«La loi de Finances 2020, qui pose les bases l'économie algérienne a été signée par Abdelkader Bensalah à la veille des présidentielles du 12 décembre dernier. On a constaté plusieurs changements et orientations par rapport aux années précédentes. «C'est que, depuis la crise pétrolière, la loi de Finances a toujours créé des débats et suscité des critiques surtout après les nombreuses politiques d'austérités menées par les gouvernements successifs», c'est ainsi que l'on annonce la nouvelle année aux Algériens. Ils sont déjà bien déçus par les résultats dans tous les domaines que le pays a enregistré. Il est dit que la loi de Finances 2020 a fixé le baril du pétrole au prix référentiel de 50$; sachant qu'il est à 58.64 $ en ce jour du mercredi 11 décembre 2019. Il est nécessaire de rappeler pour que la balance de paiement soit à l'équilibre (les importations soit égales aux exportations), le baril doit s'établir à 92$ minimum. Que les réserves de changes continuent à fondre et qu'elles baisseront à 51 milliards de dollars contre 72,6 en 2019 et 88.609 milliards en 2018. Il faut savoir que ces réserves mettent l'Algérie à l'abri pendant une année sans production et que les Algériens doivent s'attendre à des solutions «exceptionnelles tels que le recours à la planche à billets ou encore l'aide du FMI ; qui ne sont pas épargnées par les décideurs pour les deux années à venir. Cette situation est indirectement confirmée par les déclarations faites à la presse par le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Mohamed Samy Agli. Il a proposé mardi au gouvernement d'introduire des mesures d'allégement fiscal au profit des entreprises dans le cadre d'une loi de Finances complémentaire pour l'année en cours. «Nous espérons que la loi de finances 2020 sera modifiée par une loi de finances complémentaire qui doit traduire la volonté politique actuelle et les engagements du président notamment ceux en relation avec l'allègement fiscal et la suppression de la TAP», a déclaré M. Agli. Il réagissait aux dispositions de la loi des Finances 2020. Lue de prêt, celle-ci traduit l'intention politique du gouvernement qui, selon plusieurs membres du FCE, de par de nombreux aspects, serait contraire à ce qu'il convient de faire en ce moment. Capter le marché de l'informel Aussi bien dans l'anticipation des recettes que dans la planification des dépenses, les intentions des autorités sont contraires à ce dont le pays a besoin. Ces propos forment l'expression d'une crainte relative à la situation financière du pays laquelle, selon nos mêmes interlocuteurs serait déjà préoccupante. «Avec l'application de la loi des Finances 2020 elle serait plus alarmante à l'échéance de l'année en cours. Elle le sera au grand désespoir des Algériens, notamment des plus démunis. La crise économique et financière pourrait avoir des conséquences plus dramatiques». La référence aux dispositions de la loi 2020 est incontournable quand il s'agit de faire le point entre recettes internes et celles externes et de révision à la baisse des prévisions de dépenses courantes. Dans son appel au gouvernement, le président du FCE semble vouloir aller vers la mise en route de mesures phares à même de permettre l'entame de nombreux projets économiques. D'autres membres traduisent la vision de leur président par la suppression de la TP à travers la mise en œuvre d'un dispositif du système intégré de gestion des impôts et taxes. D'où la proposition d'aller vers l'actualisation du fichier des contribuables en vue de leur reclassement éventuel, d'accompagner l'action de la Direction générale des douanes par la mise en œuvre de certaines mesures. Telle que celle de renforcer l'encadrement de la profession de transitaire. Préalablement, mis face aux représentants de la presse pour commenter les dispositions de la loi de Finances 2020, le patron des patrons a abordé la question des mesures d'allègement qui permettraient de «capter le marché de l'informel». Selon lui, ce dernier représente une concurrence déloyale et un facteur de déstabilisation pour l'entreprise. Il y a lieu de prendre en charge une préoccupation majeure des entreprises en difficulté en raison du ralentissement de l'économie nationale. «Nous (FCE) incitons toujours les chefs d'entreprises à adhérer à une démarche de civisme fiscal mais nous demandons par contre que le système de fiscalité soit adapté à la réalité économique», a-t-il soutenu. Il a ajouté que les entreprises doivent, par ailleurs, obtenir une «contrepartie concrète». En termes de baisse des impôts et taxes qu'ils déboursent, notamment en termes de services et d'infrastructures. Le président du Forum a cité à titre d'exemple, la TAP qui alimente les communes alors que beaucoup d'opérateurs souffrent du manque des équipements nécessaires pour leurs activités (routes, alimentation en gaz et eau...). Une course vers le néant Est-ce à dire qu'adopté sans approche préalable le projet de loi de Finances 2020 soumis au parlementaire n'a pas tenu compte des recommandations pertinentes contenues dans le rapport national d'évaluation ? Ainsi que du préjudice causé à l'économie nationale par la crise socio-économique vécue tout au long de ces dix dernières années par le pays ? C'est dire que la gouvernance financière de l'Algérie paraissait beaucoup plus une course vers le néant. Cette situation n'a pas incité les autorités à prendre garde à la chute qui peut se produire. Le budget 2020 présenté à l'Assemblée nationale n'illustre malheureusement pas la prudence qui sied à la situation. Interrogés sur leur conception de la loi de Finances et les facteurs qui concourt à son élaboration, bon nombre d'experts ont estimé que «tout autant que le taux de croissance, les performances fiscales bases de calcul de la loi de Finances ne se décrètent pas. Elles sont issues d'actions, d'initiatives, de réformes et de mesures vigoureuses et adaptées. Il est illusoire de concevoir un budget sur la base d'un objectif chiffré que l'on se fixe en l'absence d'indication de la stratégie à mettre en œuvre, des efforts à fournir et des réformes à conduire. Il ne suffit pas de le proclamer pour réaliser un chiffre de recettes supplémentaires». Le document de présentation du budget annonce également une batterie de mesures pour améliorer les recettes des impôts, des domaines, du Trésor public et de la douane. Ces mesures s'apparentent à une répétition des intentions formulées lors de chaque exercice budgétaire. Elles seraient plus crédibles si pour chaque mesure, on indiquait le montant des recettes supplémentaires attendu. C'est ce que semble appréhender le président du FCE lorsqu'il souligne la nécessité de revoir réviser la loi de Finances 2020 via celle complémentaire. «La LF doit traduire la volonté politique actuelle et les engagements du président notamment ceux en relation avec l'allègement fiscal et la suppression de la TAP», a-t-il souligné.