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Domination de la sphère informelle et écart croissant entre le cours du dinar sur le marché parallèle et celui du cours officiel : quelles solutions ? Economie
Le concept de «secteur informel» apparaît pour définir toute la partie de l'économie qui n'est pas réglementée par des normes légales. En marge de la législation sociale et fiscale, elle a souvent échappé à la comptabilité nationale et donc à toute régulation de l'Etat, encore que récemment à l'aide de sondages, elle tend à être prise en compte dans les calculs du taux de croissance et du taux de chômage. Il y a lieu de différencier la sphère informelle productive qui crée de la valeur de la sphère marchande spéculative qui réalise un transfert de valeur. L'économie informelle est donc souvent qualifiée de «parallèle», «souterraine», «marché noir» et tout cela renvoie au caractère dualiste de l'économie, une sphère qui travaille dans le cadre du droit et une autre sphère qui travaille dans un cadre de non droit, étant entendu que le droit est défini par les pouvoirs publics en place. Pour les économiste, qui doivent éviter le juridisme, dans chacun de ces cas de figure nous assistons à des logiques différentes, tant pour la formation du salaire et du rapport salarial, que du crédit et du taux d'intérêt qui renvoient à la nature du régime monétaire dualiste. La formation des prix et des profits dépendent dans une large mesure de la forme de la concurrence sur les différents marchés, la différenciation du taux de change officiel et celui du marché parallèle, de leur rapport avec l'environnement international (la sphère informelle étant en Algérie mieux insérée au marché mondial que la sphère réelle) et en dernier lieu de leur rapport à la fiscalité qui conditionne la nature des dépenses et recettes publiques 1 ;- Quel est l'écart entre le cours du dinar sur le marché parallèle et celui du cours officiel ? -Evolution du cours officiel du dinar algérien : le cours officiel est passé (cours achat) en 1970 à 4,94 dinars 1 dollar, en 1980 à 5,03 dinars 1 dollar ; 2001 77, 26 dinars 1 dollar et 69,20 dinars un 1 euro- 2005, 73,36 dinars 1 dollar et 91,32 dinars 1 euro – 2010 74,31 dinars 1 dollar et 103,49 dinars 1 euro -2015 , 100,46 dinars 1 dollar et 111,44 dinars 1 euro – 2016, 100,46 dinars 1 dollar et 111,44 dinars 1 euro -2017, 110,96 dinars 1 dollar et 125,31 dinars 1 euro – 2018, 116,62 dinars 1 dollar et 137,69 dinars 1 euro – 2019, 119,36 dinars 1 dollar et 133,71 dinars 1 euro – 2020, 128,31 dinars 1 dollar et 161,85 dinars 1 euro – 2021 , 134,03 dinars 1 dollar et 157,80 un euro – 2022, 140, 24 pour 1 dollar et 139,30, un dinar pour 1 euro- 2023, du 21 au 25 septembre 2023 à 137,0471 dinars 1 dollar et 146,2567 – 2024 change 12 mars 2024 ; 134.3632 un dollar et 146.8993 un euro 28 avril 2O25, du côté officiel, la Banque d'Algérie enregistre aussi une appréciation de l'euro face au dinar. Selon les cotations commerciales publiées par l'institution, l'unité de la monnaie européenne s'échange à 150,62 dinars à l'achat et 150,66 dinars à la vente. Ainsi, un billet de 100 euros vaut désormais 15 062 dinars à l'achat et 15 066 dinars à la vente sur ce marché régulé. Cours sur le marché parallèle : pour la Banque d'Algérie dans sa note de conjoncture de février 2024 indique que la circulation fiduciaire hors banques représente 33,35% de la masse monétaire globale en Algérie, soit quelque 7395 milliards de dinars à fin septembre 2022, contre 6712 milliards de dinars à fin décembre 2021 53,98 milliards de dollars, reflétant un état de sous-bancarisation où des entrepreneurs, gros commerçants, ménages et autres intermédiaires préfèrent le cash pour moins de traçabilité et surtout pour mieux échapper au fisc alors que dans les pays développés les plus bancarisés, la part de la circulation fiduciaire ne dépasse guère les seuils de 4 à 5% de la masse monétaire globale. Le marché informel dans le commerce dominant fait que bon nombre de produits non subventionnées ont tendance à s'aligner sur le cours du marché parallèle en n'oubliant jamais que tout agent économique, opérateur ou ménage guidé par la seule logique du profit, n'existant pas de nationalisme et de sentiments dans la pratique des affaires (voir étude sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul- Institut Français des Relations internationales IFRI Paris « ,les enjeux stratégiques de la sphère informelle -2013-reproduite en synthèse réactualisée dans la revue Stratégie IMDEP du ministère de la défense nationale octobre 2019). Sur le marché parallèle, le cours du dinar , durant l'année 2011, avait atteint une moyenne de 135 dinars 1 euro – le 8 octobre 2022, la cotation est de 209 dinars 1 euro. Le 22 septembre 2022, l'euro s'échangeait à 227 dinars à l'achat et 229 dinars à la vente, le dollar américain à 210 dinars à l'achat et 212 dinars à la vente, soit un écart entre l'officiel et le parallèle de près de 57% -Le 07 mars 2024, l'euro achat est de 238 dinars et à la vente , vente 240 dinars et 218 dinars un dollar américain achat,et à la vente 220 dinars. Et enfin i entre le 23/25 avril 2025 ,l'euro s'échange à 256 dinars à l'achat et à 259 dinars à la vente et le le dollar américain autour de 233 dinars à l'achat et 236 dinars à la vente. Ce qui donne un écart entre l'officiel et le marché parallèle euro-dinar qui passe de 3O% il y a environ 10 années, à 75/80% de 2024 à avril 2025 , une des causes de la corruption via les surfacturations. 2.- Quelles sont les raisons de la faiblesse de la cotation officielle du dinar et de l'écart avec le marché parallèle ? Je recense huit (8) raisons : Premièrement, le niveau de la croissance économique et donc le niveau de production et de productivité. Un rapport officiel du premier ministère algérien repris par l'APS en 2020, montre que durant les trente dernières années l'assainissement des entreprises publiques a coûté au trésor plus de 250 milliards de dollars alors que de 80% sont revenues à la case de départ. L'Algérie a d'importantes potentialités pour devenir un acteur déterminant au niveau régional. Sur le plan économique, elle a des marges de manœuvre avec des réserves de change dépassant 70 milliards USD, une dette extérieure faible à moins de 1,5 % du PIB et une dette publique maîtrisable d'environ 45 % à 47 % du PIB. Cependant le niveau du PIB est loin de ses importantes potentialités et n'est pas fonction par rapport à l'importance des dépenses monétaires. Le gouvernement a procédé à une réévaluation du calcul du PIB en 2O23, en intégrant environ 33 % de la sphère informelle le PIB est passé de 239,9 milliards de dollars en 223 à 266,78 milliards de dollars en 224. Avec un taux de croissance de 4,5 % l'an, le PIB serait de 278, 7 milliards dollars en 2025, 300,71 milliards dollars en 2026, et de 308,13 milliards dollars en 2027(source ministre des finances lors de la présentation de la loi de finances 2025, données reprises par l'APS). Le taux de chômage pour l'année 2024 a été de 9,7 % et le taux d'inflation de 5,3 %. Selon les données officielles du ministères de l'Industrie en 2023, montrant la faiblesse de la productivité, le secteur industriel représente moins de 5% du PIB et selon les données des statistiques douanières les exportations hors hydrocarbures étaient de 6,9 milliards dollars en 2022, 5,01 en 2023 et les premières estimations selon l'ONS pour 2024 donnent 4,60 milliards de dollars où en 2024, nous assistons à une diminution des prix des marchandises à l'exportation, avec des variations négatives pour toutes les catégories de produits. Sur les 7,2 % hors hydrocarbures, 70 % sont des dérivés d'hydrocarbures. Si on ajoute les produits ferreux, nous arrivons à plus de 85 %. Les produits nobles à forte valeur ajoutée représentent 15 %, soit moins d'un milliard de dollars. Cela est d'autant plus inquiétant que selon les estimations du FMI, en corrigeant les données du gouvernement algérien à la baisse du PIB, sous réserve de profondes réformes, le PIB de l'Algérie serait de 268,89 milliards de dollars en 2025 et pour atteindre 400 milliards de dollars de PIB dans horizon 2030, il faudrait un taux de croissance annuel de 6/7%, ce qui permettrait d'absorber le flux additionnel d'emplois entre 350 000 à 400 000 par an qui s'ajoute au taux de chômage actuel. Deuxièmement, les surcoûts des projets influent sur le niveau de productivité et donc indirectement sur la cotation du dinar, sans compter les surfacturations des projets en dinars algériens, qui expliquent les surcoûts des projets avec des malfaçons surtout dans le BTPH, les transferts légaux de capitaux profitant de la distorsion du taux de change entre l'officiel et celui du marché parallèle, transitent par les banques souvent publiques qui accaparent plus de 85/90% des crédits octroyés, les banques privées malgré leur nombre étant marginales, au cours officiel du dinar à travers les importations par des surfacturations, favorisant également le trafic aux frontières des produits subventionnés, (farine, huile). Ces montants sont souvent convertis en investissement vers l'achat d'une valeur sûre, l'immobilier. C'est que les transferts illégaux transitant par les banques au cours officiel du dinar à travers les importations via les surfacturations une partie retourne en Algérie alimentant le marché parallèle de devises, ce qui permet d'atténuer la hausse du cours sur le marché parallèle. En effet, il y a eu une baisse des transferts avec les décès des retraités à l'étranger. Cette baisse de l'offre de devises a été contrebalancée par les fortunes acquises régulièrement ou irrégulièrement par la communauté algérienne localement et à l'étranger qui font transiter irrégulièrement ou régulièrement des devises en Algérie, montrant clairement que le marché parallèle de devises est bien plus important que certaines données de 3,5 à 5 milliards d'euros. Selon le FMI, ayant été entre 2000/2024 de plus de 1150 milliards de dollars et pour des exportations en devises de 1220 milliards de dollars , le solde étant les réserves de change au 31/12/2024 d'environ 70 milliards de dollars et si on applique un taux de surfacturation de 10% (pour les services difficilement quantifiable souvent plus de 15%) nous aurons des transferts illicites de capitaux souvent dans des paradis fiscaux, en complicités avec certains fournisseurs étrangers, de plus de 120 milliards de dollars soit 5 milliards de dollars an, le montant étant inférieur entre 2020/2024 du fait de la baisse en valeur des importations et de mesure plus draconiennes pour éviter ces transferts. Troisièmement, le niveau du déficit budgétaire qui selon la loi de finances 2025 sera de 63,60 milliards de dollars contre 46,04 milliards de dollars en 2024 et 30,50 milliards de dollars en 2022 accroissement du déficit du à la baisse des recettes en devises de Sonatrach qui sont passées de 60 milliards de dollars en 2022, 50 en 2023 et de 44 milliards de dollars en 2024. devraient s'établir à 35 milliards de dollars avec un cours du Brent Pour le FMI en référence aux lois de finances 2024/2025 , l'Algérie a besoin d'un baril de pétrole à près de 149 dollars pour assure cet équilibre, selon les données du rapport du FMI contre 135 dollars pour l'exercice 2020/2021 et 100/109 pour l'exercice 2019/2020. La dépréciation du dinar officiel d'augmenter artificiellement la fiscalité des hydrocarbures (reconversion des exportations d'hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu'en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l'inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens, montant accentué par la taxe douanière s'appliquant à la valeur du dinar, supportée, en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l'entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité. Quatrièmement, la demande provient de simples citoyens qui voyagent : touristes, ceux qui se soignent à l'étranger et les hadjis du fait de la faiblesse de l'allocation devises dérisoire d'environ 100 euros. Cela est accentué par les pénuries amplifiant le commerce dit du « cabas » que l'on ne combat pas par des mesures administratives car satisfaisant une demande du fait des pénuries. Cinquièmement, ce sont les agences de voyages qui, à défaut de bénéficier du droit au change, recourent, elles aussi, aux devises du marché noir étant importateurs de services. Majoritairement, elles exportent des devises au lieu d'en importer comme le voudrait la logique touristique. Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités Expert international