Niché au sud-ouest de Bordj Bou Arreridj, le village d'El Ksour est considéré comme l'un des trésors historiques et architecturaux les plus remarquables de la région. Avec une histoire qui remonte à plus de dix siècles, il attire aussi bien les passionnés de patrimoine que les simples visiteurs en quête de découvertes. Selon les récits transmis à travers les générations, la naissance du village daterait de la seconde moitié du Xe siècle, soit avant même la fondation de la Casbah d'Alger. Son nom viendrait de son allure singulière : perché sur une colline, l'ensemble des constructions donne l'impression d'une succession de petits palais, ce qui a inspiré l'appellation « Ksour », signifiant « châteaux » ou « palais » en arabe. À l'origine, le site aurait été occupé par une tribu berbère de la confédération Sanhadja, comme en témoignent les noms amazighs des localités voisines telles que Tazrout, Tifrent ou encore Tihamamine. Plus tard, au XIe siècle, des tribus arabes s'y installèrent et se mêlèrent à la population locale, donnant naissance à une richesse culturelle et sociale qui se lit encore dans l'organisation du village. L'influence de l'architecture hammadite est palpable dans ses ruelles et ses habitations, héritage direct de la proximité avec la célèbre Kalaâ des Béni Hammad, à M'sila. Le village compte près d'une centaine de maisons en pierre, reliées par des passages étroits et protégées par une enceinte fortifiée percée de quatre portes principales : Bab El Guebli à l'entrée, Bab Skif Edhaouia, Bab Essour et Bab Edjedid, qui mènent chacune vers les différents quartiers. El Ksour abrite également plusieurs mosquées anciennes, certaines âgées de plus de cinq siècles. Parmi les plus emblématiques figurent Djamaa El Guebli et Djamaa Sidi M'barek Ezzahar, construite à la fin du XVIIe siècle. Non loin de là se dresse la mosquée Labiodh, dite « la Blanche », érigée en 1680. Dans les villages voisins, deux zaouïas fondées aux XVIIIe et XIXe siècles témoignent aussi de l'ancrage spirituel de la région. Aujourd'hui, La Casbah d'El Ksour figure dans les circuits touristiques officiels de la wilaya. Elle séduit non seulement les visiteurs, mais aussi de nombreux réalisateurs qui choisissent ce décor authentique pour y tourner films et séries. Les habitants, très attachés à leur héritage, entreprennent régulièrement des restaurations afin de préserver l'âme du lieu. Les autorités locales, de leur côté, multiplient les démarches pour inscrire le site au patrimoine matériel et immatériel, une reconnaissance attendue depuis longtemps par la communauté. Ainsi, El Ksour ne se limite pas à un simple vestige du passé : il est le reflet vivant d'une mémoire collective, un témoin silencieux d'un savoir-faire ancestral et un symbole d'identité que ses habitants s'efforcent de protéger pour les générations futures.