La Coupe du monde 2026 sera l'événement sportif majeur de la prochaine année où elle se tiendra du 11 juin au 19 juillet 2026, conjointement dans trois pays : le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. Après, douze ans d'attente, l'Algérie y participera, les Fennecs s'étant qualifiés, le 9 octobre 2025, grâce à leur victoire sur la Somalie (3-0). Rendons hommage à l'équipe nationale pour ce renouveau d'espoir qu'elle a suscité au profit exclusif de l'Algérie, en souhaitant que les prochains matchs au niveau de la Coupe du monde se déroulent dans la sérénité et l'esprit sportif. Nous avons assisté à un match fair-play et, à travers certaines images, à un respect mutuel des joueurs des deux équipes. Le football, comme la musique et la culture en général sont des facteurs de tolérance et de rapprochement entre les peuples. L'équipe nationale algérienne a disputé plusieurs matchs avec des victoires sans faille, montrant qu'avec une nouvelle gouvernance, loin des relations de clientélisme, l'Algérie peut surmonter sa crise multidimensionnelle actuelle. Ce message d'espoir renoue avec la génération de ceux qui ont libéré le pays entre 1954/1962, où l'Algérie s'apprête à fêter le 1 novembre, un moment de recueillement pour ceux qui ont permis l'indépendance de l'Algérie. Rappelons-nous cette liesse en 1962 où tout peuple brandissait avec fierté le drapeau Algérie. L'équipe nationale réconcilie également l'Algérie avec sa communauté émigrée, montrant qu'un Algérien sportif, intellectuel, ou opérateurs économiques, évoluant dans un autre environnement, loin des tracasseries bureaucratiques, s'épanouit. On ne peut faire revenir « les génies » devant d'abord améliorer le sort de ceux qui sont sur place pour éviter également leur départ par leur revalorisation et surtout par la considération supposant un renversement des échelles de valeur reposant sur la morale, le savoir et non sur les rentes où hélas les pratiques sociales contredisent souvent les discours démagogiques de certains responsables. Et oui, qui a dit que les Algériens n'aimaient pas leur pays puisque la leçon vient de jeunes qui donnent des leçons aux adultes. La leçon que l'on peut tirer de cette jeunesse qui dit tout haut ce que l'immense majorité des algériens pensent tout bas, sans arrières pensées, est que ce serait une grave erreur politique de faire de la récupération mais méditer le sens de cette victoire pour mobiliser la société. Au moment des victoires internationales de football, et cela n'est pas propre à la victoire actuelle, l'équipe nationale réconcilie les Algériens avec eux-mêmes où nous voyons une fièvre de liesse populaire en faveur du drapeau national, dans les cafés bombés pour suivre les différentes rencontres, des immeubles, des maisons, des voitures, bus et camions décorés de drapeaux, et ce de l'Est à l'Ouest en passant du Centre au Sud. Même pour les grandes fêtes nationales on n'a pas vu cela. Cela ne signifie pas que les Algériens n'accordent pas une importance aux importants anniversaires comme ceux du 5 juillet ou du 1 novembre, mais qu'ils la fêtent à leur manière, la plus sûre et la plus sincère dans le cœur. Le football algérien et le sport d'une manière générale doivent absolument construire un modèle dont la professionnalisation lui permettra de conserver ses meilleurs joueurs plus longtemps supposant des mécanismes de régulation qui arbitreraient de manière plus équilibrée entre recherche du profit et les aléas des compétitions. Selon l'adage, l'espoir fait vivre. La majorité des Algériens s'attache, faute de mieux, en espérant des jours meilleurs par une amélioration de leur niveau de vie, à des signes d'espoir et que la leçon des harraga témoigne d'une situation de désespoir, étant une erreur politique de vouloir banaliser alors qu'ils constituent un mal social profond. Aussi, comment ne pas penser donc à l'avenir de cette jeunesse, car l'Algérie dans moins de 5 ans, c'est -à dire demain, avec une population qui dépasse 50 millions d'habitants. L'âge moyen de nos filles et garçons, pour l'immense majorité entre 20/30 ans, ont une exigence comme tout citoyen, avoir un emploi, un logement, se marier, avoir des enfants. C'est une obligation morale pour les gouvernants qui doivent couvrir cette demande sociale croissante, diminuer le poids de la sphère informelle dominante au niveau tant au niveau social qu'économique (rumeur, société civile informelle plus efficace que celle organisée par les pouvoirs publics, plus de 35% du PIB et de la masse monétaire en circulation avec un écart de plus de 70% entre la cotation du dinar officiel et celui du marché noir) et donc de préparer l'ère de l'après pétrole pour les générations futures par le développement de la section exportation hors hydrocarbures qui selon les dernières données de l'ONS, la valeur ayant baissé de près de 40% entre 2022 et 2024 . Devant raisonner à moyen et long terme, loin des actions conjoncturelles, pour bénéficier véritablement de son intégration au marché international, supposant une planification stratégique qui fait cruellement défaut, L'urgence est la refonte de l'Etat afin de réaliser la symbiose Etat-citoyens, d'éviter que la majorité des autres institutions étatiques bureaucratiques du sommet à la base, passant par une réelle décentralisation autour de grands pôles économiques régionaux. Or on assiste à des discours contradictoires d'autosatisfaction de certains responsables, facteurs de démobilisation, des partis politiques et des sociétés dites civiles vivant souvent du transfert de la rente, incapables de faire un travail de mobilisation et de contribuer significativement à la socialisation politique et à l'œuvre du redressement national et, en cas de malaise social, laissent les forces de sécurité seules face à la population, car en ce mois d'octobre 2025, deux institutions assurent la stabilité relative de l'Algérie, l'ANP et les services de sécurité face aux tensions géostratégiques à nos frontières et Sonatrach avec cette baisse inquiétante des recettes des hydrocarbures traditionnels entre 2022 et 2024 (60 milliards de dollars en 2022, 50 en 2023, 45 en 2024 et moins pour 2025) qui procurent 92% des recettes en devises selon les statistiques officielles, mais en réalité 98%, si on ajoute les dérivées d'hydrocarbures inclus dans la rubrique exportation hors hydrocarbures pour 97%. Cette rente irrigue tout le corps social déterminant le taux de croissance via la dépense publique, le taux d'inflation compressé par les subventions, le taux de chômage et le niveau des réserves de change. La leçon principale que l'on peut tirer est que la population algérienne d'une manière générale et notre jeunesse d'une manière particulière (70% de la population) est capable de miracles pour peu qu'on lui tienne un discours de vérité grâce à une nouvelle communication et une gouvernance rénovée, permettant une mobilisation citoyenne, condition pour le développement de l'Algérie, cette jeunesse dynamique bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures. Car, le véritable patriotisme se mesurera à l'avenir par la contribution de chaque algérien à l'accroissement de sa participation à la valeur ajoutée nationale et aux gouvernants une moralité sans faille. En fait, la population algérienne à travers cette mobilisation demande plus de liberté, plus de justice sociale récompensant le travail et l'intelligence et non les rentes en contrepartie de soumissions de clientèles, en un mot un Etat de droit et la démocratie sans renier ses valeurs culturelles. Face à des mesures autoritaires bureaucratiques centralisées sans adhésion et concertation, la faiblesse de contrepoids politiques et économiques, la société enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner expliquant la dominance de la sphère informelle dans la majorité des segments de la société, économique, politique, social et culturel. Or, seuls le dialogue permanent, le respect du contrat gouvernants/gouvernés, la réorientation de la politique socio-économique conciliant l'efficacité économique et une profonde justice sociale, évitant ce manque de cohérence et de visibilité permettent le dépassement du statu quo et résoudre la crise multidimensionnelle. Aussi, il y a urgence de solutionner la crise économique , sur la base d'un dialogue productif afin d'éviter la déflagration sociale de ce qu'aucun patriote ne souhaite. Les derniers évènements et mesures biaisées montrent clairement que certains segments des pouvoirs publics (central et local), du fait de l'ancienne culture bureaucratique et administrative, n'ont pas une appréhension claire de l'essence de la crise actuelle. La lutte contre la corruption implique un véritable Etat de Droit et une nouvelle gouvernance si l'on veut la combattre efficacement alors qu'elle constitue le plus grand danger, pire que le terrorisme qu'a connu l'Algérie entre 1990/2000. Comme j'ai eu à l'affirmer dans plusieurs interventions nationales et internationales, le temps perdu en économie ne se rattrape jamais, le statu quo conduisant inévitablement à l'épuisement des réserves de change et à de vives tensions sociales et donc sécuritaires. Notre jeunesse a montré une maturité sans faille, devant aller vers un climat apaisé avec des concessions de part et d'autre afin de dépasser l'entropie actuelle. Le dialogue productif, au profit exclusif de l'Algérie, assorti à une profonde réorientation de la politique socio-économique, tout projet étant forcément porté par des forces sociales, impliquant restructuration des partis et de la société civile sur la base de nouveaux réseaux, est la seule voie de sortie de la crise actuelle. En conclusion, au vu des réalisations notamment de notre équipe nationale de football, je ne suis pas pessimiste vis-à-vis de l'avenir de l'Algérie éternelle, gardant l'espoir d'un renouveau de la gouvernance . L'Algérie a besoin qu'un regard critique et juste soit posé sur sa situation, sur ce qui a déjà été accompli de 1963 à octobre 2025, et de ce qu'il s'agit d'accomplir encore au profit exclusif d'une patrie qui a besoin de se retrouver et de réunir tous ses enfants, en respectant les différentes sensibilités, autour d'un même projet, d'une même ambition et d'une même espérance ; le développement économique et social de l'Algérie. Abderrahmane Mebtoul Professeur des Universités