérence nécessitant sa réorganisation, une répartition du revenu national certes pas égalitaire mais garante de la stabilité sociale posant d'ailleurs la problématique des subventions non ciblées intenables dans le temps renvoyant à la nécessaire transition énergétique.
Mais il faut reconnaître une non maîtrise de la gestion avec des surcoûts exorbitants et l'urgence de corriger l'actuelle trajectoire qui a atteint ses limites devant reposer sur une réelle décentralisation, une réorganisation institutionnelle centrale et locale et une vison stratégique de l'avenir dans le domaine économique, social, culturel, diplomatique, et sécuritaire de l'Algérie horizon 2020/ 2030 par rapport à la transformation du nouveau monde. En 2018 le ministre des Finances devant le parlement annonce officiellement que les réserves de change vont se tarir pour terminer en 2021 à 32 milliards de dollars contre 194 au 01 janvier 2014 et en cas d e non modification de la trajectoire économique 12 milliards de dollars pour le FMI courant 2022. Ainsi, depuis juin 2014, nous assistons à une baisse des recettes des hydrocarbures de près de 40% entraînant le pays dans une nouvelle turbulence financière, l'Algérie après plus de 50 ans d'indépendance dépendant avec les dérivées à 98% des hydrocarbures avec comme par le passé à des discours rentiers de certains responsables, vivant de l'illusion de la rente, épaulés par certains experts vivant de marchés de ministères, affirmant la remontée des cours mais démentis par la réalité car à la différence de celle de 1986, qui sera de longue durée du fait de nouvelles mutations énergétiques mondiales.
Comme en 1986, courant 2008/2009 différents responsables politiques déclareront à la télévision officielle que la crise ne touche pas l'Algérie du fait de la non connexion avec le système financier mondial, de la non convertibilité du dinar et de l'importance des réserves de change oubliant la chute des cours des hydrocarbures qui représente plus de 98% des recettes en devises et que les dépenses réelles c'est-à-dire le plan de financement est largement tributaire du cours des hydrocarbures. Par ailleurs, l'Algérie ne vit pas isolée. Le monde est appelé à d'importantes mutations géostratégiques et économiques avec la quatrième révolution économique (‘intelligence artificielle, digital, transition énergétique) impliquant une révolution culturelle de nos dirigeants qui vivent encore de l'illusion de la rente et du modèle des années 1970.
S'offrent quatre solutions pour le gouvernement dont trois à court terme : soit le déficit budgétaire ; soit réduire les dépenses de fonctionnement (débureaucratisation) et mieux gérer les dépenses d'équipements en ciblant les segments à valeur ajoutée réelle, éviter des investissements de prestige, supposant également d'assouplir la règle des 49/51% où l'Algérie supporte tous les surcoûts, soit un endettement extérieur ciblé. Mais la solution durable, le grand défi à moyen et long terme est d'avoir une vision stratégique dans le cadre des nouvelles mutations mondiales, afin de réaliser tant la transition énergétique (Mix) que la transition économique On ne relance pas l'activité économique par décret ou des lois d'investissement sans objectifs stratégiques (combien de codes d'investissement depuis l'indépendance politique) ou par le volontarisme étatique, vision de la mentalité bureaucratique rentière.
(A suivre)
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul


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