«La peur de nouveaux bombardements, la peur de perdre quelqu'un, la peur de devoir à nouveau déménager, nous avons été contraints de fuir notre maison et depuis, nous ne nous sentons plus en sécurité, et la peur est toujours présente » Les civils à Ghaza sont confrontés à la famine et au fait que l'aide humanitaire est insuffisante. Une employée de l'UNRWA, Manar, témoigne du quotidien meurtri de Ghazaouis souvent contraints de dormir le ventre vide. Selon cette employée les déplacements, la faim et l'épuisement font désormais partie intégrante du quotidien. « Chaque jour, je me réveille sans savoir ce qui va se passer ». « Nos enfants pleurent parce qu'ils ont faim » : c'est sur cette fameuse phrase que les habitants de Ghaza vivent leur quotidien forcé, l'eau potable et la nourriture sont rares. « Je vais travailler, mais mon cœur est avec mes enfants. Même les choses les plus simples sont devenues terribles », dit-elle. Dans ce quotidien de désespoir, même le minimum est un luxe. « Souvent, il n'y a pas d'eau pour cuisiner ou se laver. La nourriture n'est jamais suffisante ». Quand la chance sourit, ces familles désespérées arrivent à cuisiner du riz. Mais très souvent, Manar et ses proches se couchent « le ventre vide ». « Nos enfants pleurent parce qu'ils ont faim. En tant que mère, cela me brise le cœur ». Manar décrit aussi une recherche désespérée de médicaments dans un contexte de pénurie due au blocus israélien. Plus largement, comme Manar, des millions de Ghazaouis marchent « pendant des heures sous la chaleur en quête de provisions ». « Il n'y a ni voitures, ni bus, ni aide. Nous sommes épuisés, physiquement et émotionnellement. Mais nous continuons. Ce n'est pas seulement une journée. C'est notre vie », conclut-elle. A cause de la faim des humanitaires s'évanouissent Ce témoignage de Manar survient deux semaines après une alerte similaire de l'UNRWA, indiquant avoir reçu des « messages désespérés de famine » de l'intérieur de Gaza, de la part de civils et même de son propre personnel sur le terrain. «J'ai cherché quelque chose pour nourrir mes enfants, mais il n'y a rien. Chaque jour, des messages SOS nous parviennent des populations affamées et même de nos collègues de l'UNRWA. Comment répondre à de tels messages de désespoir ? Cela me fait honte et redouble le sentiment d'impuissance », avait déploré, le chef de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, relevant que « les autorités israéliennes affament les civils dont un million d'enfants ». Personne n'est épargné.. «Les personnes qui s'occupent des enfants ont également besoin de soins. Les médecins, les infirmières, les journalistes et les humanitaires ont faim», avait affirmé M. Lazzarini, relevant que «nombreux sont ceux qui s'évanouissent à cause de la faim et de l'épuisement dans l'exercice de leurs fonctions, qu'il s'agisse de rapporter les atrocités ou d'alléger les souffrances ». Quelque 2,1 millions de Palestiniens sont assiégés à Gaza par Israël depuis le début du génocide le 7 octobre 2023 à Ghaza. Des agences de l'ONU affirmaient mardi dernier que le «pire scénario de famine est en cours». Des largages aériens d'aide sont également autorisés depuis plus d'une semaine par Israël, qui a déclaré une pause des combats à des fins humanitaires dans certains secteurs pendant plusieurs heures chaque jour. Après la Jordanie et les Emirats arabes unis, la France et le Royaume-Uni indiquent avoir procédé à des parachutages de vivres et articles de première nécessité. L'Allemagne entend organiser avec la Jordanie un « pont aérien humanitaire vers Ghaza ». De l'aide bloquée Mais pour de nombreux observateurs, ces opérations sont coûteuses. De nombreuses agences et ONG ont plaidé pour une aide convoyée par la route plutôt que par les airs. L'UNRWA indique que « 6 000 camions chargés d'aide sont bloqués à l'extérieur de Ghaza, et attendent le feu vert pour entrer ». Lundi, le chef des droits de l'homme des Nations Unies, Volker Türk, a dénoncé les images « déchirantes et intolérables » de personnes mourant de faim à Ghaza. «Le fait que nous en soyons arrivés là est un affront à notre humanité collective. Cela nous rappelle une fois de plus que la violence doit cesser une fois pour toutes. Sauver des vies doit être la priorité de tous». «Israël continue de restreindre sévèrement l'entrée de l'aide humanitaire, et l'aide autorisée est loin d'être suffisante. Israël doit immédiatement autoriser et faciliter le passage rapide et sans entrave de quantités suffisantes d'aide humanitaire pour les civils dans le besoin afin d'éviter de nouvelles souffrances et pertes humaines inutiles. Refuser l'accès des civils à la nourriture peut constituer un crime de guerre, voire un crime contre l'humanité ». Quelque 1 500 personnes auraient été tuées depuis mai, selon l'OCHA, de nombreuses personnes seraient toujours tuées ou blessées, notamment des personnes cherchant de la nourriture le long des itinéraires des convois de l'ONU et des points de distribution militarisés.