Agression sioniste à Ghaza: les Parlements arabe et latino-américain appellent à une action internationale    Le bilan du commerce extérieur en Algérie pour 2023, selon les données officielles de l'ONS    Les entreprises sont invités à intégrer une politique de protection des données personnelles sur leurs sites web    L'économie de l'Algérie se porte L'économie de l'Algérie se porte biende l'Algérie se porte bien    L'Europe piégée et ensevelie    « Coûteux, insuffisants et inefficaces »    Championnat arabe de basket Les Algériens assurés de soulever le deuxième trophée de son histoire    Une première place en or pour l'Algérie    Déjà sacrée championne, l'Algérie bat l'Egypte et termine invaincue    Une ville clochardisée    3.761 interventions à travers le territoire national    Le Général d'Armée Saïd Chanegriha honore les Cadets de la nation lauréats du Baccalauréat et du BEM    L'élégance d'un artiste inoubliable    La célèbre statue féminine de Sétif au statut toujours contesté    Le ministère de la Culture organise un atelier international de formation sur le patrimoine mondial en collaboration avec l'AWHF    Tipasa: cérémonie en l'honneur des pensionnaires des établissements pénitentiaires lauréats du baccalauréat et du BEM    Commerce: intensification des opérations de contrôle des produits alimentaires à travers le pays    L'Algérie brille lors de la Compétition internationale de mathématiques pour les étudiants universitaires en Bulgarie    Ouverture de l'université d'été de l'OEAL à Boumerdès    Jeux scolaires Africains: coup d'envoi à Sétif de la compétition de taekwondo avec la participation de 12 pays    La mise en œuvre du renforcement des lignes aériennes intérieures entamée dans les prochains jours    Ghaza: un cessez-le-feu immédiat, seule voie de protéger les civils et d'arrêter les plans sionistes    La Finlande prête à reconnaître l'Etat de Palestine    Ministère de l'Education nationale: le dépôt des dossiers d'authentification des documents scolaires se fera désormais à l'annexe du ministère à Kouba    Agression sioniste contre Ghaza: le bilan s'alourdit à 60.430 martyrs et 148.722 blessés    Boughali félicite la sélection nationale de basket pour son sacre au Championnat arabe des nations    CHAN-2024 (décalé à 2025): les Verts à pied d'œuvre à Kampala    La délégation parlementaire algérienne tient une rencontre de travail avec la délégation autrichienne    Après la France, le Royaume-Uni reconnaîtra l'Etat de Palestine    Seize porteurs de projets innovants dans les industries culturelles et créatives retenus    Oran : le 2e Salon international du Dentaire MDEX du 18 au 20 septembre    L'Algérie prend la présidence du CPS de l'UA pour le mois d'août    Biskra commémore le 59 anniversaire des "massacres du dimanche noir"    Initiative Art 2 : 16 porteurs de projets innovants dans le domaine des industries culturelles et créatives retenus    Renforcement des perspectives de coopération dans le domaine de la jeunesse entre l'Algérie et la Chine    Le héros national, le Brigadier de Police Mellouk Faouzi s'en est allé    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



17 octobre 1961 Nuit sanglante à Paris
Publié dans La Nouvelle République le 03 - 12 - 2021

Avant la nuit du 17 octobre 1961, la Guerre d'Algérie avait déjà touché la France. La tension entre les membres du FLN et la police fut de plus en plus importante. Au sein des «forces de l'ordre colonial», des groupes de policiers se formèrent qui, sur leur temps libre, «ratonnaient», tabassaient et exécutaient des Maghrébins. Selon Omar Boudaoud, « la manifestation du 17 octobre 1961 agit comme un révélateur de l'action des pouvoirs de police française à l'égard des Algériens. La répression était permanente depuis novembre 1954. Cependant, les évènements du 17 octobre 1961 ont marqué un tournant dans son histoire et, par là même, dans l'histoire de la guerre de libération ».
Dans les jours précédents le 17 octobre, du 1er au 16 octobre 1961, l'Institut médico-légal de Paris recensa 54 cadavres de Maghrébins. Des bruits faisaient état de cadavres de Maghrébins retrouvés dans la Seine. A la répression policière, les militants FLN répondaient par les armes. Au total, 22 policiers trouvèrent la mort dans les attaques du FLN de janvier à octobre 1961. La lutte pour l'indépendance de l'Algérie se jouait aussi sur les bords de la Seine.
Le Général De Gaulle, qui considérait que les assassinats de policiers étaient un moyen pour le FLN de faire pression sur la France, ordonna à Maurice Papon, alors préfet de police de Paris, d'empêcher, par tous les moyens, les nationalistes Algériens d'agir. De plus, alors que des négociations allaient commencer entre les autorités françaises et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), les responsables français considéraient qu'après avoir vaincu le FLN militairement en Algérie, il fallait l'écraser en France afin d'être en position de force lors des négociations.
Dans ce cadre, Omar Boudaoud, dirigeant de la fédération de France du FLN, fut contacté avant le début des négociations officielles. Les responsables français souhaitaient que la fédération de France du FLN fasse une déclaration publique décrétant l'arrêt de toutes actions armées en France. Omar Boudaoud répondit catégoriquement « Non » à cette demande, car il n'avait pas le pouvoir de le décider. L'ancien cadre de la fédération de France du FLN expliquait : « ce refus fut une des raisons pour lesquelles Michel Debré, chef du gouvernement, son homme de main, le préfet de Paris, Maurice Papon, et leur courant politique choisirent ce moment précis pour tenter de détruire l'organisation du FLN en France ».
Ainsi, le préfet lança une série de mesures, de contrôles divers et variés sur la population maghrébine qui fut de plus en plus harcelée et humiliée par la police. La répression contre le FLN s'intensifiait et l'ensemble des immigrés en subissaient les conséquences, selon la logique coloniale de la répression collective. Le 2 octobre, au cours de l'enterrement d'un policier tué dans une attaque du FLN, Maurice Papon affirma : « Pour un coup reçu, nous en porterons dix ».
Des policiers, qui s'étaient indignés des massacres commis lors de la nuit du 17 octobre, témoignaient de cette politique de Maurice Papon visant à exacerber la haine des policiers envers l'ensemble des Algériens : « au cours de plusieurs visites dans les commissariats de Paris et de la banlieue, effectuées de puis le début de ce mois, M. Papon à déclaré : « Réglez vos affaires avec les Algériens vous-mêmes. Quoi qu'il arrive vous êtes couverts ». Dernièrement, il a manifesté sa satisfaction de l'activité très particulière des Brigades spéciales de districts et s'est proposé de doubler leurs effectifs. Quant à M. Soreau, il a déclaré, de son côté, pour vaincre les scrupules de certains policiers : « Vous n'avez pas besoin de compliquer les choses. Sachez que même s'ils (les Algériens) n'en portent pas sur eux, vous devez penser qu'ils ont toujours des armes ».
Les policiers ajoutaient : « le climat ainsi créé porte ses fruits. La haine appelle la haine. Cet enchaînement monstrueux ne peut qu'accumuler les massacres et entretenir une situation de pogrom permanent ». Dans ce climat de tension extrême, le 5 octobre, Maurice Papon promulgua, avec l'appui du ministre de l'Intérieur, Roger Frey, un couvre-feu, fixé de 20h30 à 5h30, pour tous les « Français musulmans d'Algérie » de la région parisienne. Ce couvre-feu raciste criminalisait l'ensemble des Algériens et, par association, l'ensemble des populations arabes vivant dans la région.
Le couvre-feu touchait particulièrement les militants nationalistes Algériens car, selon Omar Boudaoud, « le travail du FLN s'effectuait généralement le soir : les réunions de militants se tenaient dans les cafés ou dans d'autres endroits, la collecte des cotisations s'effectuaient après la sortie du travail et le repas du soir, de même que la diffusion de la « littérature » FLN ». Devant les difficultés que le couvre-feu entraînerait pour l'organisation nationaliste, le Comité fédéral expliquait que « l'application de ce couvre-feu deviendra un handicap insurmontable et paralysera toute activité. Essayez donc d'organiser quelque chose pour riposter ».
Voulant manifester contre cette mesure discriminatoire et potentiellement dangereuse pour leurs activités politiques, les dirigeants du FLN décidèrent d'organiser une mobilisation sur trois jours. Le premier jour, les hommes, les femmes et les enfants devaient défiler dans les rues de Paris ; le deuxième jour, les femmes devaient manifester pour réclamer la libération de leur mari ou de leurs enfants, dont l'incarcération la veille était prévisible ; le troisième jour, les ouvriers et les commerçants Algériens devaient observer une grève générale de solidarité avec les manifestants et leurs familles éprouvés.
Le 17 octobre à 20h30, heure à laquelle débutait le couvre-feu, la première étape de la mobilisation fut mise en œuvre : une grande manifestation non-violente fut organisée à Paris. Malgré l'interdiction de la manifestation par le gouvernement, le FLN appela tous les Algériens de la région parisienne à venir manifester pacifiquement contre cette mesure. Des travailleurs affluèrent de toute la région parisienne pour apporter leur soutien à l'organisation nationaliste. Le service d'ordre du FLN procéda à des fouilles pour vérifier qu'aucune arme ne soit pas infiltrée dans la manifestation.
En face, 7.000 policiers en uniforme prirent position. Maurice Papon donna l'ordre d'intercepter tous les Algériens et de les empêcher par tous les moyens de participer à la manifestation. Des contrôles furent effectués dans tous les grands points de passage de la capitale. De nombreux Maghrébins furent frappés et emmenés dans des centres de détention. Les forces de l'ordre annoncèrent 11.730 arrestations ; chiffre probablement inférieur à la réalité. Les manifestants arrêtés par la police furent internés dans des lieux réquisitionnés comme le Palais des Sports, le Stade de Coubertin, ou le Centre d'identification de Vincennes. Ces détentions se prolongèrent durant plusieurs jours, sans la présence de médecins, alors que beaucoup avaient été molestés par la police. Les témoignages de rescapés et d'appelés firent état de passages à tabac et de décès dans ces «centres», par défaut de soins.
Par Youssef Girard


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.