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Ramadhan: Pourquoi le jeûne est-il si fascinant ?
Publié dans La Nouvelle République le 10 - 03 - 2025

Que peut bien vouloir dire ce Hadîth aux relents mystérieux ? Pourquoi le jeûne est-il fascinant et vénéré par certains, dérangeant pour d'autres ? À cet effet, il est bien accueilli ou terriblement appréhendé c'est selon ! Quelle expérience peut nous faire découvrir le jeûne ? Est-ce juste une épreuve contraignante pour le corps ? En quoi le mois de Ramadhan est-il sacré ?
En quoi le jeûne peut-il nous aider à nous faire sentir une existence "enchantée" non fragmentaire au sens wébérien du terme ? En quoi le jeûne peut-il contribuer à pallier la perte de sens et à nous rapprocher davantage de la Création ?
Ce sont là quelques interrogations pour lesquelles je vais suggérer des pistes de réflexion qui s'apparentent beaucoup plus à une approche non-duelle de la Réalité qui est un enseignement de plusieurs traditions extrême-orientales. Mais précisons tout de suite que cette approche est fortement présente, quoique d'une manière nuancée, chez les mystiques soufis et surtout chez le Magistère Maximus Ibn 'Arabi.
La pensée religieuse de l'Islam est riche, profonde et féconde. Il faut s'atteler à sa reconstruction, comme le dit à juste titre Mohammed Iqbal, dans ce qu'elle a de plus universel et de plus pratique.
Tout d'abord, une mise en contexte s'avère utile. Dans cette contribution, je ne me situerai pas sur le plan strictement religieux de la signification du jeûne car je n'ai aucune compétence en la matière. Je ne suis pas aussi un adepte du concordisme, loin s'en faut, qui veut qu'on aille chercher a posteriori dans le Coran la justification des théories scientifiques les plus modernes.
De plus, je n'aborderai pas les bienfaits du jeûne sur la santé ou les méfaits, faut-il le souligner, sur toute personne qui n'est pas médicalement apte à l'observer. Préserver notre état de santé est un acte de responsabilité et un devoir qui nous incombent. Dans le Coran il est dit explicitement que Dieu veut pour vous la facilité, Il ne veut pas pour vous la difficulté.
L'idée centrale de cette digression sur le jeûne est la suivante : le ressenti du jeûne au quotidien ainsi que ses états induits par la privation peuvent-ils être d'une aide quelconque pour nous faire "sentir" l'instant présent ? Selon le Coran, l'univers est un acte. Tout est dans l'instant présent ; il n'y a ni passé, ni futur. Seule compte la sacralité du moment présent. Il est à noter que le ressenti se présente à nous dans toutes les occasions de la vie si on "sait" s'y prendre et pas uniquement pendant le mois de Ramadhan. Mais, attention il n'y a aucun savoir dans le fait de s'abandonner au ressenti.
Le jeûne est, pensons-nous, une occasion privilégiée et une chance supplémentaire pour nous rendre plus conscients de notre corps ainsi que des émotions et des états qui le traversent. Précisons que dans l'optique de la portée du jeûne il n'y rien à atteindre, rien à découvrir et surtout il n'y a rien à réaliser. Juste suspendre son jugement et son bavardage interne incessant pour sentir l'émotion, de quelque nature qu'elle soit, éclore comme une rose !
Si certains pensent à l'éveil ou à la réalisation de soi, notons que l'éveil est un non-événement des plus banals. L'être «réalisé» est celui qui vit complètement l'instant présent. Point. Tout comme le jeûne, il existe d'autres pratiques aussi diverses les unes que les autres et qui embrassent l'ensemble des activités humaines pouvant conduire à cette écoute profonde du corps : le Dhikr, la Prière, etc...
Encore une fois, le jeûne du mois de Ramadhan est partagé par toute une communauté et c'est en cela que réside son côté bénéfique du fait du rayonnement des personnes le vivant intensément ! Il n'est qu'évidence d'admettre que notre connaissance du réel est incomplète et demeure à jamais voilée ! La science moderne à travers le théorème de Gödel, le principe d'incertitude, la non-séparabilité pour ne citer que ceux-là, a porté un coup de grâce au paradigme classique triomphant synonyme d'un monde de certitudes.
Les représentants les plus illustres de ce paradigme furent Laplace et Berthelot qui s'est même enivré d'un "Désormais, le monde est sans mystères". Quelle ignorance ! Bien avant ces personnages notre Prophète (QSSSL), susurrait constamment cette prière : « Mon Dieu ! Accordez-moi de connaître la nature ultime des choses ».
Dans le sillage du Prophète (QSSSL), Aïn El-Qudhat El-Hamadani a établi une philosophie basée sur sa propre vision spirituelle. Sa pensée se structure autour de deux niveaux de connaissance à la fois : le monde rationnel (ÃLIM) et le monde transrationnel (ÃRIF). Ce dernier étant situé au-dessus du premier. De sorte que l'accès au monde transrationnel se fait après épuisement de toutes les facultés rationnelles.
Ainsi donc, le niveau le plus haut que puisse atteindre le savant (ÃLIM) correspond en fait au premier niveau chez l'homme de connaissance (ÃRIF). El-Hamadani ajoute pour mieux expliciter sa thèse que la vraie réalité des choses ne se découvre que dans le monde transrationnel, alors que le monde rationnel présente une image déformée de cette même Réalité.
Donc, pour résumer nous disons que la véritable connaissance, qui est une forme de grâce, est directe, intérieure, intuitive et non intellectuelle. Disons tout simplement que la pensée discursive est totalement inopérante lorsqu'il s'agit d'appréhender le réel. Le réel est voilé, et toute tentative rationnelle pour le dévoiler, le saisir et le comprendre est vouée à l'enlisement et à l'absurde. Il nous apparaît donc, contrairement à l'approche rationnelle, que le mois de Ramadhan semble être un moment propice à établir ce lien d'avec le réel. C'est ce que l'on va essayer de montrer tout au long de cette étude.
En effet, ressentir la soif, le désir, l'envie, bref notre état intérieur avec toutes ses variantes et richesses pendant le jeûne nous laisse présent à nous même et en définitive nous met face à cette Présence qui est inexprimable et ineffable. Vivre ce temps présent intensément, c'est sentir un moment d'éternité. « Le vrai bonheur ne se décrit pas, il se sent », disait Rousseau.Et c'est le cœur qui sent Dieu, et non la raison comme le stipulait Pascal. Bien avant lui notre Prophète (QSSSL) mettait l'accent quant à la primauté du cœur sur la raison pour se rapprocher du divin.N'est-il pas dit : « Quiconque d'entre vous est Présent à ce mois, qu'il le jeûne» – Coran [2, 185].
Le jeûne est un acte de présence, c'est aussi un état intérieur par excellence en ce sens qu'il est voilé aux yeux du commun des mortels. Il appartient de ce fait à Dieu et seul Lui peut décider de sa rétribution et de sa valeur méritoire. Ibn 'Arabi disait que le jeûneur est proche d'Allah par la qualité "samadienne", il se rend proche de Celui qui est qualifié par "rien ne Lui est semblable".Notons que Ramadhan est un des Noms d'Allah : il s'agit d'As-Samad, et que celui-ci est en relation avec Présence et éternité.
Le jeûne est un vécu qui ne se laisse pas raconter. Il faut le vivre. En le vivant, on ne peut le décrire, parce que ressentir et penser relèvent de deux ordres différents. On ne peut ressentir et penser en même temps. Si on met l'accent sur le ressenti on est complètement ouvert à ce ressenti, par contre si on pense on abandonne le terrain sensoriel, et c'est le psychologique qui prend le dessus. On est complètement pris dans les rets ou dans la nasse du mental. Dans le Tractatus logico-philosophicus Wittgenstein montre que la structure logique du langage ne peut être décrite à l'intérieur du langage lui-même.
Dr Saâd Hamidi
Centre hospitalier
de l'université de Montréal


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