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Sphère informelle et écart croissant entre le cours du dinar algérien sur le marché officiel et celui du marché parallèle
Finance
Publié dans La Nouvelle République le 10 - 05 - 2025

Les études sur ce phénomène se sont multipliées depuis trois décennies, en janvier 2015, par le ministère de l'Intérieur, le 3 mars 2017 ; le 17 mars 2021 par le ministère du Commerce, puis en date du 23 mars 2021, d'une étude conjointe entre le ministre des Finances et le Conseil, économique, social et environnemental, rapport qui devait être remis au président de la République à fin 2021, annonce une source gouvernementale. Une nouvelle promesse de résoudre le poids de l'informel annoncé officiellement par le ministre du Commerce en novembre 2022, problème non résolu en 2024. Et entre janvier et mai 2025, les mêmes promesses, mais par des actions purement administratives et autoritaires.Premièrement, la faiblesse de l'emploi formel. explique le poids de l'emploi informel renvoyant à la faiblesse du taux de croissance . C'est un facteur qui explique l'évolution du secteur informel où l'offre d'emplois formels sur le marché du travail ne peut plus absorber toute la demande car la population active, en particulier la main-d'œuvre non qualifiée, croît à un rythme accéléré. favorisant d'ailleurs l'exode de cerveaux.
Deuxièmement, lorsque les taxes sont nombreuses et trop lourdes, les entreprises sont incitées à dissimuler une partie de leur revenu. Trop d'impôts tue l'impôt devant élargir l'assiette fiscale par une nouvelle politique fiscale, L'entreprise algérienne étant parmi les plus imposées au monde expliquant la difficulté du recouvrement fiscal. La sphère informelle est amplifiée par la fraude fiscale et la corruption à travers les surfacturations, les trafics aux frontières des marchandises subventionnées, qui se répercutent sur le prix final des biens et accroît le processus inflationniste. La directrice générale des Impôts a fait état, le 04 avril 2023, de 6000 milliards de dinars d'impôts non recouvrés soit au cours de 137 dinars un dollar 43,79 milliards de dollars.
Troisièmement, le poids de la réglementation ou la complexité de l'environnement des affaires découragent l'enregistrement des entreprises. Lorsque le cadre institutionnel n'est pas propice à la création d'entreprises de manière formelle, les entrepreneurs préfèrent opérer dans le secteur informel et éviter le fardeau de la réglementation.
Quatrièmement, la qualité des services publics offerts par le gouvernement est un déterminant important du secteur informel car elle influence le choix des individus. Les individus actifs dans le secteur informel ne peuvent pas bénéficier des services publics (protection contre les vols et la criminalité, accès au financement, protection des droits de propriété). Cinquièmement, comme résultante de la politique économique, le primat de la gestion administrative bureaucratique, au lieu de reposer sur des mécanismes économiques transparents et lorsque la monnaie est inconvertible, surévaluée, ménages et opérateurs formels et informels joue sur la distorsion du taux de change. Sixièmement, l'on devra éviter le mythe de la prolifération de lois souvent renvoyant à une cohérence et visibilité dans la politique socio-économique. Par ailleurs, pour réduire l'ampleur du secteur informel en vue de l'intégrer dans les économies nationales, de nombreuses mesures peuvent être envisagées dont la délivrance des titres de propriété car le gouvernement doit prendre en compte le fait que le secteur informel est avant tout un substitut au manque d'offre de travail et que la concurrence déloyale qu'il mène au secteur formel handicape sérieusement le développement économique des pays.
Septièmement, l'Etat doit, procéder à la normalisation et la réglementation des réseaux de distribution. La normalisation des marchés, la mise en place de marchés de gros, la simplification des mesures d'enregistrement et de l'ensemble des procédures administratives, ainsi que l'élaboration avec d'une fiscalité adaptée, sont les défis à relever. Huitièmement, il faudra, alléger le niveau élevé des tarifs douaniers et la complexité des structures tarifaires, promouvoir des investissements dans le transport et les autres chaînes logistiques subsidiaires, pour diminuer le poids des échanges informels.
Neuvièmement, il faudra, avant toute chose, améliorer le niveau de l'éducation et s'atteler à une réduction des inégalités. L'éducation, en général, est la première étape pour réussir la transition vers le secteur formel. Les liens entre illettrisme et emploi non déclaré ne sont plus à démontrer. L'accent doit être mis particulièrement sur l'alphabétisation des femmes. La capacité à développer l'acquisition de qualifications professionnelles par le développement de titres professionnels et l'apprentissage sera là aussi au cœur de la problématique ainsi que la mise en valeur pour certains de leur potentiel entrepreneurial. Sachant que l'économie informelle se développe avec la prolifération de l'externalisation de la sous-traitance et du travail occasionnel, il n'est pas surprenant de relever une forte présence des femmes dans le secteur informel, celles-ci ayant toujours eu recours au travail occasionnel ou au travail à domicile. Dixièmement, pour lutter contre la sphère informelle, le gouvernement a décidé récemment d'introduire la monnaie numérique, où beaucoup de pays n'étant qu'au stade de l'expérimentation. Selon la Banque d'Algérie, la numérisation des paiements devrait s'orienter vers l'adoption d'une forme numérique de monnaie, dont elle assurera l'émission, la gestion et le contrôle sous le nom de dinar numérique algérien. Mais l'on ne doit pas confondre la monnaie numérique avec les crypto-monnaies qui circulent sur internet hors de toute institution bancaire, ne reposant pas sur un tiers de confiance, comme une banque centrale, n'ayant pas d'autorité centrale d'émission ni de régulation. Pour l'instant, aucun bilan n'a été révélé sur le montant de la sphère informelle que l'on a pu intégrer, sinon que, selon l'ABEF, jusqu'au 31 décembre 2022, plus de 594 milliards de dinars (presque 4 milliards d'euros) ont été collectés par les banques algériennes dans le cadre de la finance islamique.
Onzièmement, pour lutter contre l'informel, le gouvernement doit actionner un levier important, en utilisant l'intelligence artificielle, : la digitalisation des services fiscaux et de l'administration en générale. (impôts, douanes, Domaines, commerce, etc) est indispensable pour lutter contre l'informel.
Dans ce domaine, les avancées restent timides, alors qu'avec la simplification des démarches et la facilitation des paiements électroniques, le gouvernement pourrait rendre la formalisation plus accessible et moins contraignante pour les petites entreprises.
Douzièmement, il s'agira d'accélérer, l'opérationnalité des bureaux de change promises en 2023/2024, qui n'ont pas encore vu le jour, qui ne date pas d'aujourd'hui puisque les dispositions du règlement n°95-07 du 23 décembre 1995 modifiant et remplaçant le règlement n°92-04 du 2 mars 1992 relatif au contrôle des changes notamment ses articles 10 à 15, plus de 40 bureaux de change ont été agréés, aucun n'étant opérationnel, suppose une démarche progressive, la stabilité juridique et monétaire par la maîtrise du processus inflationniste, la refonte du système financier dont les banques publiques accaparent plus de 85% des crédits octroyés et que si l'écart entre l'officiel et le marché parallèle est entre 10/15% maximum.
Treizièmement, est la question d'un possible recours à une solution extrême de changement de billets de banque pour juguler l'informel refait régulièrement surface dans le débat national ces quelques derniers mois. Elle n'est pourtant clairement pas à l'ordre du jour de l'autorité publique. Ce n'est pas le procédé « idéal », avait en effet fait comprendre le président Abdelmadjid Tebboune lors d'une entrevue avec des représentants de médias nationaux en avril 2021. Un changement de billets, avait-il expliqué, serait « sans résultat » et ne ferait que provoquer « de longues files de citoyens modestes devant les banques et non d'hommes d'affaires venant échanger des montants à coups de milliards ». Pour ma part , j'estime que le changement de monnaie durant cette période de turbulences ne sera pas la solution adéquate pour lutter contre l'économie informelle et cette solution n'a pas été couronnée de succès en Inde, au Nigeria ou en Argentine Pour autant, la question divise toujours Car la lutte rationnelle contre l'économie parallèle, ne peut passer que par une réelle inclusion financière, une véritable modernisation des banques et des incitations fiscales, telles et le recours aux transactions électroniques.
Quatorzièmement, existe une solution préconise par certains experts, utopique pour l'instant c'est d'aligner le dinar officiel sur le cours du marché noir mais cela entrainerait une fuite massive de capitaux tout en permettant d'éviter les surfacturations. La solution préconisée par ces experts serait la dynamisation des exportations hors hydrocarbures. Or contrairement aux lois économiques s'appliquant à une économie productive , la dévaluation du dinar de 5 dinars un dollar en 1970 à plus de 134 dinars un dollar en 2O24 n'a pas permis de dynamiser ces exportations car le fondement de l'économie algérienne reposant toujours sur la rente des hydrocarbures, le blocage étant d'ordre systémique.
Quinzièmement, mais l'action principale est l'accroissement du niveau de production et de productivité, la cotation officielle du dinar étant intimement liée à la rente des hydrocarbures qui tient la cotation du dinar plus de 70%, le niveau du PIB entre 2000-2024 étant loin de ses importantes potentialités et n'ayant pas été proportionnel aux importantes dépenses monétaires. Un rapport officiel du premier ministère algérien repris par l'APS en 2020, montre que durant les trente dernières années l'assainissement des entreprises publiques a coûté au trésor plus de 250 milliards de dollars alors que de 80% sont revenues à la case de départ. Bien que le gouvernement a procédé à une réévaluation du calcul du PIB en 2023, en intégrant environ 33 % de la sphère informelle, toujours selon le gouvernement le PIB avec un taux de croissance de 4,5 % l'an, le PIB serait de 278, 7 milliards dollars en 2025, 300,71 milliards dollars en 2O26, et de 308,13 milliards dollars en 2027(source ministre des finances lors de la présentation de la
loi de finances 2025, données reprises par l'APS). Or, selon les estimations du FMI, en corrigeant les données du gouvernement algérien à la baisse du PIB, sous réserve de profondes réformes, le PIB de l'Algérie serait de 268,89 milliards de dollars en 2025 et pour atteindre 400 milliards de dollars de PIB dans horizon 2030,un taux de croissance de 3-4% 400 milliards de OIB ne seront atteint que vers 2O32/2O33 et il faudrait un taux de croissance annuel de 6/7%, ce qui permettrait d'absorber le flux additionnel d'emplois entre 350 000 à 400 000 par an qui s'ajoute au taux de chômage qui selon les statistiques gouvernementales a été en 2024 de 9,7 % et le taux d'inflation de 5,3 % après avoir attentif un pic de près de 1O% en 2O22. Selon les données officielles du ministères de 'l'industrie en 2O23 , le secteur industriel représente moins de 5% du PIB et les données des statistiques douanières les exportations hors hydrocarbures étaient de 6,9 milliards dollars en 2022, 5,01 en 2023 et les premières estimations selon l'ONS pour 2024 donnent 4,60 milliards de dollars où pour 2024 , nous assistons à une diminution des prix des marchandises à l'exportation, avec des variations négatives pour toutes les catégories de produits. Sur les 7,2 % hors hydrocarbures, 70 % sont des dérivés d'hydrocarbures. Si on ajoute les produits ferreux, nous arrivons à plus de 85 %. Les produits nobles à forte valeur ajoutée représentent 15 %, soit moins d'un milliard de dollars. C'est que , la richesse d'une Nation repose sur la bonne gouvernance et la valorisation du savoir et l'appréciation d'une monnaie, autant que le pouvoir d'achat des citoyens est fonction de l'accroissement de la production et de la productivité , des versements de salaires sans contreparties productives conduisant forcément à terme à une dérive En bref, la structure des sociétés modernes s'est bâtie d'abord sur des valeurs et une morale qui a permis la création de richesses permanentes, comme nous l'ont enseigné les grands penseurs dont le grand sociologue Ibn Khaldoun qui, dans son cycle des civilisations a montré clairement que lorsque l'immoralité atteint les dirigeants qui gouvernent
Abderrahmane Mebtoul
Professeur des universités
Expert international


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