Liée à la bonne gouvernance, combattre le crime organisé et la corruption constitue une des préoccupations majeures des Etats, à la fois pour des questions de moralité et de développement. Dossier ancien et qui touche tous les pays, récemment en cette fin du mois de mai 2025, les tensions entre l'Algérie et la France, car s'il existe des corrompus, existent forcément des corrupteurs, ont remis au goût du jour l'urgence de la lutte contre la corruption, facteur essentiel de la mobilisation algérienne. Cette présente contribution est une brève synthèse actualisée d'une conférence organisée par le commandement de la Gendarmerie nationale algérienne les 23/24 février 2021, où je suis intervenu pour introduire de sujet, en présence des institutions stratégiques sur la corruption et le crime organisé sous ses différentes facettes et comment l'Algérie entend lutter contre ce fléau qui menace la sécurité nationale. 1.-L'objectif est d'éviter que de telles pratiques ne se renouvellent, devant prévenir avant de punir, la coercition bloquant toutes les initiatives créatrices, constatant malheureusement une déficience des organes de contrôle dont le gel de la cour des comptes en précisant que le contrôle le plus efficace est le contrôle populaire via des institutions transparentes. Devant différencier l'acte de gestion des pratiques normales de la corruption, afin d'éviter la démobilisation des managers, les services de sécurité et les différents organismes de contrôle devant vérifier l'origine de ces montants de transferts illicites de devises saisissent régulièrement d'importantes sommes de sorties de devises aux frontières, l'objectif stratégique est d'établir la connexion entre ceux qui opèrent dans le commerce extérieur soit légalement ou à travers les surfacturations et les montants provenant essentiellement d'agents possédant des sommes en dinars au niveau local légalement ou illégalement, non connectés aux réseaux internationaux. Il s'agit de différencier les surfacturations en dinars (pour des projets ne nécessitant pas ou peu de devises), des surfacturations en devises, existant deux sphères d'agents, ceux reliés uniquement au marché interne (dinars) et ceux opérant dans le commerce extérieur (devises), ce processus se faisant en complicité avec les étrangers, bien que certains agents économiques opèrent sur ces deux sphères. De plus, selon la majorité des experts juristes, il est difficile de récupérer des capitaux placés dans des paradis fiscaux, en actions ou obligations anonymes. Par ailleurs, ce ne sont pas seulement les entreprises publiques qui gèrent mal, accaparant une partie importante du financement public, mais également l'administration et les services collectifs. À ce titre, il convient, de se poser la question sur l'efficacité des transferts sociaux, souvent mal gérés et mal ciblés, permettant des trafics aux frontières de produits subventionnés ne s'adressant pas toujours aux plus démunis et en raison de la faiblesse du système d'information, le système algérien tant salarial que celui de la protection sociale est diffus, ne cernant pas clairement les liens entre les perspectives futures de l'économie algérienne et les mécanismes de redistribution devant assurer la cohésion sociale. Cependant, le fléau de la corruption dépasse le cadre national, devant le relier également aux réseaux internationaux, existant des liens dialectiques entre certains agents externes et internes, notamment dans les différents trafics et le crime économique organisé. 2.-Tandis que le trafic de drogues est réprimé internationalement, le trafic d'armes est réglé par les Etats qui en font leurs bénéfices. La vente d'armes s'effectue régulièrement entre plusieurs partenaires privés et publics. Nous avons notamment, le trafic de drogue. La montée en puissance du trafic de drogue au niveau de la région sahélienne a des implications sur toute l'Afrique du Nord où nous pouvons identifier les acteurs avec des implications géostratégiques où les narcotrafiquants créent de nouveaux marchés nationaux et régionaux pour acheminer leurs produits. Afin de sécuriser le transit de leurs marchandises, ces narcotrafiquants recourent à la protection que peuvent apporter, par leur parfaite connaissance du terrain, les groupes terroristes et les différentes dissidences, concourant ainsi à leur financement. Nous avons également la traite des êtres humains. C'est une activité criminelle internationale dans laquelle des hommes, des femmes et des enfants sont soumis à l'exploitation sexuelle ou à l'exploitation par le travail. Nous avons le trafic de migrants qui est une activité bien organisée dans laquelle des personnes sont déplacées dans le monde en utilisant des réseaux criminels, des groupes et des itinéraires. Nous avons le trafic de ressources naturelles qui inclut la contrebande de matières premières telles que diamants et métaux rares (provenant souvent de zones de conflit) et la vente de médicaments frauduleux potentiellement mortelle pour les consommateurs. Nous avons aussi la cybercriminalité. Les multiples paradis fiscaux, des sociétés de clearing (aussi Offshore) permettent de cacher l'origine de l'argent. Une importante enquête sur plus de 150 pays a été réalisée par d'éminents experts internationaux (juristes, économistes, politologues, et experts militaires) parrainée par l'ONU mettant en relief que le montant du crime organisé varierait entre 2 et 5% du PIB mondial évalué à plus de 100.000 milliards de dollars, amplifiant le trafic issu du commerce illégal sous toute ses formes : drogue, armes, traite, déchets toxiques, métaux. Dans un rapport en date du 3 juillet 2024, selon l'organisation de coopération et de développements économiques (OCDE) chaque année plus de 60 milliards de dollars sont illégalement détournées au niveau contient Afrique, environ 1,4 milliard d'habitants, en raison des flux financiers illicites ce qui équivaut à 3,7% de son PIB évalué à environ 2 800 milliards de dollars relativement faible loin de ses importantes potentialités, inférieur au PIB français, environ 3.000 milliards de dollars pour 68 millions d'habitants. Plus précis, à l'occasion de la présentation des perspectives économiques 2025 pour l'Afrique, le professeur Kevin Chika Urama, économiste en chef et vice-président de la Banque Africaine de Développement, a indiqué que le continent, selon des chiffres de 2022, perdait plus de 587 milliards $ par an en raison de la fuite des capitaux, ces capitaux perdus provenant d'une perception inadaptée du risque, qui coûte 79 milliards USD en primes. Les autres canaux de fuite des capitaux sont les flux financiers illicites, se traduisant souvent par des pratiques de manipulation des prix dans le cadre des transactions avec le reste du monde et d'autres activités illicites, qui coûtent jusqu'à 90 milliards USD. Cependant, les sources de fuites de capitaux les plus importantes sont surtout les produits de la corruption (148 milliards $) et les transferts irréguliers de bénéfices par les multinationales, qui exportent jusqu'à 275 milliards $, constituant ainsi la source de fuite de capitaux la plus significative sur le continent. Dans le même temps, l'Afrique ne reçoit que 190,7 milliards $ de l'extérieur sous forme d'investissements directs étrangers, de dette, de transferts de la diaspora ou d'aide publique au développement. Se basant sur 12 indicateurs de résilience: leadership politique et gouvernance. Transparence et responsabilité du gouvernement, coopération internationale, – politiques et législations nationales, – système judiciaire et détention, – forces de l'ordre, intégrité territoriale, – lutte contre le blanchiment d'argent, capacité de réglementation économique, soutien aux victimes et aux témoins, prévention et acteurs non étatiques, l'étude arrive à cinq conclusions: 1re conclusion, plus des trois quarts de la population mondiale vivent dans des pays où le taux de criminalité est élevé, ou dans des pays où le niveau de résilience face au crime organisé est faible ; 2e conclusion, la traite des personnes est le marché criminel le plus répandu au monde ; 3e conclusion, les démocraties présentent des niveaux de résilience face à la criminalité plus élevés, 4e conclusion, les acteurs étatiques constituent les principaux facilitateurs de ces pratiques occultes et obstacles à la résilience face au crime organisé (dont octroi opaque de l'octroi de marchés publics). 5e conclusion, de nombreux pays en conflit et Etats fragiles sont très vulnérables face au crime. En résumé, les malversations ne datent pas d'aujourd'hui, ne devant pas confondre acte de gestion avec corruption ayant eu à le constater en tant que directeur général des études économiques et haut magistrat premier conseiller à la cour des comptes entre 1980-1983 et lors de plusieurs contrôles entre 1974 à 2017 en tant que directeur études aux ministères Industrie. Energie sur d'importantes entreprises publiques, l'objectif étant de prévenir car lorsque le mal est fait c'est trop tard, devant tirer les leçons pour l'avenir. La lutte contre la corruption combinée avec l'amélioration du climat des affaires, bureaucratie, réforme du système financier dans sa globalité, éviter l'instabilité juridique et monétaire, sont les conditions essentielles d'une véritable relance économique. Au sein d'un monde turbulent et instable préfigurant d'importants bouleversements géostratégiques, le futur défi de l'Algérie, elle a les potentialités de sortie de crise, et elles sont énormes, est d'avoir une nouvelle gouvernance : des réformes structurelles, conciliant efficacité économique, une très profonde justice sociale, une nouvelle architecture institutionnelle reposant sur une réelle décentralisation et le retour à la confiance, sans laquelle aucun développement n'est possible, devant combattre la mentalité rentière et réhabiliter le travail et les compétences d'une manière générale. [email protected]