La relance de la machine économique nationale constitue l'une des priorités annoncée avant-hier par le Président Abdelmadjid Tebboune. Pour ce faire, il faut notamment, selon le professeur en économie, Mohamed-Cherif Benmihoub, reconstruire la confiance entre l'Etat et les opérateurs économiques. Ainsi, le redressement de la machine économique ne pourrait être mené à bien que par le biais d'une gouvernance «ouverte participative» basée sur la concertation et ignorant «l'autoritarisme», a-t-il poursuivi. Notre modèle économique est arrivé à bout, a indiqué hier M Benmihoub lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, en ajoutant que l'utilisation de ce modèle dans la location des ressources et le fonctionnement économique produira des effets pervers que de richesses. Jugeant que les diagnostics par rapport à cette situation ont été bien faits, il relève néanmoins que la mise en place des politiques de sortie de crise pose souvent problème, en raison, explique-t-il, des rigidités institutionnelles, politiques et sociales. S'agissant de la volonté du président de la République de redresser l'économie à travers l'encouragement de la production nationale et la réduction de la facture d'importation, l'intervenant estime qu'il faut avoir le courage, la volonté et la manière de le faire pour ne pas toucher, a-t-il expliqué «aux inputs» de l'économie et de l'industrie. Il a souligné, de surcroît, qu'il faut réfléchir à une démarche permettant de faire des substitutions par la production locale, en ajoutant qu'il y a une bonne partie des inputs industriels qui peuvent être produit localement, puisque l'Algérie possède un pouvoir d'achat. A propos, de la réforme de l'administration, le professeur Benmihoub estime qu'il faut établir une administration économique puissante et à repenser fondamentalement la politique industrielle, le tout précédé par une réforme de la gouvernance politique, en d'autres termes, celle du partage du pouvoir et des contre-pouvoirs économique. «La réforme de l'administration économique doit être l'une des chantiers de réforme prioritaire, car sans administration économique puissante, intelligente et efficace le tissu économique risque de ne pas suivre», a-t-il expliqué. L'intervenant propose, par ailleurs, de relancer les prérogatives du Conseil national économique et social (CNES), une tribune de discussion et d'aide à la décision, de même que celle de la Cour des comptes, ayant mission d'évaluer les politiques publiques et dont il relève qu'elle n'a pas joué son rôle de contrôle de la gestion de la dépense publique. Revenant ainsi sur la fonction du CNES et d'autres institutions, le professeur a noté qu'il faut donner à ces institutions l'indépendance nécessaire pour pouvoir exercer leurs fonctions. Le CNES n'est pas un outil administratif, a-t-il poursuivi, en ajoutant dans ce sens qu'il faut laisser cette administration jouer son rôle de contre-pouvoir, de contre-propositions ainsi que de contribution et d'évaluation des politiques publics. Le professeur en économie repère, par ailleurs, une «faille» dans le système d'information économique, amenant, d'après lui, des opérateurs à prendre des décisions sur la base de conjectures et d'hypothèses «non fondées», d'où la nécessité, selon lui, de le réorganiser afin d'en faire un instrument efficace, rationnel et pertinent.