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Comment l'antisémitisme idéologique est devenu le frère siamois du sionisme
Victimisation
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 09 - 2024

Paradoxalement, l'idéologie sioniste émerge au lendemain de la création du vocable « antisémitisme », concept élaboré en 1880 par Wilhelm Marr, pour caractériser un discours antijuif. Wilhelm Marr, anarchiste et athée, décrit comme antisémite, s'est marié pourtant trois fois, et chaque fois avec une juive.
L'ambassadeur des Pays-Bas en Russie, Oudendyke, établit le même constat quelques mois plus tard : « A moins que le Bolchevisme ne soit tué dans l'œuf immédiatement, il est destiné à se répandre sous une forme ou sous une autre en Europe et dans le monde entier, car il est organisé et conduit par des Juifs qui n'ont pas de nationalité ».
Pour sa part, Winston Churchill, dans le Illustrated Sunday Herald du 8 février 1920, accuse les Juifs d'être responsables de la révolution russe : « Il n'y a pas besoin d'exagérer la part jouée dans la création du bolchevisme et dans l'arrivée de la Révolution russe par ces Juifs internationalistes et pour la plupart athées. C'est assurément un très grand rôle ; il surpasse probablement tous les autres. Avec la notable exception de Lénine, la majorité des figures dominantes sont des Juifs ».
De son côté, l'industriel américain Henry Ford publie, au début des années 1920, une série de brochures intitulées Le Juif international, dans lesquelles il reprend, parmi d'autres thèmes antisémites, le mythe du judéo-bolchevisme. C'est encore Henry Ford, patron de trust automobile, qui diffuse en décembre 1927 dans le monde entier son livre The International Jew (Le Juif International) qui dénonce la menace communiste des Juifs. Hitler s'inspirera amplement de la littérature antisémite diffusée par ce capitaliste américain, Henry Ford.
Comme on le constate, les dirigeants des pays occidentaux sont les instigateurs des théories antisémites à caractère politique, notamment le concept antisémite de judéo-bolchevisme.
Et c'est sur le fondement de leurs théories antisémites qu'ils appuient le projet de création d'un foyer national juif, pour en endiguer la vague révolutionnaire prolétarienne par la déportation de ses « meneurs communistes supposément juifs.
Ainsi, ce sont les dirigeants occidentaux, en particulier américains, bien avant la fondation du parti nazi d'Hitler, qui propageront amplement la thèse du judéo-bolchevisme parmi d'autres théories antisémites. Les dirigeants occidentaux ont créé Hitler. Ils ont nourri Hitler de leurs théories antisémites au nom de l'anticommunisme.
Cela étant, le projet sioniste est consubstantiellement colonialiste, raciste et, surtout, antisémite. Rien d'étonnant à cela. Le sionisme est d'inspiration européenne, donc fondé sur la culture raciste, suprémaciste, répandue dans le monde occidental.
Abraham Serfaty, militant communiste juif marocain, antisioniste et opposant au régime monarchique makhzénien, l'a rappelé avec insistance : « Le sionisme est avant tout une idéologie raciste. Elle est l'envers juif de l'hitlérisme [...] Elle proclame l'Etat d'Israël « Etat juif avant tout », tout comme Hitler proclamait une Allemagne aryenne.»
Soit dit en passant, les organisations sionistes n'ont jamais lutté contre le nazisme. À l'époque de l'Allemagne nazie, durant la phase génocidaire, les organisations sionistes ont délibérément ignoré ou minoré le génocide des juifs d'Europe, présenté comme de sporadiques pogroms. Comme l'écrit Nicolas Weill dans Le Monde du 19 avril 1983 « À Varsovie, comme dans le reste de l'Europe d'Hitler, les Juifs sont abandonnés à leur sort ». Le sionisme n'a jamais cherché à combattre les exactions des nazis et a couvert la complicité des grandes puissances impérialistes occidentales. En dépit des informations faisant état de la destruction massive des juifs par les nazis, le Congrès Juif Mondial et l'Organisation sioniste d'Amérique (Zionist Organization of America : ZOA) n'ont pas œuvré pour sauver les juifs d'Europe de l'Est, préférant concentrer leurs activités à récolter des fonds pour les consacrer à la colonisation de la Palestine, au nettoyage ethnique des palestiniens, ces autochtones sémites. Autrement dit, ils s'inscrivaient dans la même logique que les nazis avec leur Libensraum : au nom d'une fantasmée élection de la race par Dieu, ils ont le droit de conquérir un pays, de chasser ses habitants, de s'approprier leur territoire, y compris par un nettoyage ethnique, la commission d'un génocide ; de favoriser l'extension de ce territoire palestinien occupé. Pour rappel, le judaïsme, religion minoritaire millénaire, était au XIXème siècle, à la faveur de l'émancipation des juifs opérée en Europe, en voie d'extinction. En effet, par son émancipation, une grande majorité de juifs s'était intégrée, voire totalement assimilée à sa société d'« origine », son pays ancestral « adoptif » (la France, l'Allemagne, l'Autriche, l'Angleterre, les Etats-Unis, etc.). Jusqu'à l'accession d'Hitler au pouvoir, les processus d'émancipation et d'assimilation des populations juives établies en Europe étaient déjà largement réalisés. À travers le monde, les juifs s'éloignaient massivement de leur judaïté et s'intégraient dans la société, devenant ainsi des citoyens dotés de la nationalité et pourvus des mêmes droits politiques que leurs « compatriotes » français, allemands, anglais, etc. Néanmoins, cette religion opprimée, de tout temps « apolitique », privée de toute dimension universelle (car elle ne s'adonne plus au prosélytisme), et donc de toute ambition de domination, va se fourvoyer dans l'impérialisme européen triomphant du XIXème siècle, et se dévoyer dans la religion colonialiste et raciste prépondérante à l'époque (le christianisme sous toutes ses variantes totalitaires chapeauté par le capitalisme triomphant).
Tout s'était passé comme si, devant le déclin de l'emprise du judaïsme sur ses ouailles converties au capitalisme libéral et libre penseur, réalité illustrée par l'éloignement de la religion ou conversion au protestantisme, au catholicisme, au socialisme ou au communisme , d'une importante frange judaïque, les instances rabbiniques politisées et partisanes du sionisme émergent, soucieuses de stopper l'hémorragie religieuse, ont confectionné un dérivatif politique pour réanimer la foi juive au moyen d'une entreprise impérialiste de création d'un « foyer » juif » sur la base du mythe d'une antique nation hébraïque détruite. C'est la naissance du sionisme, antithèse du judaïsme pacifique millénaire, le début de la religion judaïque dévoyée vers un projet politique raciste colonialiste et génocidaire issu de l'impérialisme européen. La suite, tout le monde la connaît. C'est la fondation coloniale de l'Etat fantoche d'Israël en Palestine par des sionistes, justifiée et légitimée au nom de l'irrationnel et fallacieux « droit de réappropriation » du sol palestinien, effectivement habité durant l'Antiquité par des communautés sémites disparates de confession judaïque entre autres, mais converties ultérieurement, au fil des siècles et des vicissitudes de l'histoire, au christianisme, puis à l'islam, devenues ainsi palestiniennes. C'est l'inauguration de l'authentique antisémitisme suprémaciste et génocidaire commis, depuis presque un siècle, par les colons sionistes contre les populations palestiniennes sémites en particulier, et les Arabes des pays voisins en général (Libanais, Syriens, Egyptiens, etc.).
Suite et fin…


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