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Les écrivains aussi ont leur mercato
Publié dans La Nouvelle République le 17 - 03 - 2019

Comme avec les stars du football, les meilleurs écrivains font l'objet de transferts d'une maison d'édition à l'autre à coups de millions. Un mercato qui se poursuit lors du Salon du livre, qui vient d'ouvrir.
C'est comme la face cachée de l'iceberg. Le 39e Salon du livre de Paris, rebaptisé Livre Paris, qui s'est ouvert vendredi au public Porte de Versailles (15e), jusqu'à lundi inclus. La manifestation ne dérogera pas à la règle : représenter quatre jours durant «la plus grande librairie de France». Mais derrière cette vitrine toute d'embrassades se dissimule un univers nettement moins Bisounours. Gros sous, ruptures et trahisons.
Car depuis une vingtaine d'années, le monde de l'édition a mis du poison dans son champagne. Les traditions familiales ont été éparpillées façon puzzle. Comme au football, le métier s'est mis à décliner ce mot nouveau de «mercato».
Les transferts d'auteurs. Les maisons qui en ont les moyens se disputent la poignée d'écrivains qui font le beau temps des ventes. «Attention ! relativise l'éditeur et écrivain Éric Naulleau, par ailleurs amateur de ballon rond et animateur sur C8 de l'émission Balance ton post. Si l'on compare avec les montants atteints dans le foot, les chiffres de la littérature ne relèvent guère que du budget chewing-gum de Cristiano Ronaldo ! Mais il est étonnant de constater que deux mondes aussi éloignés l'un de l'autre se sont rapprochés sur ce plan.»
Book-business
Le dernier exemple de transfert-événement est, en septembre 2017, le départ de Guillaume Musso (32 millions de livres vendus, selon sa fiche Wikipédia) de chez XO Éditions, dirigées par Bernard Fixot. Bienvenue chez Calmann-Lévy. Un «coup» qui avait un coût. Un éditeur-star en glisse le montant sous le manteau : 5 millions d'euros. Toutefois, poursuit Naulleau, le cas «le plus spectaculaire» est celui de Michel Houellebecq. «Il est celui qui a fait basculer le milieu littéraire dans le book-business. Avec son agent François Samuelson, il a signé l'entrée du livre dans le monde du capitalisme.»
Flash-back. Houellebecq, Goncourt 2010 pour «La Carte et le territoire» chez Flammarion, avait, 5 ans auparavant, rejoint Fayard. Avec l'éditeur Raphaël Sorin à la manœuvre de cette inamicale OPA, il espérait décrocher le Graal des prix. Échec. Houellebecq — qui aurait atteint les 50 millions d'exemplaires vendus, tous éditeurs confondus — a fini par regagner le bercail initial, pour une somme qui reste un mystère. Et il a empoché le Goncourt… «Bien sûr, l'argent joue, confie l'éditrice Teresa Cremisi, heureuse d'avoir retrouvé son enfant prodigue, mais ça se passe un peu comme dans les divorces. Le désespoir est plus souvent affectif que financier.»
«Ça s'appelle un chagrin d'amour»
N'empêche, le choc est brutal. L'éditrice Anne Carrière en soupire encore. «J'ai découvert Paulo Coelho, Guillaume Musso, Laurent Gounelle et Fatou Diome, et ils sont tous partis ailleurs. C'est un peu rude. Certes, on ne possède pas nos auteurs. Ils ont le droit de nous quitter. Mais au moins, qu'ils le fassent avec une certaine décence. Guillaume, qui avait publié chez moi un excellent polar, je ne lui en veux pas, Bernard Fixot l'a envoyé aux États-Unis se former à l'écriture. Il a tout payé, il l'a façonné. Je n'aurais jamais su faire ce qu'il a fait pour lui. Mais c'est dans Livres Hebdo (NDLR : la Bible hebdomadaire de la profession) que j'ai appris que Gounelle changeait de maison ! Et pour Coelho, avec lequel j'avais fait six ou sept livres, j'ai reçu un mail de son agente en m'expliquant qu'elle avait signé pour Flammarion. De Paulo, pas un mot.» Heureux éditeur d'Agnès Martin-Lugand, Michel Lafon a lui aussi dégusté. «C'est un dépit terrible. J'ai lancé Maxime Chattam, il était libraire, je l'ai mensualisé. On a fait quatre livres ensemble et il a été démarché par Jean-Christophe Grangé (NDLR : auteur des Rivières pourpres, de L'Empire des loups. Ça s'appelle un chagrin d'amour. Ce qui est horrible, c'est quand on ne vient pas nous dire : je suis venu te dire que je m'en vais.» Aux yeux du même éditeur, «tout s'est accéléré à une vitesse vertigineuse. Avant, il y avait des vieux crocodiles. Chacun avait son pré carré et respectait l'autre. Aujourd'hui, de jeunes killeuses qui ont entre 30 ans et 40 ans, se font la guerre dans un marché de l'édition qui s'est réduit. Vingt auteurs font 80 % du chiffre d'affaires général.»
«Ne pas oublier son anniversaire»
Mais pourquoi partent-ils s'ils ont trouvé leur nid ? « Il faut terriblement les materner, être très attentif, ne pas oublier un anniversaire… Et dépenser des sommes conséquentes pour tout ce qui est parallèle : le cinéma, la télé, les salons…» Ce que confirme Luc Jacob-Duvernet, qui vient de publier «Nos Chers Éditeurs» (éd. Écriture, 176 pages, 18 €), qui regroupe 13 témoignages d'écrivains. «Si les auteurs se sentent moins chouchoutés, moins appréciés, ils s'en iront. Quand il vendait moins bien, Gilbert Sinoué a eu cette impression d'être mal aimé. L'éditeur l'évitait dans les couloirs.» Ce qui n'arrivera pas à Amélie Nothomb, fidèle parmi les fidèles et qui a même son bureau au rez-de-chaussée des éditions Albin Michel. Ni à David Foenkinos, qui ouvre des yeux ronds quand on lui demande s'il envisage de quitter Gallimard. «Pour ça, il faudrait que Jean-Marie Laclavetine (NDLR : son propre éditeur dans l'auguste maison) s'en aille. Alors, je le suivrais.» «Oh vous savez, tempère une mauvaise langue : un jour, quelqu'un se présentera avec un très gros chèque…» Ce monde est vraiment méchant.


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