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Iran : la nuit des «longs missiles»
Publié dans La Nouvelle République le 19 - 01 - 2020

Lorsqu'il y a plus d'une année, le général Qasssem Soleimani faisait part, dans une lettre adressée au «Guide suprême», l'Ayatollah Khamenei, de la victoire sur Daesh aussi bien en Irak qu'en Syrie, il signait en réalité sa fin de mission et posait de facto, au Chef spirituel de l'Iran, la question des responsabilités politiques futures du corps des «Gardiens de la Révolution». N'ayant pas reçu de réponse officielle, on prêtait un avenir brillant, peut-être même celui de Président du pays, au Général Soleimani pour, en réalité, mieux escamoter le seul débat qui vaille, celui concernant le devenir de l'aile internationaliste du régime islamique iranien. Allait-elle subir le même sort que les SA de Hitler, fraction révolutionnaire du national-socialisme s'accommodant très mal des contraintes étatiques, à tel point que ses principaux dirigeants furent éliminés, du 29 au 30 juin 1934 dans la fameuse nuit des longs couteaux. Que s'est-il donc passé en une année pour que celui qui passait pour être l'arme la plus redoutable du renseignement iranien soit vulgairement assassiné par un missile, opportunément tiré à partir d'un drone américain, mais dont la charge explosive pourrait avoir été déclenchée depuis… Téhéran pour abattre une formation unique, de nature islamo-prétorienne, véritable rempart affecté à la défense du corps clérical chiite ? Essai libre d'une interprétation non conventionnelle, aussi bien analytique que prospective, de la lutte sourde qui oppose l'aile révolutionnaire du régime iranien à son ennemi intime, l'élite étatique perse, avec pour contexte global, la survie du régime islamique au Moyen-Orient en mode de confrontation avec le «condominium» américano-israélien sur la région. Et en interrogation insistante, le rôle que l'Algérie est en capacité de jouer sur l'échiquier complexe du Machrek.
Le doute sur la trame politique sous tendant l'assassinat du Général Soleimani est en effet permis pour plusieurs raisons. D'abord, l'analyse détaillée du discours prononcé par le Chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah le dimanche 5 janvier, montre à l'évidence que les célèbres victimes du raid américain s'attendaient à une telle fin de vie. Sur le ton de la confidence, le chef spirituel chiite libanais, ennemi public numéro 1 d'Israël et allié le plus proche sur la scène proche-orientale de l'Iran, a révélé que le Général Soleimani était venu lui rendre visite très récemment. Et alors que Nasrallah faisait remarquer à son illustre invité que la presse américaine parlait de lui de manière récurrente, soulevant des soupçons quant à une préparation médiatique d'une prochaine élimination, le principal intéressé aurait répondu que sa destinée était de mourir en martyr. Mais ce qui frappe le plus dans les déclarations de Hassan Nasrallah prononcées dans cette même allocution, c'est le contenu convergent des pressentiments dont lui avait fait part le Général Soleimani avec ceux de son frère d'armes, l'Irakien Abou Mahdi El Mouhandes, patron des Milices populaires de mobilisation (Hachd El Chaabi). Ce véritable coordonnateur des résistances irakiennes était suffisamment proche de la figure dominante de la résistance libanaise, le Cheikh Nasrallah, pour lui laisser sous-entendre qu'il arrivait en bout de course d'une vie bien remplie. Les Hachd El Chaabi, complètement intégrés à l'ordre de bataille de l'armée régulière irakienne, regroupent chiites, sunnites, kurdes, chrétiens, Yazidites, Turkmènes. Elles constituèrent le fer de lance, aux côtés des Forces El Qods du Général Soleimani de la lutte acharnée contre Daesh jusqu'à son élimination totale de la scène irako-syrienne. Se peut-il donc qu'à quelques jours d'intervalle, les deux hommes, aux dires du Cheikh Nasrallah dont on ne doute pas un seul instant de la sincérité de sa parole, soient saisis d'une préséance concordante sans que cela ne traduise des signes avant-coureurs d'un changement des rapports de force politiques au sein de «l'Etat profond» iranien alors que les deux hommes en constituaient le prolongement organique à l'extérieur ? Le Cheikh Hassan Nasrallah dont la subtilité intellectuelle est légendaire, signifie-t-il à qui veut bien entendre que l'option internationaliste de la Révolution islamique en tant qu'événement culturel et idéologique majeur, déclenchée en 1979 par l'Ayatollah Khomeiny, débordant largement les frontières du pays, pour se répandre dans l'ensemble du monde islamique venait d'être fermée par les plus hautes autorités de la République Islamique, y compris, l'actuel «guide suprême», l'Ayatollah Khamenei, pour se transformer en un jeu classique des influences étatiques dans la région ? De la légitimité révolutionnaire à celle de l'intégration diplomatique Le second signe qui laisse présager d'un retournement sciemment consenti des options stratégiques d'un point de vue de la Révolution Islamique, sont les circonstances invraisemblables qui entourent l'accident du Boeing assurant la liaison Téhéran-Kiev et qui fut abattu «par erreur»… Laissons de côté les détails des justifications alambiquées des responsables de la défense anti-aérienne de la capitale iranienne expliquant que la batterie aurait déclenché son feu dans un contexte de brouillage électronique (par qui ? comment ? pourquoi ?) et concentrons-nous uniquement sur les protestations de nature politique qui suivirent la tragédie du crash du Boeing ukrainien abattu par un missile tiré par… les Gardiens de la Révolution… Très rapidement s'organisèrent des manifestations, essentiellement estudiantines, dans les milieux intellectuels et artistiques de Téhéran, inspirées par les critiques féroces des Gardiens de la Révolution au sein de l'Etat. Ces derniers dénoncent ainsi par ricochet, dans une démarche largement instrumentalisée pour être en vogue auprès de larges franges de la population souffrant des restrictions économiques, la mainmise des «pasdarans» sur les secteurs les plus juteux de l'économie iranienne. Les télécommunications, l'aval pétrolier, les assurances, les médias, le commerce extérieur et ses réseaux de contrebande de la finance parallèle en raison de l'embargo US, l'agro-alimentaire sont effectivement sous le contrôle direct du bras exécutif des Mollahs iraniens, au grand dam de la bourgeoisie «bazarie» traditionnelle. A l'occasion de ces «protestations spontanées», des portraits du Général Soleimani furent mêmes déchirés quelques jours après sa mise en terre pourtant organisée dans un cérémonial officiel et religieux impressionnant d'où émergea le sermon du Guide Suprême, l'Ayatollah Khamenei, exprimé dans un arabe châtié et de très haute tenue, comme pour mieux exprimer avec l'élégance et la finesse qui caractérisent la civilisation persane, les regrets d'une option pan-arabo-islamiste révolutionnaire désormais couverte du linceul de la mort cérébrale. Il serait cependant faux de considérer que les deux lignes qui s'affrontent au plus haut sommet de l'Etat iranien opposent schématiquement les «Gardiens de la Révolution» - corps constitué par l'Imam Khomeiny pour la défense de la révolution islamique qu'il a eu l'intelligence d'organiser en un bloc pérenne aux dimensions économiques, sociologiques et cultuelles aux immenses pouvoirs – aux élites traditionnelles assurant le bon fonctionnement de l'Etat en particulier dans ses secteurs régaliens et de souveraineté. En réalité, depuis que le corps des «Gardiens de la Révolution», a réussi a développé missiles balistiques, satellites, lancements spatiaux ainsi que la maîtrise technologique totale de l'enrichissement de l'uranium, la nécessité d'une posture révolutionnaire, conçue à l'origine pour la défense politique de la Révolution islamique, a cédé le pas à celle d'une armée moderne militant pour la stabilisation voire l'intégration du Clergé et des valeurs idéologiques qu'il représente au sein de l'Etat iranien. Cette mise en parenthèse de l'esprit révolutionnaire dont le Général Soleimani était l'archétype le plus achevé informe sur la confiance et la capacité désormais irréversible que les armes technologiques iraniennes ont donné au régime islamique ces dix dernières années pour le rendre durable sur le long terme. Aussi, il est plus payant pour le bloc au pouvoir en Iran de faire face, coûte que coûte, aux conséquences désastreuses du rigoureux embargo US que d'assurer par l'action subversive défensive au niveau de la région, une protection avancée aux pays voisins, d'une République qui a su montrer au monde sa redoutable puissance de rétorsion lors des attaques aux missiles lancées contre les infrastructures d'Abquaiq et Khureis en Arabie saoudite le 14 septembre dernier. Aider la région à retrouver les voies de l'apaisement et de la sagesse Le soulèvement de novembre 2019, des classes les plus paupérisées de l'intérieur du pays frappé de plein fouet par une crise économique très largement alimentée par les effets sérieux de l'embargo US, dans près de 110 villes d'importance en Iran, est de ce point de vue-là, bien plus dangereux car il remet en cause de manière déterminée, au niveau même de la base sociologique paysanne du pouvoir religieux des Mollahs, la légitimité politique du régime en place. L'enrichissement du combustible iranien, à des fins civiles, mais au-delà des limites permises par l'accord sur le nucléaire ratifié par l'Iran, n'est en réalité qu'une invitation adressée au dialogue aux partenaires européens afin d'y travailler la brèche diplomatique qui pourrait permettre de renouer un lien plus direct avec Washington. Les propos du Président Donald Trump appelant à la paix dans la région sont à comprendre dans cette perspective. A défaut de faire renoncer les Iraniens au développement de missiles balistiques dont les soubassements scientifiques et techniques sont désormais parfaitement établis par les Gardiens de la Révolution, l'administration américaine pourrait acquiescer du bout des lèvres à une reprise du dialogue en contrepartie d'une action subversive moyen-orientale qu'elle voudrait ardemment révolue maintenant que le Général Soleimani est décédé. Le retrait des troupes américaines d'Irak et de Syrie pourrait alors se réaliser à partir du moment où les plus hautes autorités iraniennes engageraient un mouvement de repli de leur action révolutionnaire en Syrie et en Irak (en particulier les bases iraniennes proches de la frontière israélienne) tout en s'accommodant dans un premier temps du point d'achoppement libanais et yéménite. Aussi, aux fins d'atteindre l'objectif en soi stratégique du retrait des troupes américaines du Moyen-Orient, avec des bénéfices immédiats pour notre région maghrébine, notre action diplomatique devrait se concentrer sur le nivellement des différends entre Ryad et Téhéran car c'est le nœud gordien de l'apaisement nécessaire aux évolutions politiques à l'œuvre. L'Iran cherche désespérément à sortir de son isolement diplomatique. L'Arabie saoudite est enfin en mesure de mieux évaluer les limites de l'engagement sécuritaire américain à son égard depuis qu'une partie importante de ses infrastructures pétrolières furent mises à mal par des missiles et des drones de faible puissance explosive, comme pour mieux souligner la valeur d'avertissement qu'une telle opération signalait. A la lumière de cet incident majeur, le bourbier yéménite apparait désormais comme un très coûteux contre-feux en direction de l'Iran au service d'une stratégie américaine bien plus qu'à celui du Royaume wahhabite. La Turquie, préoccupée de sa sécurité énergétique, n'a d'autre choix que d'aller vers un glissement de ses alliances internationales en se rapprochant de la Russie, cette dernière jouant habilement de son potentiel gazier, pour faire dévier Ankara de son alignement sans faille sur l'Otan. Pour la première fois depuis des lustres, la région n'est plus soumise aux seules volontés
américaines mais s'ouvre à d'autres influences internationales, au plus grand bénéfice du peuple palestinien. Alors qu'elle se fait entendre de manière insistante sur la question libyenne, l'Algérie qui retrouve progressivement son statut de puissance régionale maghrébine que la rencontre de Berlin viendra sanctionner, a en mains l'excellence de ses relations historiques avec l'Iran - en particulier le précèdent glorieux de la résolution des otages de l'ambassade américaine à Téhéran – ainsi que le respect de sa politique d'équilibre et de sagesse au Moyen-Orient pour pouvoir proposer des espaces d'amorce de conversations entre Iraniens et Saoudiens. Du succès de ce dialogue à initier dépend très largement la résolution de la guerre au Yémen, le retrait des troupes américaines de Syrie et d'Irak et l'appui à la juste cause du peuple palestinien. Toutes ces raisons militent pour la promotion inlassable d'un axe Alger-Ryad-Téhéran comme le second objectif stratégique et prioritaire de la politique arabe de l'Algérie après la résolution du conflit libyen qui demeurera au cœur de nos préoccupations immédiates et urgentes.


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