La bataille de Chouabir (3-4 octobre 1956), l'une des plus violentes livrées dans le sud-ouest algérien par les Moudjahidine contre les forces coloniales, a infligé la première grosse défaite à l'armée coloniale française dans cette partie du pays. «La bataille de Chouabir a constitué un tournant dans le cours de la révolution, démontrant que la foi en une cause juste et l'organisation unifiée des Moudjahidine est un facteur essentiel à même de faire pencher le rapport de forces, en dépit de la disparité flagrante en moyens et en armements», a affirmé le chercheur en histoire, Aïssa Boulegroune, doyen de la faculté des sciences humaines et sociales à l'université «Amar Thelidji» de Laghouat. Le Moudjahid Mohamed Bouziani, membre du secrétariat de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM) de la wilaya de Laghouat, raconte que quelques heures avant le déclenchement de la bataille de Chouabir, une embuscade avait été dressée dans la zone d'El-Khotifa, nord d'El-Ghicha, par la section conduite par le Moudjahid Laamari Mohamed, causant de lourdes pertes, humaines et matérielles, aux forces coloniales. Et d'ajouter que «ce revers a secoué les forces coloniales et a semé la panique au sein de sa soldatesque qui a procédé, en représailles, à la mobilisation d'un important convoi militaire, composé au départ de 16 camions, sous la couverture de quatre (4) avions de chasse, et qui sera surpris par des groupes de Moudjahidine qui se dirigeaient vers la zone d'Aflou pour aller desserrer le siège imposé à la région d'El-Bayadh et préparer la libération de prison de centaines de détenus». Evoquant l'épopée de Chouabir, Dr. Khaled Charef, enseignant d'histoire à l'université de Laghouat, a indiqué que les moudjahidine s'étaient scindés en quatre katibate (sections), sous la conduite de Moulay Abdallah, pour se positionner sur huit (8) kilomètres dans la région de Chouabir, afin de surprendre à son passage le convoi militaire français qui a ensuite reçu d'importants renforts. Le convoi militaire ennemi ayant subitement observé une halte tout près du positionnement des Moudjahidine, ces derniers ont ouverts sur eux un feu nourri qui s'est poursuivi jusqu'à une heure tardive de la nuit, causant, en dépit des inégalités des forces, d'importantes pertes parmi les forces coloniales, à savoir plus de 1375 morts et de 500 blessés, la destruction de près de 90 camions et engins militaires, alors que 25 martyrs ont été déplorés, dont 14 moudjahidine et 11 civils sans défense. Qualifiée par les historiens de «Mère des batailles dans le Djebel Amour», cette épopée, dont l'écho est aussitôt parvenu au commandement de l'ALN, à sa tête le colonel Lotfi, qui a instruit les sections à reprendre leurs positions, estimant que la confrontation a confirmé, une fois de plus, la fragilité des forces de l'ennemi face à la détermination des algériens à arracher leur indépendance. «Cette opération a constitué un message clair que la révolution est capable de déstabiliser les armées les plus puissantes et que la liberté de l'Algérie n'était qu'une question de temps et de volonté», a souligné M. Charef. Cette date phare de l'histoire de la guerre de libération nationale a été commémorée ce jour à travers une cérémonie de recueillement des autorités locales devant la stèle commémorative et de levée des couleurs nationales à la mémoire des glorieux chouhada. L'occasion a donné lieu également à une cérémonie au cours de laquelle ont été honorés des Moudjahidine de la région et des veuves de Chouhada, en signe de fidélité au serment des martyrs et d'imprégnation des jeunes générations de l'histoire de la lutte de libération nationale. n