Pour éviter de mauvaises interprétation, cette lettre que j'adresse à M. le ministre du Commerce rentre dans le cadre de la défense des intérêts supérieurs de l'Etat. N'exerçant aucune activité lucrative, étant professeur des universités, expert international et un ancien haut cadre ayant exercé pendant de longues décennies, depuis 1974, de hautes fonctions au sein des appareils de l'Etat, fondateur et président de l'Association nationale de développement de l'économie de marché (ADEM), de 1992 à 2016, n'exerçant aucune fonction lucrative. Le grave accident récent qui a fait plusieurs morts et blessés dont je tiens à présenter mes condoléances les plus attristées aux parents et proches, interpellent le gouvernement sur la leçon à tirer, notamment sur la pénurie des pièces détachées, entraînant des prix exorbitants et la vétusté du parc de transport routier.La route a encore fait des victimes ce week-end, avec l'accident le plus meurtrier depuis le début de l'été. Un bus de transport de voyageurs a dérapé, le 15 août 2025 vers 17h46, alors qu'il circulait sur le tronçon de l'avenue de l'Armée de libération nationale entre El-Mohammadia et la cité Bel Air (ex-La Glacière), dans la commune d'El-Harrach, avant de chuter du haut d'un pont dans l'oued. Cet accident a fait 18 morts (14 hommes et 4 femmes) et 23 blessés, dont 3 dans un état critique, selon le bilan de la Protection civile. Certes, les origines de cet accident peuvent être d'origine humaine mais, selon les experts, mais les innombrables accidents sont dus aussi à la pénurie et à la cherté des pièces détachées dont le prix pour certaines gammes a triplé, voire quadruplé entre 2020 et août 2025, alors que pour les transporteurs publics ou privés, le tarif du transport est plafonné. Pour l'Algérie, selon l'ONS, données reprises par l'APS en 2023, le parc automobile national comptait plus de 6,3 millions de véhicules, tous types confondus, ce chiffre devant dépasser les 7 millions d'ici fin 2025, la demande annuelle en véhicules neufs étant estimée entre 600.000 et 700.000 unités. La structure est la suivante : -Véhicules de moins de 5 ans : 19,32 % -Véhicules âgés de 5 à 9 ans : 22,08 % -Véhicules âgés de 10 à 14 ans : 17,22 % -Véhicules âgés de 15 à 19 ans : 22,08 % -Véhicules âgés de 20 ans. Ainsi, il ressort de ces données que 80 % des voitures en circulation en Algérie sont vieilles de plus de 5 ans ; et près de deux tiers d'entre elles (58 %) ont plus de 10 ans d'âge. En outre, seuls 1/5 des véhicules ont moins de 5 ans, et 1/5 ont plus de 20 ans. Il s'agit là d'un effet palpable de la stagnation du marché lors des cinq dernières années. Face à ce drame qui nous rappelle la dure réalité économique, en toute amitié, j'interpelle le ministre du Commerce qui doit tenir compte tant de la réalité nationale (sans compter les besoins des ménages en produits finis), en lui rappelant que 85% des besoins en matières premières et pièces détachées des administrations des entreprises publiques et privées. Il est souhaitable, dans l'intérêt supérieur du pays, d'assouplir les dernières mesures concernant le contrôle du commerce extérieur, en l'insérant au sein d'une planification stratégique associant tous les ministères, loin des mesures administratives autoritaires, mesures qui peut être avaient un effet dans les années 1970, alors que tant la structure et les comportements des agents de l'économie algérienne que le monde ont connu un profond bouleversement. Le risque de ces mesures afin de préserver les réserves de change, richesse virtuelle qu'il s'agit de transformer en capital productif, – attention de ne pas renouveler l'expérience roumaine communiste qui a conduit ce pays à la dérive, est une totale méfiance des opérateurs est une dérive inflationniste de faire fuir les investisseurs dans les segments hors hydrocarbures créateur de valeur ajoutée et d'emplois durables à moyen terme (les hydrocarbures étant une exception) et, en fin de compte, la paralysie de l'appareil de production existant, le secteur industriel en 2024 représentant moins de 5% du PIB. La seule solution pour augmenter durablement les réserves de change est la dynamisation de l'appareil productif et cette dynamisation doit reposer sur la confiance de qui renvoie également à la bonne gouvernance. Pour preuve, des défis futurs à relever : selon le rapport ONS du 9 août 2025, nous assistons à une baisse constante des exportations hors hydrocarbures. Ainsi, en 2022 le montant a été de 5,81 milliards de dollars, taux de change officiel moyen de 1 dollar = 142 dinars) ; en 2023, la valeur des exportations hors-hydrocarbures a chuté à 4,77 milliards de dollars, taux de change officiel moyen 1 dollar = 135,9 dinars) ; en 2024, la baisse a continué avec 3,56 milliards de dollars d'exportations, taux de change officiel moyen l'année dernière de 1 dollar = 134 dinars et au cours du premier trimestre 2025, les exportations hors hydrocarbures ont atteint 885 millions de dollars (au taux de change officiel moyen de 1 dollar = 132 dinars), représentant une baisse par rapport à la même période en 2024, où elles s'élevaient à 982 millions de dollars), soit en tendance annuelle moins de 3,3 milliards de dollars fin 2025. Dans ce cadre, monsieur le ministre du Commerce, je vous relate mon expérience vécue récemment, loin des bureaux climatisés des bureaucrates, de ceux qui ont une ou plusieurs voitures de services à leur disposition et qui ne sont pas confrontés aux dépenses de fonctionnement de leurs véhicules, ignorant la dure réalité quotidienne des citoyens. Ainsi, du 5 au 10 août 2025, la porte droite de mon véhicule a été bloquée, la serrure ne donnant plus. Pendant deux jours, j'ai cherché la pièce neuve introuvable, ni à l'Ouest, ni au Centre, ni à l'Est pour mon véhicule datant de 2019. A l'intérieur du poignet se trouve une petite pièce électronique associée à un petit moteur qui permettent d'ouvrir la porte. Et je me suis demandé où en est le taux d'intégration et surtout comment l'on devra le calculer pour une usine de voitures, où même pour les pneu, la matière première est importée, a-t-on pensé à ces nouvelles technologies, ces nouveaux métiers où tout est en électronique et que pour tout projet rentable, il faut produire ces mini pièces en centaines de milliers, voire en millions, qu'il faille acheter la licence pour ne tomber sous le coup du piratage (Droit intellectuel ) sévèrement puni par le droit international. On m'a conseillé de le rendre dans des étroits où on stockaient des voitures accidentées. Au quatrième jour, on a trouvé une partie de cette pièce, heureusement, le petit moteur et son support. Selon les revendeurs de pièces détachées, il y a une pénurie de la majorité presque des pièces détachées et en cas où cette pièce serait disponible, son prix approcherait – entendez-vous bien –, pour une serrure 30.000 dinars, alors qu'en 2018 elle faisant 6.000 dinars, soit une hausse de plus de 400 %. Et pour l'achat d'une petite partie de la serrure en occasion, cela m'a coûté 13.000 dinars algériens, sans compter le travail du mécanicien (6.000 dinars), soit au total 20.000 dinars, équivalent du SMIG de l'algérien. M. le ministre du Commerce, cette petite expérience reflète la réalité du terrain et cela concerne la majorité de la sphère économique où certaines entrepreneurs privés utilisent souvent le marché noir de devises pour éviter la rupture d'approvisionnement. Car la pénurie soudaine de ces mini-pièces peut paralyser toute une usine utilisant les tours à programmation numérise car comment voulez vous que ces entrepreneurs fassent une planification hebdomadaire, mensuelle, trimestrielle et annuelle et cela posera un grand problème pour les PMI-PME constituant plus de 9O% du tissu économique, la majorité étant à gestion familiale – petites Sarl et unités uni personnelles et n'ayant pas les ressources pour payer en plus des charges des experts pour leur élaborer le programme que vous avez demandé, risquant soit des faillites ou se réfugier dans la sphère informelle. C'est que tout manager gère en fonction tant de la demande nationale fonction du pouvoir d'achat, et internationale pour les entreprises exportatrices, un marché segmenté et en évolution perpétuelle, sans compter qu'au niveau mondial bon nombre de produits sont cotés à la bourse dont les prix fluctuent de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois. Et pour terminer, concernant les unités stratégiques relevant soit du ministère de la Défense nationale (certains produits relevant secret-défense, comme dans tous les pays), de Sonatrach, de Sonelgaz et d'autres unités stratégiques étant certes prévu des dérogations relevant du ministère du Commerce extérieur, la pénurie pose un problème de sécurité nationale. En fin de compte, comment délimiter les responsabilités et qui supportera ces pertes et ces préjudices à l'économie nationale, évaluées en centaines de milliards de dinars ? En conclusion, il existe une règle applicable dans tous les pays sans expression, l'être humain étant ce qu'il est, malgré parfois de bonnes intentions : régulation du commerce extérieur ne signifie pas autorisations administratives qui enfante le clientélisme et les délits d'initiés devant nous éloigner de la mentalité bureaucratique. Car le but du bureaucrate est de donner l'illusion d'un gouvernement même si l'administration fonctionne à vide, en fait de gouverner une population infime en ignorant la société majoritaire. Nous aurons ainsi une triple conséquence : première conséquence, une centralisation pour régenter la vie politique, sociale et économique du pays ; deuxième conséquence, l'élimination de tout pouvoir rival au nom du pouvoir bureaucratique. Troisième conséquence : la bureaucratie bâtit au nom de l'Etat, des plans dont l'efficacité sinon l'imagination, se révèle bien faible. Abderrahmane Mebtoul Pr des Universités, Dr d'Etat