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Pourquoi Trump s'est empressé de siffler la fin de la partie ?
Israël-Iran
Publié dans La Nouvelle République le 02 - 07 - 2025

Les Israéliens et leurs larbins en Europe et dans le monde arabe se sont réveillés ce matin avec la gueule de bois. Le rêve qu'ils caressaient la veille d'une guerre totale en vue d'en finir avec l'Iran s'est mué en cauchemar.
L'attaque américaine contre trois sites nucléaires iraniens dans la nuit de samedi à dimanche suivie d'une attaque symbolique de l'Iran contre une base américaine au Qatar n'ont pas embrasé la région comme le souhaitent les va-t-en-guerre ultra-sionistes et leurs relais européens et arabes. Trump a surpris tout le monde en annonçant dans la nuit de lundi à mardi un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran. Quels sont les enjeux cachés de ce rebondissement spectaculaire ?
Retour sur l'attaque américaine contre l'Iran
Confronté à des pressions contradictoires de la part de ses soutiens politiques les plus proches, Trump a décidé de faire un choix qui réponde à la fois aux souhaits des uns et des autres. En ordonnant d'attaquer les sites nucléaires iraniens qu'Israël s'estimait être incapable d'atteindre, Trump a répondu favorablement à l'appel pressant de Netanyahou et aux pressions des lobbies pro-israéliens (y compris l'influent lobby des chrétiens sionistes).
Mais en se contentant d'une attaque à caractère plus spectaculaire que décisif et en insistant sur le fait que cette attaque ne devrait pas fermer la porte aux négociations avec l'Iran, Trump n'en a pas moins répondu à ses alliés isolationnistes du courant « America First » qui l'ont supplié de ne pas impliquer directement les Etats-Unis dans cette guerre. En effet, les fanfaronnades de Trump au lendemain de l'attaque américaine n'ont pas trompé les observateurs avertis. L'ancien officier des Marines, Ridley Scott, n'a pas mâché ses mots en commentant cette attaque qu'il a qualifiée de « spectaculaire sans incidence militaire significative ». Plusieurs sources américaines sont allées dans le même sens. Si les déclarations émanant des protagonistes directs de la guerre doivent être prises avec circonspection dans la mesure où il est difficile de faire la part des choses entre la communication et la propagande, il y a des faits objectifs qui ne trompent pas comme par exemple le fait qu'aucune contamination radioactive n'a été signalée dans la région ni autour des sites ciblés par l'attaque américaine, ce qui corrobore les déclarations iraniennes disant que les équipements et les matières sensibles ont été déménagées du site de Fordow vers un autre lieu plusieurs jours avant l'attaque. Le scénario qui faisait fantasmer tous les ultra-sionistes et leurs relais européens et arabes aurait été bien entendu l'entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés d'Israël en vue de détruire le potentiel militaire et technologique de l'Iran et précipiter ainsi l'effondrement de la république islamique d'Iran. Ce scénario n'était pas impossible mais s'avérait improbable dans la mesure où il faisait courir le risque d'un embrasement régional difficilement contrôlable avec des conséquences politiques et économiques qui pouvaient s'étendre jusqu'à l'intérieur des Etats-Unis. L'Iran a fait jusqu'ici preuve d'une retenue remarquable dans sa guerre défensive contre Israël mais qui pourrait anticiper sa réaction s'il venait à jouer sa survie ? Même s'il ne peut plus compter sur l'intervention efficace de ses vecteurs régionaux (Liban, Irak) et qu'il a perdu son principal allié dans la région (Syrie), l'Iran garde de solides atouts en cas de guerre existentielle. Il peut recourir à la fermeture du détroit d'Ormuz et il peut attaquer les installations pétrolières des pays arabes du Golfe sans parler des bases américaines situées dans la région.
La surprenante offre de paix de Trump
L'annonce par Trump dans la nuit de lundi à mardi d'un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran prouve a contrario que l'attaque américaine contre l'Iran dans la nuit de samedi à dimanche était le prélude à la cessation de la guerre et à la reprise des négociations diplomatiques en vue d'arriver à un compromis sur le nucléaire iranien et sur d'autres dossiers affectant la sécurité régionale.
Ce scénario était perceptible au vu des premiers indices apparus au lendemain de l'attaque américaine. Trump lui-même n'a pas écarté l'option des négociations avec l'Iran même s'il a en même temps réitéré sa menace de nouvelles attaques plus dévastatrices si l'Iran refuse de négocier.
L'attaque par l'Iran de la base aérienne américaine d'Al Udeid au Qatar aurait pu malheureusement donner à Washington le mobile d'une nouvelle escalade militaire mais visiblement ce ne fut pas le cas. En minimisant l'attaque iranienne contre la base américaine d'Al-Udeid et en déclarant que l'Iran avait averti par avance Washington, Trump a dévoilé le caractère symbolique de cette attaque d'autant plus que la base en question a été vidée des avions qui y étaient stationnés depuis plusieurs jours. L'attaque de la base d'Al Udeid apparaît du point de vue de l'Iran comme une tentative de sauver la face pour mieux vendre à son opinion publique l'entrée immédiate dans des négociations comme l'ont enjoint les Américains et leurs alliés européens. Trump n'a pas été dupe et cela ne l'a pas dévié de son plan initial dicté par les seuls intérêts stratégiques américains. Dans la nuit de lundi à mardi, il a déclaré qu'un accord de cessez-le-feu entre Israël et l'Iran allait entrer en vigueur dans les 24 heures. Même s'il a démenti tout accord pour l'instant, l'Iran s'est dit prêt à cesser les hostilités si Israël arrêtait ses attaques. L'Iran, qui a géré avec retenue et intelligence sa guerre défensive contre Israël sans tomber dans les provocations des faucons israéliens et leurs alliés américains, ne va pas faire la fine bouche et va profiter de la fenêtre diplomatique entrouverte par Trump. Dans l'état actuel des rapports de force, l'Iran peut s'estimer heureux d'avoir fait reculer Trump. Des considérations stratégiques expliquent sans doute la reculade de Trump, au premier rang desquelles il faut rappeler le souci de ménager une issue de sortie à son protégé israélien pour lui éviter une éventuelle guerre d'usure qu'il n'aurait pas pu supporter à terme. Mais d'autres facteurs plus liés aux intérêts américains sont à prendre en considération. Les rivaux des Etats-Unis (Russie, Chine) étaient en embuscade pour assister cyniquement à l'embourbement de l'Amérique dans les marais du Moyen Orient. Trump ne pouvait supporter ni les conséquences économiques d'une guerre qui risquait de durer ni son impact sur sa majorité politique dont une grande partie ne cache pas son isolationnisme et son hostilité à l'implication de leur pays dans une guerre qui se déroule loin de leurs frontières.
La paix, si paix il y aura, ne sera qu'un sursis
Quelles que soient les chances du scénario de paix à court terme, il ne ramènera pas une paix durable et définitive dans la région. Ce sera tout au plus une paix de dupes dans laquelle chacun des protagonistes verra une opportunité pour se renforcer et mieux se préparer au prochain round.Même s'il sauve sa tête cette fois-ci, l'Iran devrait se préparer à payer le prix politique et diplomatique de la nouvelle donne géopolitique qui s'annonce dans la région. Il doit également se convaincre que la paix que lui concèderont les Américains, pour des raisons stratégiques, n'est qu'un sursis. Il reste à savoir comment l'Iran va traiter avec l'opportunité qui lui serait éventuellement offerte ? Tous les observateurs sont d'accord sur une chose : le régime iranien ne désarmera pas ni n'abdiquera sa volonté de construire une puissance régionale alternative. Ni les Israéliens ni les Occidentaux n'accepteront cette réalité et ils feront tout ce qui est possible pour contrecarrer pareil dessein qui ne coïncide pas avec leur volonté de perpétuer leur domination dans la région via leur principal gendarme régional (Israël) et accessoirement les Etats arabes vassaux. Comment l'Iran va-t-il gérer ces contraintes de nature géopolitique dans les prochaines années ? Si la survie de la république islamique d'Iran dépend pour une grande part de sa capacité à se défendre militairement contre le bellicisme d'Israël, il va de soi que l'Iran sera amené à tirer les enseignements de cette guerre.
Le premier enseignement reste bien évidemment le décalage alarmant entre Israël et l'Iran dans le domaine de la supériorité aérienne. A côté de sa force de frappe balistique et de ses drones, l'Iran sera confronté à la lancinante question de sa défense aérienne. Son potentiel économique, ses capacités budgétaires et son statut géopolitique dans la région devraient l'aider à forcer la main à ses partenaires russe et chinois en vue d'acquérir des vecteurs de défense aérienne puissants (comme le système S-400 russe et le HQ-9B chinois) et d'avions de chasse modernes à l'instar du J-10C chinois dotés de radar AESA et capables de tirer le missile air-air PL-15 d'une portée d'au moins 145 km dans sa version export. La Russie et la Chine seraient mal avisées si elles venaient à perdre un allié régional aussi important sans même tenter de lui donner une chance de résister.
L'Iran devant un dilemme politique
Mais la question la plus importante que l'Iran devra régler rapidement est d'ordre doctrinal et politique. Conscient de son incapacité à affronter directement Israël durant les deux dernières décennies, l'Iran a opté pour la stratégie de la défense indirecte en armant de manière inégale des vecteurs régionaux qui peuvent frapper directement Israël (Hezbollah au Liban, Hamas et Djihad islamique à Gaza) et en comptant sur d'autres alliés régionaux (régime d'Assad en Syrie, milices chiites irakiennes, houthis yéménites). Maintenant qu'il a atteint une certaine puissance militaire (drones et missiles balistiques) capable de lui permettre de se défendre et d'attaquer directement Israël, l'Iran n'a plus un besoin vital de ses vecteurs régionaux. En profitera-t-il pour s'engager dans une politique régionale plus équilibrée qui lui garantira une meilleure coexistence pacifique avec ses voisins arabes ? L'Iran sera-t-il assez avisé pour abandonner une coûteuse et inefficace politique interventionniste dans le voisinage et la remplacer par un habile Soft-Power dont il a toutes les ressources ? Continuera-t-il d'alimenter la division interconfessionnelle dans les pays de la région (Irak, Syrie, Liban et dans les pays du Golfe) en soutenant les excès des mouvements sectaires chiites ou bien jouera-t-il un rôle d'apaisement en encourageant les chiites arabes à participer activement, aux côtés de leurs frères de toutes confessions, à la construction d'un large front national démocratique anti-impérialiste et antisioniste dans la région ? De leur côté, les Arabes sont appelés à changer radicalement de stratégie s'ils veulent ne serait-ce que préserver ce qui reste d'une indépendance qui se réduit chaque jour en peau de chagrin. Les condamnations hypocrites de l'agression israélienne contre l'Iran ne peuvent cacher malheureusement la collaboration – secrète et ouverte- de la plupart des Etats arabes avec Israël et leur inféodation à l'Empire américain. Ce que ces Etats arabes feignent d'ignorer c'est que si l'Iran venait à tomber un jour, leur tour viendra, l'un après l'autre. Israël n'acceptera aucun rival stratégique dans la région, quel que soit le degré de son inféodation à l'Empire. La Syrie, pourtant aux mains d'un régime islamiste sous la coupe de la Turquie d'Erdogan et malgré toutes les concessions faites par ce régime à Washington, est déjà sur la sellette. L'instrumentalisation des dissensions confessionnelles et des groupes jihadistes en est un signe évident. Même la Turquie, l'Egypte et l'Arabie saoudite (pourtant aux antipodes sur le plan idéologique) n'échapperont pas, à terme, à la colère d'Israël.
L'Empire américain n'hésitera pas à se retourner demain contre son soi-disant ami d'aujourd'hui. Comme il a instrumentalisé l'Iran et les milices fanatiques chiites d'Irak pour venir à bout du régime honni de Saddam Hussein et de la résistance nationale irakienne à l'occupant, l'Empire américain instrumentalise aujourd'hui sans vergogne le confessionalisme sunnite, devenu le drapeau idéologique des pétromonarchies réactionnaires du Golfe et de leurs valets contre l'Iran. L'Iran est devant un dilemme. Soit il continue de jouer la carte du sectarisme chiite au risque d'alimenter la propagande et la politique de ses ennemis dans la région qui cherchent à l'isoler, soit il s'engage courageusement dans la voie d'un islam libérateur et œcuménique qui fera de la république islamique d'Iran la citadelle de tous les opprimés de la région qui ont soif de liberté, de dignité et de progrès et l'allié de tous les peuples qui aspirent, à travers le monde, à se libérer de la domination impériale américaine. A cet égard, la seule boussole qui ne trompe pas les peuples de la région restera la Palestine qui se trouve à son corps défendant au cœur d'un conflit géopolitique et culturel mondial. L'Iran continuera -t-il à se servir de cette question à des fins idéologiques et politiques sans lui assurer un soutien conséquent comme cela s'est fait cruellement sentir durant ces vingt derniers mois ou bien consentira-t-il enfin à répondre plus efficacement au devoir de solidarité agissante avec un peuple opprimé qui se trouve être à l'avant-garde de la lutte contre la domination impériale dans la région?


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