La sécurité sociale algérienne couvre aujourd'hui près de 30 millions de personnes, un chiffre vertigineux qui reflète l'ambition mais aussi la complexité de ce système national. Selon Abdelhafid Djeghri, directeur central des prestations à la Caisse nationale des travailleurs salariés (CNAS), les dépenses annuelles du fonds atteignent environ 650 milliards de dinars, un montant colossal, révélateur des défis liés à la viabilité et à la modernisation du dispositif. Invité lundi matin de l'émission ''L'Invité du Matin'' sur la Chaîne I de la Radio algérienne, Djeghri a souligné l'importance stratégique de la dématérialisation des services. À ce titre, l'introduction du service de mise à jour de la carte Chifa directement en pharmacie représente un tournant. Avec 7 millions de salariés affiliés, cette démarche vise à soulager les assurés des longues files d'attente en avril, période auparavant réservée à la mise à jour obligatoire, tout en allégeant la pression sur les ressources humaines et techniques du CNAS. Cette avancée s'inscrit dans un processus global de numérisation et de simplification administrative, aligné sur la politique nationale de modernisation des institutions publiques. Djeghri insiste : il ne s'agit pas simplement d'innovation technologique, mais d'une volonté de rendre le système plus efficace, plus accessible et plus proche des citoyens. Le nombre de pharmacies conventionnées dépasse désormais 13.000 officines, opérant selon le principe du tiers payant, une modalité cruciale pour les patients atteints de maladies chroniques, dont le nombre a dépassé les 5,8 millions en 2024. Cette dynamique s'étend également aux cliniques spécialisées : chirurgie cardiovasculaire, dialyse, transport médicalisé... autant de domaines aujourd'hui couverts localement. Dans une logique d'efficacité économique, la CNAS a mis fin aux évacuations médicales vers l'étranger pour les pathologies cardiaques, sauf exceptions rares. Des accords avec une cinquantaine d'établissements spécialisés en Algérie ont été conclus, incluant désormais la neurochirurgie. Une décision qui renforce l'offre nationale de soins tout en garantissant une meilleure prise en charge humaine et financière. Autre priorité : la prise en charge intégrale des malades du cancer, y compris ceux non assurés. Plus de 2.050 patients ont déjà bénéficié de cette couverture dans le cadre des directives du président de la République. Côté médicaments, les chiffres impressionnent : 298 milliards de dinars ont été dépensés en 2024 pour leur remboursement. Les prestations liées aux arrêts maladie, accidents de la route, maladies professionnelles, maternité et invalidité ont, elles, coûté plus de 550 milliards de dinars, auxquels s'ajoute une contribution de 150 milliards au financement de la santé publique. La CNAS a par ailleurs remboursé un million d'ordonnances, dont 98 % via le système de tiers payant. Les dossiers médicaux excédant 5.000 DA sont désormais traités directement, après étude, selon l'état de santé du patient. La liste des médicaments remboursables, composée de 7.500 spécialités locales et de 1.600 produits internationaux, est mise à jour chaque mois par une commission multisectorielle.