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L'échec de la coopération franco-algérienne post-indépendance sur le pétrole algérien
Accord de juillet 1965
Publié dans La Nouvelle République le 26 - 09 - 2024

L'échec de la coopération franco-algérienne de juillet 1965, s'explique avant tout par les stratégies pétrolières foncièrement incompatibles. Le renforcement de la Sonatrach représente une menace pour les concessions pétrolières françaises dépendantes du Code pétrolier saharien. Dans ce cadre, l'échec de l'Ascoop peut s'expliquer par le manque de volonté de la part de la France de renforcer une société concurrente algérienne.
Pour autant, la Sonatrach est devenue en 1969 un des plus gros producteurs d'Algérie grâce, en grande partie, à la diversification de ses partenaires pétroliers. Pour la France, la politique de diversification pétrolière est en progression grâce aux profits engrangés par son industrie pétrolière en Algérie.
En effet, les événements pétroliers survenus sur la scène internationale et en premier lieu, la fermeture du canal de Suez, renforcent la compétitivité du pétrole algérien. C'est dans ce contexte que débute, en 1969, la renégociation des accords de juillet 1965.
D'un côté, le rapport de force entre les deux partenaires a grandement évolué. Désormais, forte de son expérience pétrolière acquise tout au long de ces quatre années, l'Algérie aborde cette nouvelle phase de discussions avec des atouts qui seront déterminants pour l'avenir.
D'un autre côté, la France est convaincue que le pétrole algérien ne représente plus l'avenir. En somme, l'esprit de compromis qui prévalait lors des négociations menant à l'accord de juillet 1965 n'existe plus quatre ans plus tard.
Sonatrach : Un outil de l'indépendance pétrolière
Entre 1964 et 1969, la Sonatrach se développe à un rythme accéléré. D'une société présente exclusivement dans le secteur du transport, elle est désormais active dans tous les stades de l'industrie des hydrocarbures. Ce faisant, elle tend à écarter progressivement les sociétés pétrolières étrangères présentes sur son territoire. Ainsi, les permis de recherche sont accordés au compte-gouttes. Plus encore, de nouvelles formules de partenariat sont mises en place permettant une participation majoritaire à la Sonatrach. Cette dernière, qui dispose désormais de sa propre équipe d'ingénieurs formés aux quatre coins du globe, s'émancipe graduellement et tend de plus en plus à collaborer avec des Etats et des sociétés pétrolières étrangères qui prennent en considération sa doctrine pétrolière.
L'extension du domaine d'intervention
de la Sonatrach
Par le Décret numéro 66-296 du 22 septembre 1966, la ''Société nationale de transport et de commercialisation des hydrocarbures'' devient la ''Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation et la commercialisation des hydrocarbures''.
Cette nouvelle dénomination s'explique par les différents champs de compétence désormais dévolus à la Sonatrach et par l'évolution de la doctrine pétrolière algérienne à partir du coup d'Etat du colonel Boumediene. Ainsi, entre 1966 et 1969, la position de la Sonatrach dans le paysage des hydrocarbures évolue de manière spectaculaire. Au départ, la Sonatrach est conçue pour n'être qu'une simple entreprise de transport et de commercialisation. Sa création est étroitement liée à la construction du troisième oléoduc et le pouvoir algérien n'envisage pas l'extension de ses compétences aux autres domaines de l'industrie des hydrocarbures. Pour Ahmed Ben Bella, la Sonatrach ne devait être qu'une société nationale parmi d'autres, chacune devant être spécialisées dans un domaine spécifique du cycle d'exploitation des hydrocarbures.
En effet, Ben Bella avait prévu de créer deux autres sociétés : la première serait spécialisée dans la distribution et la seconde, dans la recherche et l'exploitation. Toutes ces entreprises devaient être chapeautées par la Direction de l'énergie et des carburants (DEC), appelée à devenir l'instrument de la politique pétrolière de l'Algérie. En effet, après le coup d'Etat de Boumediene, la Sonatrach obtient le monopole sur les activités pétrolières exercées par l'Algérie. De plus, la société prend en charge l'élaboration de la politique pétrolière algérienne en étroite collaboration avec le ministère de l'Industrie, c'est-à-dire avec Belaïd Abdesslam. Enfin, le rôle de la DEC devient exclusivement administratif.
Dans un premier temps, la Sonatrach se développe grâce à l'accord de juillet 1965. Cette société devient la représentante algérienne au sein de l'Ascoop et par la même, décuple son budget qui passe de 40 millions de dinars à 400 millions de dinars. Grâce à l'accord de coopération, elle obtient ses premiers permis de recherche. Ainsi, en 1967, le territoire de prospection qui lui est entièrement dédié s'étale sur 31 000 km2. Si l'on additionne son territoire de prospection exclusif à celui qu'elle partage avec ses autres partenaires, la Sonatrach détient effectivement 124 000 km2 en 1967. Par comparaison, le territoire de la Sopefal durant cette même année est de 93 000 km2. Cette tendance est appelée à s'amplifier lors les années suivantes alors que la crise au sein de l'Ascoop devient de plus en plus prégnante.
En 1968, la Sonatrach détient un périmètre de recherche de 140 000 km2 alors que l'année suivante, ce dernier passe à 174 000 km2. Parallèlement, le territoire alloué à la Sopefal passe de 94 000 km2 en 1968 à 76 000 km2 en 1969. Dans le domaine de la prospection, la Sonatrach devient rapidement une des sociétés les plus actives. En effet, en 1966, les activités de recherche de la Sonatrach représentent 21% des recherches totales menées en Algérie.
Quant aux sociétés françaises dans leur ensemble, leur part dans la recherche cette même année équivaut à 69%. Trois ans plus tard, la Sonatrach est la société la plus active dans la prospection avec 60% des recherches totales. La part des sociétés françaises ne représente plus que 39%. Cette tendance est également perceptible dans les activités de forage. Pour autant, faute de moyens, la part de la Sonatrach dans les forages augmente plus lentement. En effet, en 1966, les activités de forage des sociétés françaises représentent 88% de l'effort total. Une diminution est perceptible en 1969. Cependant, ces sociétés demeurent les plus actives avec 76% de l'ensemble des forages entrepris en Algérie.
Parallèlement, la part de la Sonatrach passe de guère plus de 1% en 1966 à 22% en 1969. Cette augmentation plus lente des activités de forage s'explique par le peu d'appareils mis à la disposition de la Sonatrach. Durant la même période, la production d'hydrocarbures connaît une augmentation de près de 25% : elle passe de 33,8 millions de tonnes en 1966 à 44,7 millions de tonnes en 1969. La Sonatrach ne produit pas de pétrole à proprement dit avant 1969, date à laquelle elle commence à extraire les huiles découvertes sur ses surfaces de recherche. C'est également cette année qu'elle commence à exploiter les ressources des sociétés pétrolières américaines nationalisées, ce qui lui permet de produire près de 3 millions de tonnes, soit 6,8% de la production totale de pétrole en Algérie.
Et c'est grâce à ses intérêts à l'intérieur des associations de recherche et à sa part à l'intérieur de la Sn-Repal qu'elle détient du pétrole dès 1966. Si cette année elle ne possède que de 10 000 tonnes de brut, trois ans plus tard, elle dispose déjà de 7,3 millions de tonnes soit, près de16% de l'ensemble de la production algérienne. Ainsi, trois ans après le début de l'Ascoop, la Sonatrach est l'une des sociétés qui possèdent le plus de pétrole en Algérie. Dans le domaine de la production du gaz, il faut attendre l'année 1970 pour que la Sonatrach devienne une des sociétés les plus importantes.
Avant cette date, ce sont les sociétés françaises qui exploitent dans leur grande majorité les gisements gaziers. La nationalisation de la société américaine Sinclair en avril 1969 permet à la Sonatrach de produire des quantités substantielles de gaz. Dès lors, la production du champ de Rhourde El Baguel est multipliée par 80 en l'espace d'un an.
En effet, ce champ, qui ne produit que près de 7 millions de m3 de gaz en 1969 devient le champ le plus prolifique en 1970, avec une production de 5 320 millions de m3. Grâce à cette production qui représente plus de 30% de la totalité du gaz extrait en Algérie, la Sonatrach se classe à la première place parmi les sociétés actives dans le domaine gazier. Trois grands oléoducs et un gazoduc sont actifs en Algérie en 1969. L'oléoduc le plus important, celui faisant le trajet Haoud El Hamra-Arzew, appartient à 100% à la Sonatrach. En 1968, il transporte 17,85 millions de tonnes soit, 42% de la production totale. Le second en importance, qui relie Haoud El Hamra à Bougie, est la propriété de la Sopeg dont 25% des parts appartiennent à la Sonatrach. La Sopeg achemine 36% de la production nationale en 1968. Le dernier oléoduc, In-Amenas-La Skhira, est détenu pas la Compagnie de Transport par pipeline au Sahara (Trapsa). Depuis 1968, la Sonatrach est actionnaire à hauteur de 35% dans la société exploitant cet oléoduc qui achemine 22% du pétrole algérien vers la côte. Un quatrième oléoduc en cours de construction doit relier Haoud El Hamra à Skikda. De par sa capacité de transport de 30 millions de tonnes par an, cet oléoduc, qui appartient intégralement à la Sonatrach, est appelé à devenir le plus important de tous les réseaux de transport de pétrole actif en Algérie. Ainsi, la Sonatrach peut évacuer en 1969, 26,46 millions de tonnes de pétrole. Ce chiffre représente 59% de l'ensemble du pétrole transporté par oléoduc. Cette position privilégiée de la Sonatrach sera renforcée une fois la construction du quatrième oléoduc terminée à la date prévue de 1972. En outre, dans le domaine gazier, le seul gazoduc opérationnel en 1969 est exploité par la Société du transport du gaz de Hassi-R'mel (Sothra), détenue à hauteur de 51% par la Sonatrach. Sa capacité d'évacuation de 2,8 milliards de m3 est trop peu importante étant donné la production gazière de l'Algérie.
Ainsi, un second gazoduc détenu par la Sonatrach est en construction depuis 1967. Il doit permettre d'acheminer vers la mer en 1971, 12,2 millions m3 de gaz. Le développement du secteur de la commercialisation par la Sonatrach est lié à la quantité de brut dont elle dispose. Ainsi, en 1969, la Sonatrach a commercialisé 8 millions m3 de tonnes de brut alors qu'elle en dispose de 7,3 millions. Le fait le plus important dans la vente du pétrole durant cette période concerne le marché interne. En effet, entre 1967 et 1968, la Sonatrach récupère toutes les sociétés de distribution en Algérie. De ce fait, elle détient désormais un monopole. La Sonatrach dispose également d'un monopole sur l'achat du gaz à la sortie du champ, sa vente sur le marché intérieur et extérieur à l'exception de la France. Plus encore, à travers la société mixte franco-algérienne, Somalgaz, la Sonatrach commercialise 50% du gaz exporté vers la France. Le contrôle des secteurs de transformation des produits issus des hydrocarbures représente une des conditions essentielles pour le développement industriel de l'Algérie. Ainsi, la Sonatrach devient progressivement la plus importante société pétrolière dans le secteur du raffinage. Si en 1966 elle ne raffine que 10% du pétrole transformé en Algérie, en 1968 cette part augmente à 56%.
La Sonatrach est également présente dans le secteur de la liquéfaction du gaz naturel. Elle dispose en 1969 de 26% des parts dans l'usine de liquéfaction d'Arzew, exploitée par la Compagnie algérienne de méthane liquide, Camel. L'usine de liquéfaction de Skikda qui, en 1969, est en cours de construction par la Somalgaz appartient à 50% à la Sonatrach.
Conclusion
Le développement rapide de la Sonatrach se fait au détriment des sociétés pétrolières étrangères présentes en Algérie. À travers les nationalisations et les contrats attribués à la Sonatrach, l'Algérie est désormais présente à tous les stades de l'économie des hydrocarbures.
Si l'accord de juillet 1965 permet à la Sonatrach d'étendre ses prérogatives en matière d'hydrocarbures, ce sont les accords conclus avec ses nouveaux partenaires qui lancent la société pétrolière sur le chemin de l'indépendance.
D'une part, elle noue des rapports stratégiques avec l'URSS et d'autre part, elle s'engage dans une collaboration étendue avec des sociétés étrangères privées notamment américaines et anglo-saxonnes.
Youcef Merabet
Ingénieur d'Etat en Engineering Pétrolier –


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