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Le village El Maouane refuse l'oubli
Sétif
Publié dans La Nouvelle République le 07 - 05 - 2021

Le village El Maouane (17 km au Nord de Sétif) conserve le souvenir intact des atrocités indélébiles de ce qui fut un des plus grands massacres de l'histoire contemporaine, refusant de céder à l'oubli la date fatidique du 8 mai 1945.
Cette petite et paisible localité agricole située à 1.300 mètres d'altitude, a été un certain mardi noir le théâtre macabre de la barbarie du colonialisme français, qui y a perpétré comme dans plusieurs autres localités de la wilaya de Sétif une de ses repressions les plus sanglantes à l'encontre de milliers de civiles descendus dans la rue dans une marche pacifique pour réclamer leur liberté et indépendance. Les documents historiques et témoignages recueillis par le Musée du moudjahid de Sétif révèlent que les massacres collectifs, qui ont débuté au centre-ville de Sétif, se sont poursuivies plusieurs semaines s'étendant aux autres localités, dont d'El Maouane, Ouricia, El Kherba, El Behira et Ain Abassa. Toutes ces régions et bien d'autres ont été transformées par le colonialisme français en des scènes de crimes abjectes, avec des victimes abattues sommairement sous les regards de leurs femmes et enfants avant de jeter leurs cadavres dans des fosses communes.
Le moudjahid Mokhar Feria, qui a livré dernièrement un témoignage sur ce jour funeste au Musée du moudjahid, garde intact le souvenir de son père et quatre de ses hôtes abattus devant lui. «J'étais sidéré et je ne trouve toujours pas les mots pour décrire ce qui s'est passé sous mes yeux d'enfant», puisqu'il était âgé d'à peine 13 ans lors des faits. Le moudjahid a voulu à travers ce témoignage lever le voile sur les massacres commis le 8 mai 1945 par l'armée française dans cette mechta reculée. «Je remercie Dieu de m'avoir accordé cette opportunité de raconter ce que j'ai vécu». Dès l'arrivée de l'armée française, le village d'Ouled Zeghouane, appelé également Matrouna, fut meurtri. Dans ce hameau distant d'environ 6 km d'El Maouane, l'armée française a rassemblé tous les hommes, puis a exécuté un à un et avec sang-froid Cherif Mosseli, Mokhtar Maïch, Abdallah Mokhtar, Lakhdar Benchekhchoukh, Hadj Feria et Saïd Feria. «Ressentant le danger, Lakhdar Bousehaba est le seul à avoir fui en s'enveloppant dans un burnous.
Par miracle, il a réussi à s'éloigner blessé d'une balle au doigt», a raconté M. Mokhtar, ajoutant que les soldats français ont poursuivi leur sale besogne en mettant le feu aux maisons du village et s'emparant des quelques troupeaux des pauvres villageois. Et, ils emmenèrent avec eux plusieurs hommes en prison, dont le nommé Gounar, porté disparu depuis. Aussi, le moudjahid s'est rappelé douloureusement le regard perçant que l'officier français jeta sur son père, avant d'ordonner à un de ses soldats de cribler sa tête de balles. «Ressentant la frayeur que j'éprouvais et voyant mes larmes coulées sur mes joues, mon père me regarda droit dans les yeux et me dit : ne pleure pas, reste debout et n'oublie jamais ses moments», se remémore douloureusement le moudjahid, aujourd'hui âgé de 89 ans, ajoutant qu'immédiatement après avoir prononcé ces paroles, son père tomba sous les balles d'un soldat français dans une scène de terreur dont le souvenir demeurera à jamais gravé dans sa mémoire.
Pris de panique, les survivants se réfugièrent dans la montagne Matrouna et ne regagnèrent le douar qu'au coucher du soleil pour enterrer leurs morts, a-t-il poursuivi. M. Mokhtar n'a pas également manqué de précisé que son père et ses hôtes ont été assassinés à cause de leur participation à la marche du 8 mai 1945, relevant qu'il (son père) fut avec Hadj Feria membre de la cellule du Parti du peuple algérien (PPA) activant au village El Anasseur (commune Ain Arnet). Une activité surveillée par la France coloniale qui redoutait toute tentative de politisation des zones rurales. «Le sang versé ce 8 mai 1945 a confirmé que l'Indépendance ne pouvait s'obtenir que par la force et a marqué le point de rupture avec l'occupation française. C'était la première étincelle de la glorieuse révolution libératrice », a affirmé ce moudjahid à la fin de son témoignage.
Musée du Moudjahid : une aile dédiée aux massacres du 8 mai 1945
Le Musée du moudjahid de Sétif a réservé une aile aux évènements du 8 mai 1945 exposant des photographies et des documents sur cette étape importante de la lutte du peuple algérien pour sa liberté et les massacres perpétrés par l'armée française contre un peuple réclamant son droit à l'Indépendance. Cette aile reçoit des centaines de visiteurs de toutes les wilayas du pays et de toutes les franges de la société, notamment des écoliers et étudiants universitaires, a affirmé à l'APS, son directeur Kamel Feria. Selon M. Feria, les massacres du 8 mai 1945 bénéficient d'un grand intérêt du musée qui veut préserver intacte la mémoire de ces horribles crimes, notamment pour ce qu'elle représente pour les familles sétifiennes, qui ont sacrifié leurs enfants pour la liberté de l'Algérie avant même le déclenchement de la guerre de libération nationale.
Bien que beaucoup des témoins de cet épisode soient morts, les efforts sont poursuivis pour recueillir les témoignages de ceux qui ont vécu ces évènements durant leur enfance, a-t-il ajouté. Le musée du moudjahid de Sétif a ainsi recueilli plusieurs heures de témoignages sur les massacres du 8 mai 1945, dont ceux des défunts Lakhdar Taâraïbet (le premier à avoir levé le drapeau national après la chute du chahid, Saâl Bouzid et s'est enfui avec) et Aïssa Cheraga (qui fut chargé de lever le drapeau national au début de la marche en raison de sa grande taille). La stèle commémorative dressée au centre-ville de Sétif en hommage à Saâl Bouzid sur le lieu où il est tombé durant la marche du 8 mai 1945 constitue pour les Sétifiens un symbole perpétuant la mémoire des martyrs et rappelant les crimes abjectes commis par la France coloniale.


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