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Mémoires anachroniques de l'Andalousie perdue
Publié dans La Nouvelle République le 11 - 05 - 2019

Leur participation à cette première campagne a été d'une efficacité reconnue et, ainsi, couverts de lauriers, plusieurs sont restés là-bas, pour maintenir l'ordre et s'occuper de la vie qui continuait. Les autres, le gros de la troupe, ont rejoint l'armée de Tariq Ibn Ziyad qui fut désigné officiellement comme «commandeur des croyants» par l'Empire Omeyyade de Damas pour accomplir la grande mission en terre d'Ibérie. Ainsi, la conquête de Biled El Andalus pouvait se faire sans se soucier d'une attaque dans le dos.
Nous sommes en 711 de l'ère grégorienne et le mois de «sha'ban» de l'an 92 de l'Hégire. Tariq Ibn Ziyad, à la tête d'une armée de 7000 Moudjahiddine, commence sa traversée du détroit qu'on appelait dans le temps les «Colonnes d'Hercule. Il accoste au pied d'une montagne de l'autre rive, qu'on appellera plus tard «la montagne Tariq» (Jabal Tariq). Ensuite, ses hommes avancent vers une région large, appelée «Jazirat Al Khadra» devenue plus tard «Algésiras». Et là, les troupes musulmanes n'ont eu aucun mal à se défaire des premières armées conduites par les gouverneurs de Rodrigue, non sans leur avoir proposé les solutions suivantes, bien avant l'inévitable confrontation, au cas où…: Le commandant Tariq, décidait d'envoyer ce message clair, celui du véritable musulman qui privilégie d'abord la solution pacifique, avant même d'arriver à l'issue extrême, «Islem teslem », en d'autres termes : - Je vous recommande de vous plier à la volonté d'Allah et de vous convertir à l'Islam. Vous bénéficierez ainsi des privilèges des musulmans, tout en ayant le droit de garder vos biens actuels. L'Islam est une religion de justice, de rapprochement et d'équité. Si cette première solution ne vous agrée pas, je vous demande de payer la «Jizya» aux musulmans et de garder tout ce que vous avez en votre possession. Cependant, si vous n'êtes ni pour la première solution, ni pour la seconde, vous serez obligés de nous livrer bataille pour vous défendre et, dans le cas où la victoire sera de votre côté, vous aurez, bien sûr, tous les droits de disposer de votre statut à votre gré. Il faut que vous sachiez que notre expédition n'a aucune couleur d'oppression et d'avilissement. Notre expédition possède ce caractère de rapprochement, d'aide et de sensibilisation pour vous permettre de connaître les bienfaits de la nouvelle religion qui s'adresse à toute l'humanité. C'était cela l'appel clair des musulmans et le choix qu'ils laissaient à leurs adversaires, en toute circonstance. Ils ne venaient pas avec l'acharnement des barbares, les vrais, pour conquérir les terres et les esprits, même si les récits des événements relatifs à cette période leur attribuent des comportements qu'ils n'ont jamais adoptés, ni même acceptés. D'ailleurs, n'était-ce pas eux, nos aïeux, qui ont appelé les habitants de la péninsule les «Andalùs», par corruption du nom «Vandales» pour les «belles performances» de ces derniers, en matière de cruauté et de bestialité ? N'ont-ils pas adopté cette appellation pour rappeler aux «bons souvenirs» des habitants de la péninsule les affres qu'ils ont vécues sous la domination de ces vandales ? Qui sait ? Peut-être que les historiens expliqueront encore mieux cette origine du mot, si ce n'est déjà fait… - Comment plier devant des hordes de sauvages du désert, des coureurs de steppes…, devant d'impitoyables sanguinaires qui viennent pour nous dépouiller de nos richesses et prendre nos femmes et nos enfants pour les vendre comme esclaves dans leurs souks où se mêlent caravaniers, marchands perfides et voleurs à la tire ? Répondaient les chefs au message de Tariq. Les chrétiens wisigoths ne mesuraient pas les bienfaits de ces propositions et, leurrés par leur fierté, ils ont combattu les musulmans. Les troupes de Tariq ont eu le dessus sur eux, et les ont vaincus. - «J'envoie ce jour un message à Rodrigue ! », vociféra le premier chef défait des Wisigoths. Il lui parviendra à Tolaytoula (Toledo), la capitale, dans les plus brefs délais, précisa-t-il à ses troupes abattues et tristes devant ce revers qui ne leur donnait aucun signe d'encouragement pour reprendre la bataille, et se défaire de cette armée de Berbères musulmans, aguerris et décidés d'aller jusqu'au bout de leur expédition. Le message était ainsi libellé : - «Viens nous aider ô Rodrigue ! Car il y a un peuple qui a mis pied à terre ici et nous ne savons s'ils sont des gens de la Terre ou des Cieux. Ils nous demandent d'entrer dans leur religion, et ils nous laisseront sans porter atteinte ni à nous ni à nos biens. De plus, ils appliquent une nouvelle stratégie politique que nous n'avons jamais vue auparavant. Nous avons l'habitude de voir les conquérants tuer, dévaster, brûler, s'emparer de tout et voler tout sans rien demander à personne, sans conditions. Ceux-là, ne font rien qui puisse nous indigner. Par contre, ils passent leurs nuits à prier tels des prêtres, et en journée ils combattent comme des guerriers qui ont fait ça toute leur vie.» Les Wisigoths étaient arrivés au point où ils ne savaient plus s'ils avaient vraiment à faire à des êtres humains ou à des gens venus d'une autre planète. Ils étaient abasourdis, désorientés, en même temps qu'offensés et humiliés par cette défaite qui a survenu en deux jours seulement, une défaite au profit de ce qu'appelait leur chef : «des coureurs de steppes et d'impitoyables sanguinaires». Enflammé de colère, une fois le message parvenu, le roi Rodrigue décida de lever une armée de 100 000 hommes, des cavaliers pour la plupart, pour se mettre au devant de Tariq Ibn Ziyad qui ne disposait que de 7 000 hommes et peu de cavaliers parmi eux. Le commandant Tariq, en voyant que les forces étaient vraiment déséquilibrées, a envoyé de son côté un messager à Moussa Ibn Nouçaïr, pour lui demander des renforts. - «Nous avons vaincu, grâce au Tout Puissant, les hordes de Wisigoths. Nos combattants se sont montrés dignes et courageux, sur le champ de bataille. Plusieurs sont tombés, en héros, pour que vive notre espoir, celui de concrétiser notre programme de conquête, selon la volonté d'Allah. Nous sommes décidés à aller très loin, pour faire admettre l'Islam dans d'autres contrées de la péninsule. Cependant, le roi Rodrigue est en train de préparer une contre-offensive qui nous sera préjudiciable à cause de l'inégalité de nos forces. En effet, nos informations nous révèlent qu'ils seront nombreux, très nombreux pour nous arrêter dans notre progression. Je ne peux revenir en arrière, cela n'est pas de mon tempérament, et pareille attitude ne m'effleure point l'esprit, mais je ne peux également exposer mon armée à une défaite certaine. Les Wisigoths seront plus de 100 000 soldats et nous sommes bien moins de 7 000 après les premières confrontations qui se sont terminées, «wel hamdou lillah» avec la victoire de nos troupes. Je te demande de nous renforcer par quelques «kataïbes» qui pourraient nous venir en aide et participer avec nous à la victoire, que je vois, là, devant moi, inchallah.» En réponse à sa demande, le gouverneur ne l'a gratifié que de quelques soldats en plus. D'ailleurs, il ne pouvait mieux faire puisqu'il devait, lui-aussi, assurer ses arrières en ces temps durs où la région vivait à l'air de mouvements convulsifs. - « Nos moyens sont limités ô commandant ! Je ne peux t'envoyer que 5 000 combattants, parmi les meilleurs que je possède. Ils seront encadrés par Tarif Ibn Malik, celui qui a déjà découvert en éclaireur les terres andalouses et qui a fait la reconnaissance militaire du terrain. Je comprends ta situation, je reconnais qu'elle est difficile face aux légions des chrétiens, j'imagine la dureté de la bataille que tu vas mener, mais je crois en notre Seigneur Allah, et je sais qu'il sera avec toi et notre armée de fidèles croyants qui luttez pour l'Islam et la morale de l'Islam. Va au devant de ton destin ! Va contre ces impénitents Wisigoths qui n'ont pas compris notre message de paix et d'ouverture sur un monde nouveau. Tu seras le vainqueur au nom d'Allah!» - « Ce n'est pas suffisant pour contrer l'armée de Rodrigue ! », répéta en lui-même Tariq, sans montrer son désappointement devant ses troupes qui risquaient d'être influencées par le nombre impressionnant de soldats ennemis. « Mais je dois trouver des solutions, je dois me débrouiller pour mener mes hommes à la victoire ! », se défendit-il. Aussitôt, il convoqua les chefs de compagnie qui tenaient le rang de lieutenants et les mit au fait de la situation difficile dans laquelle pourrait se trouver l'armée musulmane, dans quelques jours, face à l'armée de Rodrigue. Ces jeunes lieutenants ont parlé, chacun a donné son point de vue, mais tous étaient prêts pour se sacrifier dans un élan de courage et de détermination pour faire triompher l'Islam. - Je n'en doute pas, répliqua Tariq. Une autre attitude contraire à celle que vous venez d'adopter m'aurait étonnée. Je sens en vous ces premiers combattants de la foi, ceux dont Ali Ibn Abi Taleb a dit, après les avoir rencontrés : - «O gens de la Mecque, ô gens de Médine, je vous recommande de bien vous conduire envers les Berbères, car ils vous apporteront du Maghreb la religion d'Allah après que vous l'aurez laissé perdre. Ce sont eux qui ne tiendront compte de personne et de rien d'autre, si ce n'est de l'obéissance à Allah. » Et il a dit encore : - « Quand vient l'heure de la lutte, on combat…, et les Berbères, eux, combattent pour la religion d'Allah, afin de la faire triompher. » Enfin Aïcha, mère des croyants, disait quant à elle, nous concernant: - «Les Berbères savent accueillir les hôtes, frapper avec le sabre et brider les rois, comme on bride les chevaux.» Profitant de cet instant de concentration autour d'un sujet brûlant, Izemis, sort de sa réserve et, devant Tariq qui l'appréciait beaucoup, met en relief ses talents de tribun devant une assistance qui savourait tout ouïe ses propos qui venaient renforcer ceux du commandant et qui donnaient une autre saveur de résolution et d'opiniâtreté à cette campagne. - Quelle différence, leur lança-t-il, entre une armée obéissante, qui a choisi de combattre dans le sentier d'Allah, désirant ardemment le «Djihad», et une armée surprise, forcée de sortir et, de surcroit, blasée ! Quelle différence entre une armée dont le plus grand souhait est de mourir dans le sentier d'Allah, et une armée dont le plus grand souhait est de rentrer saine et sauve auprès des siens ! L'armée des musulmans est comme un rang de prière. Le riche est à côté du pauvre, le fort est collé
au faible, et le gouverneur sur la même ligne que le gouverné. Quant à l'armée d'en face, elle est composée de personnes qui contrôlent les biens des autres et se servent d'eux comme des esclaves. « Allah Akbar ! », répliquèrent de jeunes chefs comme lui qui l'écoutaient attentivement. Mais Izemis, n'avait pas encore terminé son propos. Il voulait aller jusqu'au bout et, d'un geste auguste, celui des fougueux conquérants, leva son bras droit au ciel pour arrêter ces clameurs et exprimer à ces compagnons qu'il a encore beaucoup à dire. Mais au fait, cette conquête de Biled El Andalus, n'était-elle pas l'œuvre de valeureux Berbères, comme lui, pour qu'il ne s'investisse entièrement et n'aille pas s'expliquer sur les tenants et les aboutissants qui feront demain les victoires sur tous les champs de bataille? C'est là, à ce moment crucial, que les meilleures potentialités se dévoilent pour laisser conclure l'élite sur qui repose la réussite de n'importe quelle entreprise. Et, Izemis, n'hésitait pas pour aller jusqu'au bout de ses forces pour participer concrètement à ce projet de conquête en même temps qu'à cette œuvre très importante de l'expansion de l'Islam en terre wisigothe. Ainsi, de concert avec le commandant Tariq Ibn Ziyad, ils échafaudèrent un plan sérieux pour donner plus d'assurance et de réussite à la confrontation avec le roi Rodrigue. - Notre effectif est très peu important devant celui de nos adversaires, disait Izemis, mais n'avons-nous pas un stratagème pour paraître plus nombreux ou, à tout le moins, pour déjouer l'attention de cette importante armée qui va nous donner l'assaut ? Voyons avec Tarif Ibn Malik, lui qui a étudié la topographie de la région. Il peut nous donner quelques explications et nous éclairer sur les éventuels dangers qui nous guettent ou sur les bonnes places que nous pourrions investir pour surgir et fondre avec impétuosité sur nos ennemis. Le commandant Tariq se fascinait de plus en plus devant la logique du jeune Izemis. Il se disait, en son for intérieur, qu'il avait bien fait de l'avoir rencontré, un certain mois d'été à Césarée, et de l'avoir aussitôt préféré à plusieurs autres jeunes qui avaient encore beaucoup à apprendre de la vie. Ce jeune lui semblait plus circonspect et plus sensé car il réagissait raisonnablement aux sujets de grande portée. Il n'hésitait pas à dire son point de vue et il ne lésinait sur aucune information qui pouvait être fondamentale et décisive pour la campagne. Et Tariq de se dire encore, avec une grande lueur d'espoir : - Avec des jeunes pareils, j'irai jusqu'au bout du monde. Notre pays peut être fier d'avoir engendré une descendance de cette qualité, qui ne recule jamais devant les dangers et qui ne ménage aucun effort pour se hisser sur le pinacle de la gloire. Je sais qu'avec ceux-là Rodrigue aura du fil à retordre, et il n'oubliera pas de sitôt les revers qu'il subira avec eux, Inchallah… Sur cette lancée, le commandant Tariq ne perdit pas de temps et, dès l'arrivée des combattants menés par le jeune berbère Tarif Ibn Malik, se réunit en urgence avec quelques officiers de son état-major pour étudier le plan d'attaque et de riposte en cette bataille du destin. Sans trop attendre, une fois la réunion terminée, il prit la situation en main et, comme exhorté par Izemis, lors de son intervention devant ses frères combattants, il annonça à ses lieutenants qu'il attendrait Rodrigue et son armée avec courage et détermination. Et là, il brandit son épée, avec le geste sublime du conquérant, et la planta sur un point de la carte qui représente Biled El Andalus, ramenée par Tarif, en s'exclamant : - « Nous les attendrons à Wadi Bekka, près du fleuve de Barbate ! » et d'enchaîner : C'est là, tout prêt d'«Al-taraf al-agharr » que nous allons engager notre armée et c'est là que va avoir lieu l'affrontement, en une bataille décisive, avec l'armée du roi Rodéric. Oui, nous choisissons ce Wadi (vallée), tout près de «Al-taraf al-agharr » (Trafalgar dans la langue des Wisigoths), car derrière nous et à notre droite il y a des montagnes qui serviraient de barrières naturelles pendant la bataille, et à notre gauche, il y a un grand lac. Ainsi donc, personne ne pourrait surgir de derrière ni de l'ouest ni de l'est. Je placerai notre armée dans cette vallée, et nous attendrons l'arrivée de Rodrigue. En effet, la rencontre a eu lieu le 28 du mois de Ramadhan de l'an 92 de l'Hégire, le 19 juillet 711 de l'ère chrétienne. Et c'est ainsi, dans l'Histoire islamique, que c'est durant le Ramadhan qu'ont eu lieu les conquêtes les plus importantes, les grandes batailles et les éclatantes victoires des musulmans. Durant ce mois de jeûne, de prières nocturnes et de rappel d'Allah, a eu lieu effectivement cette bataille de la vallée de Barbate, une des batailles les plus acharnées de l'Histoire. L'armée musulmane a eu un commandant qui craignait son Seigneur. Tariq Ibn Ziyad était tout à la fois pieux, sage, bon et indulgent, fort, fier et modeste. Il avait en face un orgueilleux tyran, qui pillait les richesses de son peuple et le laissait mourir de faim alors que lui vivait dans l'opulence. L'armée musulmane était celle qui prenait quatre cinquièmes des butins, et l'armée de Rodrigue était celle qui donnait tout à son chef. L'armée musulmane était celle qui recevait l'aide d'Allah, le Créateur de toute chose. Quant à l'armée de Rodrigue, elle combattait le Seigneur. Allah, n'énonce-t-il pas dans Son Livre, au verset 21 de la sourate 58, Al-Mujâdalah : « Allah a établi une règle: "Assurément, Je triompherai, Moi ainsi que Mes Messagers » ? Pour qui avoir de la pitié alors qu'Allah souligne au verset 104 de la sourate 4, An-Nisâ : « Et Allah ne donnera jamais aux mécréants le dessus sur les croyants.» ? En résumé, nous avons le groupe de l'Au-delà et le groupe de ce bas monde ! Alors, pour qui aura-t-on pitié ? Pour l'armée musulmane ou pour l'armée des Wisigoths ? C'est ainsi que la bataille, connue aussi du nom de «Bataille de la Barbate» n'a pas duré une heure ou deux, elle a duré huit jours de suite ! Une de ces journées fut le jour de l'Aïd El Fitr. Des vagues de chrétiens s'abattaient sur les musulmans. Ces derniers patientaient et enduraient les assauts. Ces hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Dieu, et qui ont fait preuve d'endurance durant 8 jours, face à une armée supérieure en nombre, ont été admis parmi les vainqueurs. Après cette victoire des musulmans, au prix de trois mille martyrs sur douze mille soldats – un sang très précieux qui a irrigué la terre d'Andalousie – on n'entendait plus parler du roi Rodrigue. Certains disaient qu'il avait péri dans la bataille de la Barbate ou Guadalète, d'autres soutenaient qu'il aurait pris la fuite vers le nord. En tout cas, après cette légendaire bataille, une nouvelle page de l'Histoire islamique commençait à s'écrire en péninsule Ibérique. La victoire des musulmans et la déroute des troupes chrétiennes ont permis aux Berbères de continuer d'avancer vers le nord très rapidement. Ainsi, Cordoue et Tolède tombèrent aux mains de nos armées, venues toutes du Maghreb. Et nos jeunes combattants, ceux qui prirent le départ de Césarée, qu'étaient-ils devenus, une fois en terre ibérique ? Comment s'étaient-ils comportés, dans l'impétuosité de la bataille ? Ont-ils disparu dans la férocité des combats ? Ont-ils survécu et déployé l'étendard de l'Islam et de sa civilisation ? La réponse qui sied à ces questions, somme toute naturelles, est que nos enfants, guidés par leur chef de file Izemis, sous le haut commandement de Tariq Ibn Ziyad, s'étaient comportés comme des lions dans une arène où il n'y avait qu'un seul vainqueur : la justice de l'Islam. Nombreux ont péri dans ces difficiles épreuves. Ils connaissaient leur destin dès lors qu'ils ont franchi le détroit. Plusieurs sont restés vivants pour témoigner de la rudesse des combats et de la passion qu'ils éprouvaient en défendant un bel et juste idéal. Izemis, quant à lui, demeurait stoïque et calme. Il vivait des moments exaltants d'un meneur d'hommes qui attendait toujours plus d'occasions pour démontrer ses capacités et sa résolution dans la lutte. Il prenait ses ordres directement de Tariq, le commandant en chef de cette grandiose expédition, et il a même été, souvent, très près de lui dans des affrontements durs et périlleux. Il donnait le bel exemple pour un si jeune officier. Il se montrait alerte et, pour ne point le flatter, il a été pendant toutes les batailles un homme à redouter. On le voyait, tout couvert de sang et de poussière, porter partout l'effroi dans une armée entière. On voyait, par sa valeur des colonnes rompues… C'était cela, nos enfants, pendant cette campagne de Biled El Andalus. Ce n'était pas le comte légendaire du fameux «Cid» de Corneille, mais le véritable héros dont s'est certainement inspiré ce dernier, bien plus tard… Et ces belles phrases, écrites avec le talent reconnu à ce dernier, reviennent de droit à Izemis, notre héros. 5- La conquête de Biled El Andalus se poursuit Après les succès retentissants de Tariq Ibn Ziyad, la conquête se poursuivait normalement, avec la même ardeur et les mêmes hommes qui appliquaient leur plan qui a été savamment conçu, des années auparavant. Mais ces grandes victoires n'attisèrent-elles pas la jalousie de Moussa Ibn Nouçaïr, qui se trouvait encore au poste de gouverneur en Tunisie ? Assurément, répondait Izemis, en sortant de sa réserve, à ces compagnons qui le tarabustaient de questions, concernant les deux grands chefs. Moussa Ibn Nouçaïr, continuait Izemis, ne peut ne pas réagir à ce tableau de chasse d'un commandant placé sous ses ordres et qui, en l'espace d'une conquête rapide et efficace, a su montrer de quoi étaient capables les Berbères, ces descendants de la lignée des nobles «Aguellids». D'ailleurs, cette région que nous venons de conquérir, n'était pas inconnue par nos ancêtres. Aussi, elle ne devait pas être ignorée par notre génération qui devait renouer le contact avec un
pays qui a vu passer, il y a des siècles, Massinissa et Jugurtha qui ont fait leurs premières armes tout près de Barcelone. Et Hannibal, n'était-il passé par la péninsule avec ses fameux éléphants, pour aller à Cannes et vaincre les Romains, en une bataille qui reste, jusqu'à nos jours, un modèle de stratégie guerrière ? Et Jules César, quand il a vaincu Vercingétorix à Alésia, ce n'était pas grâce aux généraux berbères qui lui ont tendu la main ? D'où sont-ils passés ceux-là ? N'était-ce pas en parcourant la péninsule ?


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