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Une épopée algéroise
Publié dans La Nouvelle République le 23 - 04 - 2019

Après Barbès Café en 2012 et Cabaret Tam Tam en 2015, le Cabaret Sauvage et son capitaine, Méziane Azaïche explorent, au fil d'un nouveau spectacle, Casbah mon amour, la sublime citadelle d'Alger et sa bande-son, le chaâbi, jusqu'au 27 avril. On était à la Première. Récit.
Des deux côtés de la scène, deux écrans projettent les images vidéo d'une citadelle blanche juchée sur son promontoire, un village populaire dans la ville, une fourmilière qui surplombe la baie méditerranéenne, un labyrinthe aux entrelacs de ruelles accidentées, d'escaliers, où des sourires et des jeux d'enfants jouent à cache-cache : c'est la Casbah d'Alger. Et déjà, dans la salle, composée d'une majorité d'Algériens, l'émotion et la nostalgie se propagent comme un courant électrique. Sous les familières tentures rouges du chapiteau du Cabaret sauvage (Paris XIXe), se dressent des portes majestueuses, aux décors orientaux, comme un rappel des cinq «bab» d'Alger.
Sur les planches, dans la pénombre, une mandole égrène ses notes de dentelles, sous les doigts de Mohamed Abdenour, plus connu sous le nom de Ptit Moh, maître du chaâbi. Et bientôt, sept musiciens – oud, guitare, percussions, violon, etc. – lui emboîtent le tempo, suivis d'une flopée de youyous, et d'ébauches de déhanchés. Vite, un comédien clownesque (Athman Bendaoud) émerge d'une porte imaginaire, avec un encensoir, qui inaugure l'histoire. Son discours, en français émaillé de mots, d'expressions arabes et de traits humour, soulève des éclats de rire et de tendresse parmi l'auditoire. Une poignée de souvenirs, aussi. Il raconte sa Casbah et ses odeurs, par lesquelles sa mémoire se repère – les ruelles au jasmin, celles du cuir tanné, les senteurs de cannelle, de rose et de basilique, une odeur pour chaque lieu – décrit les terrasses sur la mer et la lune qui veille sur ses frasques. Et bien sûr la musique : «Casbah-chaâbi, ça rime. Et chaâbi-casbah, c'est kif-kif».
La musique du peuple
Ce soir-là, le Cabaret Sauvage a pris un aller simple pour Alger, grâce au capitaine du vaisseau Méziane Azaïche, déjà responsable des spectacles Barbès Café en 2012 et Cabaret Tam Tam en 2015. Là encore, pour cette nouvelle création, intitulée Casbah mon amour, le maître des lieux, bonhomme et généreux, affiche un indéfectible engagement : «Ces spectacles me coûtent très cher. Je ne rentre jamais dans mes frais, exception faite de Barbès Café, qui avait tourné en France et en Europe au fil de plus de 100 représentations…mais les sujets me touchent. Pour ce dernier projet, le propos aborde d'ailleurs moins la Casbah, fabuleux prétexte, que la bande-son née de ses entrailles : le chaâbi, «musique du peuple», héritée des noubas arabo-andalouses, art savant chanté en arabe littéraire, qui égayait les cours royales du Maghreb dès le Moyen-Âge. Surtout, Méziane se remémore avec gourmandise ses virées d'adolescent à la Casbah : «Pendant le ramadan, avec les copains, on prenait un taxi, et on faisait 120 km pour venir jusqu'ici manger un zlabia ou boire un thé. Quand t'as goûté à ce lieu magique, je te jure, il ne te lâche plus». Dans les ruelles, les mots du chaâbi chantent la spiritualité, l'exil et les peines, la joie, l'amitié, et bien sûr… l'amour.
L'hommage aux maîtres : de El Anka à Rachid Taha
Et voici bien ce dont il est question, ce soir, dans Casbah mon Amour. Le jeune héros s'éprend follement de la belle Fatma, à la bouche «couleur fraise des bois». Las, la famille de son aimée s'oppose à leur union. Sur les pérégrinations du personnage, des images défilent. Ce sont des extraits de films qui prennent pour décor le fameux quartier : Pépé le Moko (Julien Duvivier, 1937, avec Jean Gabin), Les enfants de Novembre (Moussa Haddad, 1975)… Et bien sûr, le mythique La Bataille d'Alger (Gillo Pontecorvo, 1966) couronné d'un Lion d'Or à Venise, sur la révolution du peuple algérien contre l'occupation coloniale. Plus tard, des images actuelles résonnent avec l'insurrection en cours : celle de la révolution du peuple algérien, d'une jeunesse assoiffée de changements et de liberté. Sur scène, les musiciens rythment l'histoire par les grands tubes – tour à tour joyeux, exaltés, émouvants – du chaâbi, repris en chœur par un public, qui se lève comme un seul homme pour embraser le parquet de danse, et charmer l'air du chapiteau des volutes de leurs bras. «J'ai réalisé des arrangements, bien sûr, car les morceaux de chaâbi durent en général de 15 à 20 minutes, explique Ptit Moh en coulisses. J'ai écrit des nouvelles introductions, donné des petites touches flamenco… Je me suis amusé ! ».
Sur les écrans, défilent aussi les maîtres du genre et leurs biographies, avec en tête de fil, l'incontournable El Anka (1907-1978), «Le Cardinal», qui a su conférer ses lettres populaires à une musique jusqu'alors enfermée dans ses carcans sacrés, et l'unir aux mots des poètes. Dans cette lignée de «maîtres», résonne justement, en fin de concert Ya Rayah, tube indémodable de Dahmane El Harrachi, portée par la voix du rockeur, Rachid Taha. Méziane nous l'avait confié : «Au début, ce projet autour du chaâbi devait se réaliser avec Rachid. Je lui avais juré que je le ferais. Avec ou sans lui». Promesse tenue. Avant la fermeture du rideau, apparaît d'ailleurs sur l'écran cette dédicace : «À Rachid Taha, 1958-2018».
Et notre héros ? Attention, «spoiler» : la famille de son amour accepte finalement qu'il l'épouse. Le spectacle se clôt sur un mariage, avec une cérémonie du henné assurée par Méziane. La liesse se débride, et des youyous stridents explosent. Une foule compacte envahit la piste. «Dans la casbah, il y a des ondes très spéciales», nous avait assuré Ptit Moh. Assurément, ce soir-là, elles ont envahi Paris.


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