Depuis le début du mouvement populaire chaque vendredi, suivi par celui des étudiant chaque mardi, les rues de la capitale se sont habituées à leur présence et à leur voix. Pour le 17ème mardi consécutif, les universitaires renouent avec la rue, quinze jour après la fête de l'Aid. Un retour en force pour exiger le départ des tenants du pouvoir et réclamant le jugement de tous les corrompus impliqués dans la mauvaise gouvernance et gestion des affaires du pays. La mobilisation des étudiants ne faiblit pas. Le mouvement s'intensifie chaque mardi. Les étudiants sont toujours à la poursuite de leur lendemain qu'ils conçoivent avec la construction d'un nouvel Etat de Droit sur les principes de la liberté de la justice indépendante et de la démocratie. Pour ce faire, les étudiants soutenus par leurs aînés exigent le changement radical, à la racine de tout le système politique et le remplacer par un nouveau système, légal et conventionnel. C'est les majeures revendications formulées par le collectif des étudiants qui reviennent à la charge des symboles du système politique anachronique et illégitime. Le mouvement estudiantin semble disposé d plus en plus à accompagner l'élite algérienne et les visionnaires d'un avenir meilleur pour le pays pour maturer le projet du peuple algérien longtemps privés de ses droits et de sa liberté sous l'influence du pouvoir qui a abusé de son autorité. C'est une logique et une idéologie que rejettent aujourd'hui la nouvelle génération, connectée et branchée et qui arrive à acquérir une certaine maturité et conscience en corrélation avec sa soif de liberté et d'une vie meilleure. Des objectifs qu'ils veulent aujourd'hui atteindre avec des idées progressistes. Pour leur 17ème sortie, les étudiants ont préféré se rassemblé dès le matin comme à l'accoutumée pour débattre certains points et même formuler des propositions d'une éventuelle sortie de crise. 10h :45, les premiers groupes d'étudiants affluent au niveau de la Grande Poste, le point du départ de chaque manifestation. Des pancartes dans une main et des bouteilles dans l'autre. Il faut bien se rafraichir pour éviter l'insolation et garder sa voix intacte. Les premiers slogans brandis lors de ce rassemblement ciblent particulièrement Bensalah et Bedoui qu'ils appellent à partir afin d'amorcer la phase transitoire et passer au dialogue. « Les choses ont assez traîné. Il faut aller vers une solution commune. Ce n'est pas les idées qui manquent, mais l'écho des responsables qui s'entêtent », commente Yasmine, étudiante en sciences commerciales, la casquette vissée sur sa tête. Elle s'est abritée du soleil avec ses amis sous un arbre. Un moment de répit après une heure à sillonner la rue Didouche Mourade et la Placette Maurice Audin. L'itinéraire habituel des manifestants. Vers 12h30, le nombre d'étudiants s'agrandit, le centre d'Alger devient noir de monde. Les chefs de fils guident le cortège des étudiants vers la rue Hocine Asselah afin de rejoindre la place des Martyrs, comme décidé dès le départ de la marche. Un spectral auquel se sont habitués les dispositifs policiers, placés dès la matinée à chaque recoin des grands boulevards. Une présence à laquelle se sont également fait les étudiants. « Leur présence me motive à marcher et à crier fort pour m'entendre », ironise Islam, étudiant en troisième année architecture et se prépare à passer ses examens. « La période des examen ne nous empêchera aucunement pour poursuivre notre lutte », a-t-il ajouté, avant de disparaitre dans le mouvement de foule qui se dirigeait vers la place de l'Emir Abdelkader. Difficile d'accès. « Besalah et Bedoui doivent partir et Gaid Salah doit assumer ses engagement de respecter la volonté populaire. D'ici là, nous récidiverons et occuperons la rue jusqu'à ce que la volonté soit respectée », apostrophe, Rassim, essoufflé de marcher sous une chaleur caniculaire, tantôt rafraichi par la brise marine, qui faisait flotter dans l'air son drapeau. Les étudiants achèvent leur marché, dans le calme, mais pas dans la sérénité. Ils sont intrigués et désaxés par le manque d'initiatives et de solution à la crise politique qui dure depuis quatre mois. Le doute plane et le risque d'aller vers l'impasse hante les esprits.