À l'occasion du passage à la 25e année du XXIe siècle, le New York Times Book Review avait dressé la liste des 100 livres les plus marquants publiés depuis 2000, à partir d'un vaste sondage mené auprès de centaines d'auteurs et personnalités littéraires, dont James Patterson, Stephen Graham Jones, Roxane Gay ou encore Karl Ove Knausgaard. Parmi eux, figure le maître de l'horreur, Stephen King, qui a dévoilé, à cette occasion, ses dix livres incontournables de ce premier quart de siècle – dont l'un porte sa propre signature. Sa liste montre un goût affirmé pour les récits à forte tension dramatique, qu'ils soient intimes ou traversés par la violence. Il privilégie les histoires où le destin bascule brutalement, souvent par une erreur, un accident ou une manipulation. On retrouve aussi une curiosité pour les fresques historiques ou politiques à dimension uchronique et les univers dystopiques. Il semble sensible aux récits qui mêlent complexité morale, atmosphère dense et personnages ambigus. Et l'on ne s'étonnera pas que la plupart des titres de son top 10 du premier quart de siècle aient trouvé le chemin du grand ou du petit écran — pour un romancier dont l'œuvre n'a cessé d'inspirer le cinéma et la télévision. Sa liste s'ouvre sur Expiation (Atonement) d'Ian McEwan, traduit de l'anglais par Guillemette Belleteste en 2003, pour Gallimard. Une fresque familiale signée du romancier britannique – et adaptée pour le cinéma en 2007 par Joe Wright -, où une erreur irréparable bouleverse le destin de plusieurs vies, traversant les décennies comme une cicatrice jamais refermée. Vient ensuite «Les disparus de Dublin» (Christine Falls) de l'Irlandais John Banville, qui signe ici sous le pseudonyme Benjamin Black, traduit par Michèle Valencia (Robert Laffont, 2007). Un roman noir crépusculaire qui joue avec l'art du faux-semblant, immergeant le lecteur dans une atmosphère de trouble et de mystère. On retrouve également Le Chardonneret (The Goldfinch) de Donna Tartt, traduit par Edith Soonckindt (Plon, 2014), récit d'un jeune orphelin hanté par la perte et par un minuscule tableau inestimable, à la fois talisman et malédiction. Pour cet ouvrage, elle remporta un Prix Pulitzer de la fiction. Il a été adapté en 2019 au cinéma par John Crowley. Stephen King a aussi retenu Les Apparences (Gone Girl) de Gillian Flynn, traduit par Héloïse Esquié (Sonatine, 2012), thriller psychologique implacable sur les manipulations au sein d'un couple en crise, adapté au cinéma en 2014 par David Fincher. Le ton se fait plus sec et implacable avec Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme (No Country for Old Men) de Cormac McCarthy, traduit par François Hirsch (L'Olivier, 2007), où la violence, le destin et la morale s'affrontent dans un Texas aride. Cette fois porté à l'écran, non par un mais deux importants cinéastes, les frères Coen. La dystopie s'invite dans Le Dernier Homme (Oryx and Crake) de Margaret Atwood, traduit par Michèle Albaret-Maatsch (Robert Laffont, 2005), qui entremêle plusieurs voix pour raconter un monde ravagé par les dérèglements écologiques. Plus intime et feutré, Du bout des doigts (The Paying Guests) de Sarah Waters, traduit par Erika Abrams (Denoël, 2016), entraîne le lecteur dans le Londres des années 1920, entre tensions sociales, intrigue criminelle et exploration subtile de l'intimité féminine. Avec Le Complot contre l'Amérique (The Plot Against America) de Philip Roth, traduit par Josée Kamoun (Gallimard, 2006), Stephen King salue une uchronie où Charles Lindbergh, héros de l'aviation, devient président pro-nazi des Etats-Unis, altérant le cours de l'Histoire. Le roman a été adapté en minisérie par HBO, avec Winona Ryder, John Turturro et Zoe Kazan. Vient ensuite Le Sympathisant (The Sympathizer) de Viet Thanh Nguyen, traduit par Clément Baude (Belfond, 2017), portrait d'un agent double partagé entre deux mondes, mêlant espionnage, satire politique et quête identitaire. Enfin, la sélection se referme sur Dôme (Under the Dome) de Stephen King lui-même, traduit par William Olivier Desmond (Albin Michel, 2010), huis clos dans une petite ville du Maine, prisonnière d'une barrière invisible et impénétrable. Deux œuvres adaptées en série : le premier en 2024 par Park Chan-wook et Don McKellar, le second par CBS, sous la direction de Brian K. Vaughan.